Une nuit, sur l'accotement de la 20 près du Madrid, deux hommes en déroute marchent vers les funérailles de René Lévesque et se souviennent. Dans un modeste logement, un intellectuel désargenté mesure la valeur de son travail, de même que son inutilité. Dans un bar de Timmins, un poète alcoolique rencontre un indien ivre mort qui lui offre une bière sachant qu'il n'a que 16 cennes à la banque. Près de lui, une femme confesse avoir déjà été nommée la plus belle femme sur la planète mais elle ne se rappelle plus sur quelle planète.
Après sa mise en scène du spectacle Le Boss est mort d'Yvon Deschamps, qui sera repris cette saison en tournée partout au Québec, Dominic Champagne poursuit, avec la complicité de comédiens inspirés et de musiciens en spirale, une exploration intime, en paroles et musique, des personnages de ce vieux Canada français qui n'en finit pas de survivre à lui-même.
Tout ça m'assassine un spectacle à la rencontre de trois paroles, perdues dans la brume ou noyées dans l'alcool, où se mêlent et s'emmêlent théâtre, poésie, musique, un peu d'angoisse et de liberté...
Concepteurs Michel Crête, Ludovic Bonnier, Étienne Boucher, Guillaume Cyr, Cédric Lord et Philippe Gendreau
Cinquième Salle PdA:
Prix régulier : 34,90$
Création du Théâtre Il va sans dire - Page Facebook de la pièce
par Cynthia Beauchemin
Le Théâtre Il va sans dire est une figure importante de l’univers théâtral québécois depuis plus de 25 ans. Ce lieu de création prolifique a donné naissance à des pièces marquantes telles que Cabaret Neiges Noires, Circus Minimus ou encore L’Odyssée d’après Homère.
Tout ça m’assassine est une création collective regroupant trois courtes pièces de Dominic Champagne, Pierre Lefebvre et Patrice Desbiens, mises en scène par Dominic Champagne. À la fois théâtre, poésie et musique, cette création parle de liberté, d’identité québécoise et d’angoisse face à l’avenir.
Avec Confessions d’un cassé (texte de Pierre Lefebvre), un intellectuel, interprété par Alexis Martin, se questionne sur l’inutilité de son travail. Son discours, empreint de cynisme, retrace les différents boulots à salaire minimum qu’il a occupés durant sa vie tout en écorchant au passage notre société axée sur la consommation et la performance.
La déroute (texte de Dominic Champagne) suit deux amis, Antoine Bertrand et Mario Saint-Amand, dans leur périple entre Montréal et Québec, en route (à pied!) pour les funérailles de René Lévesque. Cette longue marche se prête bien à l’évocation de l’histoire du Québec, histoire semée d’espoirs souvent déçus, mais toujours renouvelés.
À travers ces deux pièces, Sylvain Marcel et Julie Castonguay donnent vie à la poésie de Patrice Desbiens.
Avec sa mise en scène impeccable et des acteurs plus vrais que nature, Tout ça m’assassine est une pièce forte, qui réussit l’exploit de ne jamais être moralisatrice malgré un texte fortement engagé. Ponctué de moments cocasses, ce texte nous amène à réfléchir sur l’avenir du Québec, sur notre tendance à délaisser le bien de la collectivité au profit de notre individualisme. Malgré un portrait plutôt sombre de notre avenir, la pièce nous laisse tout de même une lueur d’espoir en nous rappelant qu’à travers notre histoire, nous avons toujours su nous relever et revenir plus fort après chaque coup dur.