From February 15 to March 5, 2011, MainLine invites audiences to step right up, lay their money down, and put themselves in the hands of Blind Luck. A spin of the wheel of fortune will determine how the tale is spun: scenes will be played in random order every night. Everyone's a winner!
SEXY DIRTY BLOODY SCARY is a sordid film noir tale of murder and betrayal, tight spots and loose women, fixed games and broken dreams. A red-and-black underworld where everyone's a loser.
Du 15 février au 5 mars 2011, le MainLine Theatre vous invite à miser le tout pour le tout et à vous livrer en aveugle au destin. La roue de fortune du maître de jeu, Blind Luck, décidera de la tournure des événements (les scènes seront jouées selon un ordre aléatoire).
SEXY DIRTY BLOODY SCARY est un film noir sordide de meurtre et de trahison, de femmes fatales et de destinées pipées. Un monde interlope en rouge et noir où tout le monde est loser.
Musical Direction by Nick Carpenter
Costume Design: Sabrina Miller
Lighting Design: David-Alexandre Chabot
Ticket 23$
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Une production MainLine Theatre
par David Lefebvre
Une quinzaine d’années après avoir été présenté en tournée au Canada, le texte de Chris Brophy, Sexy Dirty Bloody Scary, fait un retour remarqué à Montréal dans une version totalement pulp et viscérale.
Quoique la « compréhension » de l’histoire soit laissée à la discrétion des spectateurs, disons simplement que ce récit noir et sordide, s’inspirant des personnages de Jim Thompson, du Rocky Horror Picture Show et de l’imagination de Quentin Tarantino (monologues inclus), raconte les aventures d’un marin, d’une meurtrière sexy et d’un couple qui désire la mort de l’autre. Bref, jeux, violence, sexe, et humour noir sont à l’honneur.
Après avoir demandé les droits à l’auteur, le metteur en scène Jeremy Hechtman a reçu un courriel de Brophy, qui vit maintenant au Maryland, lui permettant d’utiliser le texte, avec quelques idées boni : la possibilité d’avoir une distribution plus imposante que la version originale (Brophy jouait à l’époque tous les personnages avec sa femme, la comédienne Johnna Schmidt), l’introduction d’une personne de forte taille, le droit de lancer divers objets lors de la représentation, etc. Si certaines demandes sont retenues, comme la présence d’un musicien live (l’excellent pianiste Nick Carpenter), d’autres ont été mises de côté, à notre « grande déception » (qu’un comédien sorte, nu, dehors, se roule dans la neige pour revenir juste au bon moment dans sa scène).
Présentées chronologiquement à l’époque, les vingt scènes sont ici tirées au sort – comme le souhaitait au départ l’auteur – grâce à une roue de fortune (quand elle décide de fonctionner). Le spectacle peut donc durer 15 minutes comme près d’une heure 40, et l’entracte peut arriver à l’improviste. Si l’idée, sans être d’une originalité à tout casser, reste fort intéressante, offrant un superbe défi pour les acteurs, elle peut aussi créer un effet de redondance et altérer le rythme ainsi que l’effet de surprise de la pièce, si les scènes sont toutes jouées. Surtout que certaines, très courtes ou n’amenant que peu de chair à l’intrigue, ne sont pas essentielles au déroulement de l’histoire ou à sa compréhension.
En fait, le grand plaisir et le succès de ce pulp fiction résident dans la mise en scène et le ton imposé par Hechtman. À mi-chemin entre le cabaret, le film noir et le burlesque, Sexy Dirty Bloody Scary nous surprend totalement, grâce au jeu effervescent, ou « over the top » (comme le spécifie le maître de la roue, Patrick Goddard, lors de la première scène) des comédiens. On n’hésite pas à porter des coups, lâcher violemment les accessoires, fouetter à la ceinture : rien n’est réprimé ou retenu, au plaisir parfois sadomasochiste du public. On ne s’empêtre pas des conventions théâtrales, laissant plutôt place à une imagination débridée : les comédiens s’occupent du bruitage, se permettent des commentaires, font fi parfois de la réalité pour plonger dans un monde violent, absurde, mais toujours drôle et respectant l’univers très particulier créé par Hechtman et sa troupe.
Patrick Charron et George Bekiaris interprètent avec aisance et un certain sens du grotesque les principaux personnages masculins de l’histoire. Patrick Goddard excelle dans quelques rôles de soutien et dans les habits de Blind Luck, le maître de cérémonie, poussant la note à plusieurs reprises de façon impeccable. Mentionnons, pour l’occasion, la très sentie Ol’ 55, de Tom Waits. Catherine Lemieux est brillante en Blonde et Lizzie, proposant au passage l’un des meilleurs moments du spectacle dans le rôle d’un Commodore de la Navy, à l’accent savoureux et à l’autorité exemplaire. La sulfureuse Joanne Sarazen charme et coupe les gorges de ses victimes avec un malin plaisir, sous les traits de la dangereuse Tre, et la très burlesque et sexy Jo Joffre, en assistante de Blind Luck, complète la distribution.
Brutal, spectaculaire, proposant un langage cru et grossier, Sexy Dirty Bloody Scary est un feu roulant qui procure un plaisir qu’il serait péché de bouder. Comme les comédiens s’amusent avec le public, plus la salle est remplie, plus l’exaltation est au rendez-vous. Allez-y nombreux!