Captured on the Gold Coast and imprisoned in a cage, Redpeter’s only escape route is to become a walking, talking, spitting, hard-drinking member of the Peace Industry, the entrepreneurial world of mercenary soldiers - the single biggest growth industry of the 21st Century. In detailing the journey of his enforced evolution from apedom to humandom, Mr. Redpeter is a living embodiment of the irony that perhaps now he is more animal than he ever was as an ape.
Tuesday to Saturday at 8:00 pm
Sunday matinée at 2:00pm
Tickets: $17-$25, Infinithéâtre 6pack available
Production InfiniTheatre
par Véronique Voyer
Kafka’s ape & autres singeries humaines
Pour cette pièce, le Bain St-Michel se transforme en salle de réception d’un grand hôtel new-yorkais. Des actionnaires prêts à investir dans une société militaire privée attendent une allocution. Entre la rhétorique de mise pour acheter le public et les vidéos promotionnelles, un singe « civilisé » débarque sur scène avec sa femme et offre un monologue inspiré d’une nouvelle de Kafka.
Si le représentant de la Graywater Corporation a les traits d’un primate, il fait preuve d’un humour cynique typique d’un être humain. Capturé dans une jungle de l’Afrique de l’Est, Redpeter (Howard Rosenstein) a été privé de sa liberté pour la première fois de sa vie, dans la cage du bateau qui l’éloignait de sa terre natale. Limité dans ses déplacements, il tente d’échapper à cette situation en imitant l’équipage. Ainsi, il apprend à parler et se met à boire. Pour ne pas passer le reste de son existence dans une cage, le singe s’efforce de parfaire son imitation des humains qui l’entoure. En effet, l’homme-singe n’exprime aucun plaisir ni aucun désir de devenir complètement humain.
C’est ici que le monologue Kafka’s Ape commence à s’éloigner de la nouvelle de Kafka, Un rapport à l’académie. Le singe ne raconte pas son passé à une académie européenne, mais bien à des investisseurs américains. Dans une critique du capitalisme sous-entendu, il parle de la vue sur l’eau de son condo luxueux avant d’enchainer sur l’aliénation qui l’empêche de dormir la nuit, parfois. Travaillant pour une entreprise de services de sécurité et de défense, il a un gros salaire et le collier de diamants de sa femme (Alexandra Montagnese) en témoigne tout comme ses longs gants de satin et sa robe de soirée. Si cette dernière n’a pas appris le langage humain, elle lui est bien utile pour vaincre la solitude et l’insomnie, explique-t-il. À noter : cette figure de la femme présente, mais silencieuse, risque de grafigner votre fibre féministe.
Entre les singeries et la critique sociale, le jeu des acteurs est fascinant. Redpeter s’exprime avec la lucidité d’un homme d’affaires tout en bougeant avec l’agilité et la souplesse d’un primate. Idem pour sa femme ; la justesse de son jeu compense largement le peu de mots qu’elle prononce durant la représentation. Grâce à sa condition de singe, l’identité de Redpeter reste une performance, un acquis à renouveler sans cesse. Cet aspect pousse le spectateur à réfléchir sa propre identité ; innée ou acquise?