KIDS raconte l'histoire de 8 orphelins, pendant les premiers jours de paix suivant la guerre qui a éclatée en Bosnie dans les années 1990. Apprendre à revivre normalement. Sans la guerre. Sans la peur qui gruge. Les kids préparent une parade pour que deux d'entre eux puissent s'enfuir, au bout de l'Europe. Ils apprennent à quitter la guerre comme on quitte l'enfance, dans cette nouvelle vie qui leur est encore inconnue. La guerre laisse ses traces, mais malgré tout, ces kids tentent de survivre grâce à leurs rêves, leur imagination.
Fabrice Melquiot est un auteur français qui a écrit plus d'une vingtaine de pièce depuis le début de sa carrière. Il a reçu le Prix Théâtre de l'Académie Française en 2008 pour l'ensemble de son oeuvre, dont font partie ces pièces les plus connues telle que ''Le diable en partage'', ''KIDS', ''Je rien Te Deum'', ''Marcia Hesse'' et ''Tasmanie''.
Le Théâtre du Baobab est une compagnie crée par deux jeunes artistes lors de l'été 2011, à leur sortie d'école. Prêts à affronter la vie professionnelle, ils ont bâtit leur compagnie avec la mission de privilégier les artistes de la relève dans tout leur projet. Depuis, ils travaillent sur plusieurs projets artistiques dont la commedia dell'arte ''La Magouille'' de Flaminio Scala (mise en scène de Frédéric Jeanrie pour le projet Théâtre au Parc), ainsi que les Soirées Barobab, qui sont des soirées évènements où l'on peut découvrir des artistes de tous genres. Ils auront également des projets tout au long de l'été. Avec KIDS, Thomas Duret signe sa première mise en scène avec la compagnie.
La compagnie s'engage à faire découvrir des textes inconnus du répertoire théâtrale, tout en faisant appel aux artistes de la relève, ces jeunes diplômés (ou non) de moins de 30 ans qui ne demandent qu'à faire leur preuve et à travailler. Histoire de laisser la chance à tout le monde de faire briller son talent. Ce n'est pas moins de 45 artistes qui auront eu l'occasion, pour la saison 2011-2012, de se faire voir sur les scènes montréalaise, tout projet confondus.
Cette pièce est la première production du Théâtre du Baobab, jeune compagnie favorisant les artistes de la relève.
Directrice de production, administrative et régie : Martine Gagnon
Scénographie et Costumes : Stéphanie Legault
Direction technique et conception des éclairages : Jean-Philippe Desmarais
Conception sonore : Fanny Lanthier
Graffiti : Julie-Christina Piché
Support visuel : Marie-Ève Joly
Prix régulier 15 $.
Une production Théâtre du Baobab
par Olivier Dumas
Comme première incursion professionnelle, la compagnie du Théâtre du Baobab a eu de la chance. Avec un joyau dans les mains, elle nous permet de faire connaissance avec Kids, de Fabrice Melquiot. Écrite en 2002 et probablement jamais présentée jusqu’à aujourd’hui au Québec, cette chronique touchante sur des adolescents orphelins lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine demeure d’une indéniable pertinence.
En 2007, on pouvait lire en introduction de la critique de montheatre.qc.ca du Diable en partage «que si vous ne connaissiez pas le nom du réputé auteur Fabrice Melquiot, cela ne saurait tarder». Cinq ans plus tard, malheureusement, seules quelques-unes de ses quarante œuvres ont été présentées sur les scènes montréalaises, dont le très apprécié monologue C’est ainsi mon amour que j’ai appris ma blessure.
En 90 minutes, la pièce Kids raconte le quotidien violent et fugace de huit orphelins, cinq garçons et trois filles, dans la ville de Sarajevo dévastée par la guerre, la violence et les bombes meurtrières, au début des années 1990. Pendant les premiers jours de paix qui servent de trame aux actions, ils doivent réapprendre à vivre normalement, à quitter les derniers soubresauts de l’enfance pour entrer dans les préoccupations de l’âge adulte tout en préservant l’espoir, le rêve et l’imagination.
Par cette création, les deux fondateurs du Théâtre du Baobab, Thomas Duret et Martine Gagnon, veulent privilégier les artistes de la relève et les textes inconnus du répertoire théâtral. Et celui de Melquiot demeure un morceau de choix. Sa langue poignante et ciselée se traduit dans ses répliques elliptiques pétries de douleurs et de révolte longtemps retenue qui menace d’exploser à tout moment. Ses personnages ne tombent jamais dans la caricature ou la composition infantilisante d’adolescents.
Le plateau de l’Espace 4001 demeure un endroit idéal pour recréer des univers en décrépitude. La troupe de jeunes comédiens et comédiennes sait communiquer cette énergie, cette rage de vivre dans une constante tension aux échos apocalyptiques. Les scènes oscillent entre les moments de tendresse, les amusantes camaraderies et un deuil en dénouement. Des échanges corporels plus rudes et plus physiques rendus se démarquent par leur traitement saisissant.
Le texte donne l’occasion à chacun des interprètes de se faire valoir. Par son propos et ses ambitions, Kids demeure principalement une expérience collective où l’être humain apprend à forger sa propre individualité dans le respect des différences et des divergences. Le jeu de ces jeunes prometteurs, qui en sont à leurs premiers pas dans le métier, témoigne d’une ferveur appréciable.
Par contre, certains choix artistiques plombent légèrement l’intérêt de cette mosaïque de destins enchevêtrés les uns dans les autres. La décision de parler « à la française » par souci de respect envers le contexte de création peut parfois se défendre, mais ne donne pas toujours des résultats concluants. D’autant plus que le texte est écrit presque toujours dans une langue compréhensible pour le public québécois à l’exception de quelques expressions locales. Durant les premières minutes de la représentation, un léger malaise fait craindre le pire, mais les acteurs deviennent progressivement plus naturels et plus émouvants, notamment durant le dernier quart d’heure. Le récit gagnerait également à être légèrement resserré. L’une des dernières scènes où l’un des personnages masculins hallucine sous un effet stroboscopique était visuellement frappante, mais n’apportait pas une démonstration éclairante au propos riche et foisonnant dans ses mots et sa poésie.
La mise en scène de Thomas Duret rend bien la fougue et la psyché de ces caractères en perpétuelle mouvance. La jeunesse décrite par Melquiot ressemble beaucoup à celle présente dans les rues et endroits publics du printemps érable. Cette effervescence s’exprime adéquatement par ses nombreux déplacements et par ses allées et venues entre la salle et l’extérieur du théâtre. Pour les spectateurs assidus, elle rappelle le travail de Martin Faucher pour la production Disparu(e)(s) de Frédéric Sonntag, à l’affiche du Prospero en mars dernier.
En quittant l’Espace 4001, on retient surtout des pistes encourageantes pour le Théâtre du Baobab. Comme baptême théâtral, une œuvre aussi percutante que Kids permet de reprendre contact avec l’une des voix les plus appréciées de la dramaturgie européenne, grâce à une distribution allumée qui inscrit sa démarche dans l’ère de son époque.