Raoul est-il un roi ? Un type attablé au bistro ? L’un et l’autre. Robinson échoué sur une île, il affronte sa solitude, son double. Il fait aussi la rencontre d’un poisson géant, d’un scarabée métallique et d’une méduse à l’agonie, quelques-unes des créatures tirées d’un bestiaire fantastique, imaginé et réalisé par Victoria Chaplin. Dans son délire vaguement schizophrénique, Raoul/James se bat avec ses propres armes : un extraordinaire don d’acrobate, d’acteur et de danseur, ainsi qu’une poésie désarmante.
Star incontestée en Europe et aux États-Unis, l’artiste multidisciplinaire James Thiérrée vient offrir Raoul, sa dernière création et son premier spectacle solo, où il incarne un personnage de théâtre et révèle ses talents innés de danseur. Aventure onirique doublée d’un périple initiatique, le spectacle a été ovationné par le public et encensé par la critique en Belgique, en France et en Angleterre, notamment au Théâtre de la Ville à Paris et au Barbican Theatre à Londres.
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Costumes Bestiaire Victoria Chaplin
Son Thomas Delot
Éclairages Jérôme Sabre
4,5,11,12 sept: 19h30 7,8,13 sept:20h00 9 sept: 15h00
Tarif(s) :
Adultes parterre : 65.00 $
Adultes catégorie 1 : 55.00 $
Adultes catégorie 2 : 45.00 $
Membres 3 : 41.00 $
95 minutes sans entracte
Une production de la Compagnie du Hanneton
Dates antérieures
Du 20 au 28 octobre 2010, La Tohu
par David Lefebvre (2010)
Seuls ensemble
Rires, émotions, ébahissement. Ces quelques mots, trop simples, arrivent à peine à décrire l’état de grâce dans lequel est plongé le public lors de Raoul, la plus récente création du comédien, metteur en scène, danseur et acrobate suisse James Thierrée. Spectacle multidisciplinaire, Raoul est un véritable tour de force, réunissant pour ainsi dire toutes les disciplines scéniques possibles. Danse, acrobatie, jeu, musique, manipulation, pantomime ; l’homme, qui semble détenir tous les talents, s’exécute devant nos yeux grands ouverts avec une virtuosité qui frôle, sinon atteint la perfection.
Si Raoul est d’abord le personnage central du spectacle, il est aussi cet être que l’on nomme « soi ». Dans cette quête initiatique, il affronte d’abord son double, qui secoue son monde de solitude. Peur, rage, curiosité, puis regard de l’autre, soit ici l’assistance, qui entre dans le jeu de l’homme. Dévastation, découvertes, libération : Raoul se détache, plane et dérive enfin au-dessus de tout.
L’univers de Raoul est surréaliste, délirant, onirique. Sa maison est faite de grandes barres de fer qui tombent les unes après les autres. La bicoque communique avec Raoul par soubresauts, il lui répond par tout son corps qui tressaille. D’étranges créatures viennent lui rendre visite, dont un poisson géant, une magnifique méduse et un éléphant blanc, d’une stupéfiante légèreté. Lui-même prendra quelques traits animaliers, se transformant en cheval alors qu’il n’arrive plus à marcher, ou prenant des airs de gorille devant un violon intrigant.
Les moments d’enchantement et d’émotions côtoient plusieurs scènes à l'humour clownesque, plus savoureuses les unes que les autres, rappelant au passage son célèbre aïeul dont il semble avoir hérité talent et techniques. Si simplement bouger, courir, lutter, se coucher dans un fauteuil, s’accouder, ou lire lui semble laborieux, ses tentatives déclenchent incontestablement le rire d’un public conquis et charmé. Sans aucune parole, mis à part ce cri rauque qui clame le nom de Raoul de temps à autre, James Thierrée en met plein la vue, grâce, entre autres, à une extraordinaire maîtrise de son corps. Il nous déconcerte, en apparaissant là où on ne l’attend pas. Il nous stupéfait, en bougeant au ralenti ou simplement en rebondissant au sol. Thierrée capte dès les premières secondes l’attention de chaque spectateur, qui ne peut – ou qui n’ose – regarder ailleurs.
Malgré la grande simplicité qui se dégage du décor, celui-ci s’avère être une imposante machinerie. De gigantesques voilures, qui recouvrent et cachent la scène, se soulèvent soudainement pour se placer derrière ; la maison de fortune s’éventre et tombe en ruines, puis disparaît complètement. Les éclairages font aussi partie du décor et de l’histoire : Raoul, après une électrocution, se transforme en dynamo humaine et manipule à sa guise la lumière, qu’il déploie ou emprisonne dans sa main - superbe scène. Et la musique, toujours présente, n’est autre qu’un personnage essentiel du récit de Raoul, avec lequel il s’amuse durant toute la représentation.
Raoul est un ravissement à tous les égards et d’une attendrissante poésie visuelle. C’est aussi une rencontre majestueuse avec un artiste hors du commun. Le spectacle ne s’arrête qu’à deux endroits en Amérique du Nord : à New York et à la Tohu. Une chance unique à saisir, ne la ratez pas.