Création Dans la chambre vous convie à vivre une expérience théâtrale hors du commun. Comme de la musique de chambre, le public pourra assister à du théâtre intime dans un salon privé pour 10 spectateurs seulement. L’expérience ne s’arrête pas là, car le spectacle est interprété par une distribution féminine ou une distribution masculine selon l'heure de la représentation. Mais la partition du spectacle, elle, reste la même.
Partagerez-vous l’intimité d’hommes ou de femmes ?
Ou aurez-vous l’audace et la curiosité de voir les deux ?
Un salon privé. Deux représentations par soir. Une distribution féminine. Une distribution masculine. Une seule partition.
Et l’intimité qui nous lie.
Jusqu’où sommes-nous prêt à aller pour exister aux yeux de l’autre? Quelles bassesses pour tenter d’apparaitre? Comment ne pas devenir invisible? Ou comment assumer son invisibilité et son individualité? Comment pouvoir se contenter de soi en évitant le narcissisme et l’isolement?
C’est le combat de deux personnages contre l’existence. Deux personnages qui veulent se combler par l’autre, qui séduiront jusqu’à se découper et n’être que poussière.
Création Dans la Chambre conçoit des objets théâtraux qui parlent du rapport à l’intime. Selon la compagnie, l’intimité est politique, elle détermine les rapports humains qui génèrent tout ce qui nous constitue et tout ce qui nous transporte.
Section vidéo
une vidéo disponible
par Pascale St-Onge
L'invitation donne le ton : une chambre privée dans le Mile-End, adresse donnée seulement au moment de la réservation et aucun moyen de savoir si vous aurez droit à la distribution féminine ou masculine. La compagnie Création dans la chambren'y va pas dans la simplicité et nous offre une oeuvre curieuse et énigmatique.
Dix spectateurs à la fois s'entassent dans la petite pièce aménagée pour l'occasion. Laissez vos bottes à l'entrée, détendez-vous, bref faites comme chez vous. Entrez dans le territoire de deux soeurs, ou deux frères, et devenez témoins de leur intimité, de leurs peurs et leurs secrets. Pour l’occasion, MonTheatre a assisté à la représentation des deux sœurs.
Dans une mise en scène où chaque détail devient poétique et où même le papier peint qui se décolle lentement du mur fait partie de l'esthétique recherchée, se révèlent à nous deux étranges personnages. Leur lien semble trop étroit ; leur monde singulier est décalé du nôtre et c'est exactement ce qui nous intrigue. On aurait pu se sentir de trop, c'est un risque en jouant avec l'intimité, mais notre curiosité prend le dessus et rapidement, on nous appelle par notre nom, on nous parle comme si nous étions des invités de grande importance.
Le texte et la mise en scène, signés par Félix-Antoine Boutin, auraient avantage à se nourrir d'autres créateurs, ou un œil extérieur, afin d'ouvrir un peu cet univers parfois difficilement accessible, malgré notre proximité physique. On ne saisit effectivement pas tout ce qui se passe tant il y a de codes, sans parler de la pensée des personnages qui tend à partir dans tous les sens. On peut être tenté de lâcher prise, de ne pas chercher à comprendre et plutôt se laisser saisir par la beauté qui émane des mots, des objets, des musiques ou du chic des deux soeurs (captivantes Marie-Line Archambault et Juliane Desrosiers-Lavoie). Leur façon de bouger, de parler et même de s'habiller semble trop belle, trop plastique et cache leur détresse tranquille qui se découvre au fil de la pièce. On tente de sauver les apparences, mais le mal est fait. Voilà que l'espace d’un moment, nous devenons indésirables, des intrus dans la maison de deux étranges femmes en quête de pouvoir sur l'autre. S'enchaînent alors les humiliations, les batailles, les confidences et les espoirs, et le public, impuissant, se demande ce qu'il fait là, mais sans vouloir décrocher son regard de la petite pièce.
Ce Théâtre de chambre no 1 est un objet insolite, une curiosité à laquelle on succombe tant elle est belle. Même si l'on nous signifie que la partition masculine serait la même, on imagine mal des ressemblances tant la dynamique doit être grandement affectée par une relation entre frères et tant la féminité des deux comédiennes marque la mise en scène. Il y aurait certainement un intérêt pour tout spectateur d'assister aux deux représentations de la soirée pour faire son propre bilan, puisque la comparaison est inévitable dans une telle formule. Message personnel est une forme d'intimité très intéressante à vivre, une expérience particulière empreinte d'un esthétisme charmant.