Dans cette exploration de l’univers fantasque, du célèbre chanteur, la sensualité, l’irrévérence et la musique feront un ménage à trois des plus délirants. Dans une atmosphère de cabaret des années 1960, où flottent fumée de cigarettes et vapeurs de bourbon, cette ode à la sensualité et aux excès soutirera l’essence des chansons de Gainsbourg. Tantôt sensuelle, tantôt presque clownesque et plus souvent poétique, la marionnette occupera cet espace onirique et donnera aux créateurs des possibilités d’éclatement du corps, de prise de possession de l’espace et d’expression presque sans limites.
Section vidéo
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Collaboration à la mise en scène : Véronique Côté
Consultant en scénographie : Christian Fontaine
Éclairages : Projetblanc / Laurent Routhier
Co-concepteurs des marionnettes et des accessoires : Pierre Robitaille et Vano Hotton
Costumes : Huguette Lauzé
Concepteur multimédia : Lionel Arnould
Direction musicale : Martien Bélanger
Arrangements musicaux : Les musiciens interprètes
Direction technique : Luc Vallée
Sonorisation : Patrick Paquet
Régie Plateau : Roger Jacob
Direction de tournée : Jo-Anne Sanche
Cinquième salle : Prix 30 ans et moins : 20,19 $ (présentation d’une preuve d’âge exigée à l’entrée)
Création du Pupulus Mordicus
Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord
12004, boulevard Rolland
514 328-4000 p 5640
Cinquième Salle de la Place des Arts
175, rue Ste-Catherine Ouest
Billetterie : 514 842-2112 ou sans frais au 1 866 842-2112
par David Lefebvre (voir plus bas pour critique de Yohan Marcotte, 2010)
Après trois laboratoire et une quinzaine de soirées encensées au Théâtre Périscope de Québec, suivi de quelques prestations en province dont une, très remarquée, au Théâtre Outremont lors des Trois jours de Casteliers au printemps dernier, le Théâtre Pupulus Mordicus pose ses pénates et ses gitanes au cœur de l’intime Cinquième Salle de la Place des Arts pour huit petites représentations du sensuel, drôle et fantastique Cabaret Gainsbourg.
Jumelant musique «live» et marionnettes, le Pupulus Mordicus frappe très fort grâce à ses interprétations et ses adaptations de plus d’une quinzaine de chansons du large répertoire jazzé de l’homme à la tête de chou. Et pas des plus connues : entre les Angoisse, La femme des uns sur le corps des autres et La fille au rasoir, le metteur en scène Martin Genest s’amuse à nous faire découvrir les compositions du grand Serge, sommairement tirées de la compilation Du jazz dans le ravin, grâce à un house band musclé et solide, une chanteuse en voix et tout en corps et une mise en scène amusante, baroque et adaptée, bien entendu, à chaque air. Si certaines scènes sont d’une hilarante et délicieuse grivoiserie – comment rester de marbre devant une mignonne petite poupée qui déguste des champignons et qui chevauche des hommes-végétaux à tête de phallus bien érigé, champions de claquettes, sur les notes de Les Sucettes –, d’autres offrent de jolis moments de poésie. Alors que La chanson de Maglia oppose un homme et une femme devant quelques miroirs flottants (vous êtes bien belle, et je suis bien laid…), Intoxicated Man fait apparaître les cafards et les insectes hallucinés d’un homme ivre, de plus en plus pris au piège de la toile de la dépendance.
Certains tableaux sont particulièrement réussis : sur Angoisse, la toute première pièce, Pierre Robitaille manie le pinceau d’une rapidité et d’une dextérité exemplaires, dessinant sur une immense toile le profil de Gainsbourg en deux minuscules minutes, pour ensuite balafrer son œuvre éphémère, démontrant ainsi les débuts de l’enfant terrible alors qu’il passe des arts visuels à la musique. Du jazz dans le ravin fait apparaitre une voiture, montée rapidement à l’aide de quelques valises, un carrosse et deux chaises, et met en scène une ballade qui se termine mal ; La fille au rasoir déborde de sensualité alors qu’une marionnette à l’effigie de Gainsbarre chante entre les magnifiques jambes de Valérie Laroche, couchée sur un tourne-disque géant. Sur Les femmes c’est du chinois, on ouvre le crâne du pianiste pour en extraire une petite marionnette dont les pieds s’attachent aux mains du musicien : un numéro étonnant de simplicité, de complexité et de complicité. 69 année érotique nous plonge dans un splendide ballet sous-marin aux multiples poissons tirant leurs couleurs fluorescentes des dizaines de «blacklights» et qui se promènent parmi la foule. Le poinçonneur des lilas, qui clôt admirablement bien la représentation, réunit en toute simplicité la troupe en avant-plan, Gainsbourg inclus, grandeur nature, poussant la chansonnette accompagnée par un banjo.
Le spectacle, qui ne dure qu’une soixantaine de minutes et des volutes, maintient un rythme précis, sans temps mort. À aucun moment on ne s’ennuie, s’émerveillant devant chaque tableau. La conception des marionnettes, à tige, au corps ou à gaine, est admirable. Matthieu Girard, Stéphane Caron, Mathieu Doyon et Patrick Ouellet (portant souvent des masques à l’effigie de Gainsbourg) assurent véritablement aux manipulations et derrière leurs instruments respectifs, et Valérie Laroche joue de ses charmes les plus aguichants, alors qu’elle se change sur scène au son de Quand tu t’y mets, qu’elle danse avec une marionnette à bras le corps ou qu’elle chante, se trémoussant parmi les spectateurs.
Malgré quelques problèmes techniques lors de la première, spécifiquement de son et de projection vidéo rendant pratiquement illisibles certaines images et plusieurs titres, Cabaret Gainsbourg est un irrésistible spectacle hybride qui séduit à tout coup, et duquel on en redemande, encore et encore.
notes de David Lefebvre, 6 mars 2011, suivi de la critique de 2010 de Yohan Marcotte
Voici possiblement mon plus grand coup de coeur de l'édition 2011 des Casteliers, du moins jusqu'ici. Quelle excellente idée de la part du festival d'avoir invité Pupulus Mordicus à présenter ce spectacle à Montréal! Lors de la création en 2010 au Périscope à Québec, notre ancien collègue Yohan Marcotte avait rédigé une critique très juste que je partage en tout point de vue. J'ajouterai par contre ceci à ses mots.
Parmi les coups les plus marquants de la soirée, en plus de ceux soulevés par mon collègue, notons le jeu de la comédienne, chanteuse et manipulatrice Valérie Laroche, toujours teinté de séduction, de sex appeal et d'érotisme. Le numéro sur la chanson « La fille au rasoir », avec une marionnette à l'effigie de Gainsbourg qui lui caresse les jambes nus, couchée sur une plate-forme imitant un tourne-disque, ou alors, ses changements de costumes, terriblement sexy, en sont d'excellents exemples. « Les femmes c'est du chinois » propose un savant numéro de manipulation où les doigts du pianiste contrôlent les pieds de la femme poupée. Superbe. La performance des musiciens et des chanteurs est sans contredit terriblement solide. Un plaisir immense pour les oreilles.
Si vous avez raté le spectacle, la troupe sera de retour du 1er au 10 décembre 2011 à la Cinquième salle de la Place des Arts. Ne ratez pas cette occassion.
par Yohan Marcotte
Gainsbourg s'est éteint il y a de celà 20 ans, mais sa musique n'a pas fini de faire vibrer les fibres de nos chairs. La troupe Pupulus Mordicus rend hommage au célèbre séducteur à la tête de chou et propose une soirée où on découvre et redécouvre son large répertoire. Ceux et celles qui s'attendent à n'écouter que ses plus grands succès risquent d'être déçus. Bien sûr, on en compte dans le nombre, mais le choix des titres vient davantage du potentiel théâtral des textes des chansons que l'on pouvait le plus aisément adapter sur scène que de leur popularité.
Les comédiens et musiciens se montrent tous de très bons interprètes de l'œuvre de Gainsbourg. Parfois on imite ce cher fumeur de gitane, parfois on trafique ses chansons, mais on s'exécute toujours dans le respect et en symbiose avec l'imaginaire du chanteur. Il y a même une chanson qu'Anne-Marie Olivier (dramaturgie) et Martien Bélanger (arrangements musicaux) ont composée dans ce cabaret qui est si fidèle à Gainsbourg et à ses jeux avec la langue française que ce dernier aurait probablement aimé l'avoir écrite.
Si la mise en scène de Martin Genest est très imaginative, les numéros sont inégaux. Parmi les bons coups, Les sucettes nous transporte dans un monde surréaliste où des plantes à forme phallique dansent la claquette et 69 année érotique présente des créatures du fond marin qui se révèlent d'une sensualité insoupçonnée.
Il serait fâcheux de passer sous silence la contribution des marionnettes de Pierre Robitaille qui vient donner l'esthétique fantastique au cabaret. De plus, le manipulateur ne s'en tient pas à des marionnettes, il anime toutes sortes d'objets, mais un coup de cœur va à la séquence du clavier qui devient piano et qui servira de « nid » au petit Serge.
Un spectacle d'un peu plus d'une heure qu'on ne pourrait accuser de traîner en longueur. On en aurait souhaité davantage : pour un deuxième set au moins... À ne pas manquer pour les inconditionnels, mais aussi pour ceux et celles qui souhaitent s'initier à la musique de ce personnage plus grand que nature.