J'aime beaucoup ce que vous faitesMise en scène de Mathieu Marleau
Avec Sarah Gravel, Jessie Chamberland, Stéfan Lamoureux et Lionel Reynaud
Marie et Pierre vont rendre visite à Carole et Charles qui ont déménagé à la campagne depuis quelques temps. La route étant longue, la discussion bifurque sur quelques critiques et préjugés envers leurs amis. Qui n'a pas déjà dit du mal de ses amis?
Mais le cellulaire de Pierre est resté allumé et Carole et Charles ont tout entendu de la conversation, sans que ni Pierre ni Marie n'en ait conscience.
Cette fin de semaine va donc être l'occasion d'un étrange jeu entre des hôtes qui « savent » et des invités qui ignorent, un jeu de dupes et de faux-semblant teinté de vengeance.
Scénographie Sylvain Ratelle
Billets: régulier 23$ enfants 13 ans et moins 13$
par Olivier Dumas
Crédit photo : Patrice Tremblay
Ces jours-ci, la compagnie Les Productions Losange propose à la Balustrade du Monument-National une petite comédie française, J’aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep. Malgré la légèreté du texte et une enfilade de clichés et une surabondance de lieux communs, le public s’amuse et prend son pied.
Le succès de la pièce dans l’Hexagone a même entraîné une adaptation pour le grand écran connu sous le nom de Meilleurs amis du monde, réalisée par Julien Rambaldi. Pour le public québécois, les réalisations artistiques de Greep demeurent probablement inconnues. Avec J’aime beaucoup…, la dramaturge reprend le schéma classique de la comédie de situation. Disons que son univers s’apparente davantage au théâtre d’été qu’à la finesse des travers humains d’un Molière.
Le canevas rappelle beaucoup celui d’une autre pièce comique qui s’intitule Surprise surprise, œuvre mineure du corpus de Michel Tremblay. Carole et Charles, un couple de la campagne, attendent leurs invités pour la fin de semaine, soit Pierre et Marie, un couple d’amis « branchés » de la ville. Durant le long trajet, Pierre oublie de raccrocher son cellulaire après un message laissé sur la boîte vocale, ce qui permet à leurs hôtes d’entendre tout ce qu’ils pensent véritablement d’eux. Pendant les soixante-dix minutes chrono de la représentation s’ensuit un marathon de répliques plus cinglantes les unes que les autres. Dans un jeu de faux-semblants, éclatent les vengeances, vacheries et demi-vérités.
La pièce s’amuse des antagonismes si populaires en humour. Le couple d’hôtes privilégie un cadre de vie proche de la simplicité volontaire. Sur le comptoir de la cuisine, trône bien en évidence un exemplaire de la revue L’Actualité avec en couverture Amir Khadir, figure populaire d’une certaine gauche québécoise. Charles peine à écrire des scénarios qui aboutissement souvent dans les fonds de tiroirs. Pour préserver ses prétentions de pureté artistique, il refuse toute commande dite alimentaire. Par contre, leurs invités ne jurent que par les apparences, le succès et le GPS. Pierre profite de nombreux tournois de golf pour parfaire son ascension sociale. Il ne consomme que de la nourriture en poudre pour ne pas engraisser d’un demi-kilo. Avec sa protubérante poitrine, sa blonde Marie ne se préoccupe également que de ses nombreux « liftings », de ses bronzages et de ses achats d’objets de luxe dans les pays sous-développés.
Une histoire aussi prévisible ne révèle évidemment rien de nouveau sous le soleil. Pourtant, certaines réparties déclenchent plusieurs fous rires par leur contenu acidulé. L’une des scènes les plus hilarantes demeure celle où Pierre tente de raconter l’histoire d'un scénario de Charles qu’il n’a pas lu. Les artistes se payent la traite dans un enchaînement de mensonges qui rappelle un peu l’ombre des succulents monologues de Réjean de la sitcom télévisée La petite vie. On peut saluer au passage le quatuor d’acteurs qui s’en tire honorablement. Les deux comédiennes Sarah Gravel et Jessie Chamberland sont particulièrement drôles et talentueuses, entre autres, dans un réjouissant duel.
La mise en scène de Mathieu Marleau se révèle sympathique et en parfaite harmonie avec les rocambolesques péripéties. Avec J’aime beaucoup ce que vous faites, Les Productions Losanges ne proposent certes pas ni une œuvre mémorable, ni la découverte d’une auteure incontournable pour la scène québécoise, mais en leur compagnie, le temps passe vite devant ce divertissement cocasse.