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Du 14 au 17 mars 2013, et du 21 au 24 mars 2013, 20h, dimanche 14h
PalacePalace of the End
Texte Judith Thompson
Mise en scène Rob Langford
Avec Sarah Marchand, Michael Findlay, Alexandra Valassis

Coinciding with the 10th anniversary of the invasion of Iraq, this gripping trio of monologues imagines the voices of three real-life figures who witness the unfolding disaster from very different times and places: A disgraced American soldier defending her actions as a prison guard at Abu Ghraib; a weapons inspector exposing the false case for war; and an Iraqi dissident who survived torture in Saddam’s brutal prisons. Award-winning Canadian playwright Judith Thompson evokes the cruelty, moral ambiguity and betrayal by the people in power preceding and following the invasion.


Ticket: 15$ - Sunday, March 17 at 2pm is 2-for-1 to encourage word of mouth

Waterworks Theatre Company


Espace 4001
4001, rue Berri
Tickets available with PayPal: waterworksmontreal.wordpress.com - cash only at the door
 
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 Critique
Critique

par Geneviève Germain

La mémoire est une faculté qui oublie. Il y a une dizaine d’années, le conflit en Irak meublait l’espace médiatique. On suivait cette guerre en tentant de se forger une opinion, en s’indignant des morts, en se questionnant sur les actions qui étaient entreprises par l’armée américaine et par les coalitions internationales. De loin, on devait se rabattre sur les informations glanées dans les journaux et sur l’internet. Puis, l’engouement médiatique s’est essoufflé et la mémoire de ce conflit s’est tranquillement estompée.

L’auteure Judith Thompson, avec sa pièce Palace of the End, ravive les souvenirs de la guerre en Irak avec les monologues de trois personnages s’inspirant de personnes ayant réellement vécu cette tragédie de l’intérieur. Le premier personnage, celui du soldat, découle du vécu de Lynnie England, militaire américaine à laquelle est attribuée la torture sexuelle des prisonniers d’Abu Ghraib. Le deuxième dépeint l’introspection du scientifique David Kelly, retrouvé mort après avoir déclaré à la presse qu’il ne croyait pas que l’Irak détenait d’armes biologiques de destruction massive. Enfin, le troisième personnage s’attache à l’histoire de Nehras Al-Saffarh, membre du parti communiste iraquien torturée par la police secrète de Saddam Hussein.

Dans un décor largement dépouillé, à peine meublé de deux chaises et de rares accessoires, le metteur en scène Rob Langford semble avoir choisi de laisser tout l’espace au récit. Les personnages prennent parole à tour de rôle dans cet espace sombre, s’adressant directement au public, partageant leur histoire, leurs réflexions et  leurs tourments. Le récit étonne, surprend et nous interpelle par une vérité dite parfois crûment, parfois avec un fond de remords et de regrets.

Les trois parties de la pièce évoluent en crescendo. On débute avec le soldat, incarnée par Sarah Marchand, laquelle expose sans pudeur les atrocités infligées aux prisonniers iraquiens. Son interprétation laisse perplexe, trop marquée par une voix parfois criarde et par une gestuelle caricaturale. On peine à croire au personnage, à saisir vraiment l’intensité qui est déjà portée par le simple texte. S’ensuit le monologue de Michael Findlay, dans la peau du Dr David Kelly, lequel arrive à dépeindre plus justement l’ambivalence des sentiments qui l’habitent, même si parfois ses réflexions trop appuyées détonnent. Puis, enfin, l’entrée en scène d’Alexandra Valassis, incarnant Nehras Al-Saffarh, nous réconcilie avec l’ensemble de la présentation. Son ton plus nuancé nous transmet l’ampleur de la peine vécue par son personnage. Elle réussit à émouvoir et même à transmettre un soupçon d’espoir malgré les propos plutôt noirs de la pièce.

Au final de ces trois récits, on demeure pensifs et quelque peu secoués par cette dure réalité qui a été vécue par des milliers de gens impliqués dans le conflit iraquien. Même si l’ensemble demeure inégal, la pièce Palace to the End réussit à imposer un temps de réflexion.

16-03-2013