Tirée du livret de Joe Masteroff, Cabaret se déroule en Allemagne pendant les années trente, au temps où les nazis s'activent à mettre sur pied le Troisième Reich. Dans la boîte de nuit berlinoise Kit Kat Klub, on retrouve la chanteuse Sally Bowles et le Maître de cérémonie du club qui essaient, par leurs divertissements extravagants, de faire oublier aux visiteurs les difficultés de la vie et les menaces grandissantes du monde extérieur.
À Québec au Capitole en mars en avril 2013
À Montréal en mars 2013
À Gatineau au Lac-Leamy en avril 2013
1-877-977-7970
À Brossard à L'Étole Banque Nationale dès décembre 2013
450-676-1030
Coût d'entrée : 89,50$ / 79,50$/ 50,50$ au comptoir ; 94,85$ /84,85$ /55,85$ par téléphone, Internet (Admission)
Une production de Tandem.mu
par Geneviève Germain
Je dois l’avouer d’emblée, j’ai un faible pour tout ce qui est comédie musicale. En fait, tout spécialement quand la musique se joue devant soi. Ajoutez-y une histoire, une mise en scène et un peu de danse : me voilà comblée. J’appréhendais un peu ce spectacle comme une enfant qui a peur d’être terriblement déçue en ouvrant la grosse boîte de cadeau qui l’attend. Et pourtant. J’ai été amusée, surprise, émue, et tout ça dans la même soirée.
La réputation de Cabaret n’est plus à faire. Présenté sur les planches du mythique quartier Broadway depuis 1966, puis au cinéma en 1972, ce «musical» a déjà ravi bon nombre de spectateurs. Au Québec, Cabaret a pris l’affiche au Théâtre du Rideau Vert en 2004 avant de partir en tournée. Denise Filiatrault signe encore une fois la mise en scène de ce classique avec une toute nouvelle troupe d’acteurs.
Illustrant l’univers décadent et festif d’une boîte de nuit de Berlin au début des années 30, sur fond de politique alors que le parti nazi gagnait en popularité, la pièce raconte la relation singulière de Sally Bowles (Brigitte Boisjoli), danseuse au Kit Kat Klub, et de Cliff Bradshaw (Éric Paulus), jeune écrivain américain. En parallèle, on suit également l’histoire d’amour, pourtant vouée à l’échec, de l’Allemande Fraülein Schneider (Élizabeth Chouvalidzé) et de Herr Schultz (Yvan Benoit), d’origine juive.
D’entrée de jeu, on constate que le décor demeure assez simple. Un mur muni de trois portes et un deuxième étage où l’on peut observer les musiciens. En fait, ce sont plutôt des musiciennes, hormis le batteur, lesquelles sont munies de déshabillés et de porte-jarretelles et qui suivent le tempo non seulement en musique, mais aussi en se déhanchant, contribuant à la théâtralité de l’ensemble.
Arrive en scène Luc Guérin, en maître de cérémonie, ou M.-C., qui nous souhaite un «Wilkommen! Bienvenue! Welcome!» bien senti, donnant le ton au reste de la présentation. Sa prestance et le mélange de charisme et de mystère qu’il octroie à son personnage nous interpelle et nous donne réellement envie de visiter cette boîte de nuit. Quelques badinages au début nous laissent toutefois perplexes pour la suite, notamment les multiples références phalliques, mais le tout se résorbe et devient plus amusant que sexuel.
Le choix de Brigitte Boisjoli pour le rôle de Sally laisse songeur ; elle évoque peu le côté femme fatale et séducteur qu’on imagine pour ce personnage. Pourtant, sa voix quelque peu enfantine et son énergie contagieuse finissent par nous séduire et par octroyer à Sally un côté naïf et attachant. À ses côtés, Éric Paulus incarne un écrivain et amoureux crédible. Toutefois, c’est Élizabeth Chouvalidzé qui retient l’attention en véritable rayon de soleil. Elle émeut dans son interprétation d’une femme d’âge mur qui doit renoncer à l’amour, tout spécialement lorsqu’elle partage la scène avec le touchant Yvan Benoît. En les voyant valser autour du simple plaisir de donner et de recevoir un fruit, on demeure subjugués par leur candeur.
L’ensemble de la présentation et l’interprétation musicale talentueuse nous charment, d’abord par l’usage de mots allemands dans certaines interprétations, par l’accent résolument germanique du M.-C., par les danses aux déhanchements cadencés, par une répartie juste et appuyée des acteurs. Malgré l’ombre politique plutôt noire qui survole la fin de la pièce, on ressort le cœur léger et la tête pleine de mélodies.