Le contrebassiste Smytchkov part en quête de sa femme infidèle. Il est prêt à tout pour la garder, allant même jusqu’à la cacher dans l’étui de sa contrebasse...
Grandeur et désespoir d'un amour qui rend fou, raconté avec candeur, passion et un humour à la fois cinglant et attendrissant.
Ce spectacle solo écrit par Pierre-Yves Lemieux est inspiré d’un conte de Tchekhov, Le roman de la contrebasse. Créé par le Théâtre de l’Opsis en 2000, la version italienne de la pièce sera créée en Vénitie en février 2013 avant de s’installer à la Casa d’Italia pour 8 représentations en sol montréalais.
Quatre frères et soeurs gèrent l’hôtel familial perché dans la montagne, entouré de forêt et de silence. Demain, une nouvelle saison de ski apportera son lot de touristes. L’urgence des derniers préparatifs remue l’angoisse, le vide existentiel et les vieilles rancunes de cette famille atypique.
Les auteurs de la pièce, qui ont eux-mêmes grandi les montagnes de Vénitie, ont puisé allègrement dans leurs propres souvenirs pour alimenter cette fable étrange et tragique, qui montre l’envers de la carte postale.
Ce texte, présenté plusieurs fois en Italie, fera l’objet d’un laboratoire de création dans lequel la metteure en scène dirigera une équipe de comédiens québécois.
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Éclairages et musique: Roberto Di Fresco
Direction de production: David Trottier
Signor Smytchkov : 4-5 avril 20h, 6-7 avril 15h, 10-11 avril 20h, 13 avril 15h 14 avril 16h30
Petit monde alpin : 8-9 avril 20h, 13 avril 16h30 et 14 avril 15H
Une coproduction du Théâtre de l’Opsis et de Minimal Immoralia
Dates antérieures (entre autres)
Quelques dates en Italie
par Olivier Dumas
Dimanche 14 avril 2013 au milieu de l’après-midi, le Théâtre de l’Opsis a conclu son cycle consacré à l’Italie qui s’est amorcé à l’automne 2010. Puisant à la fois dans le répertoire goldonien que dans les nouvelles voix dramaturgiques, il a fait découvrir au public d’ici certains artistes de ce pays. C’est à la Casa d’Italia, à deux pas du Métro Jean-Talon, que deux courtes pièces se sont succédé, soit la création rapide de Petit monde alpin et la reprise du solo Signor Smytchkov. Pour le critique qui a eu la chance de suivre les nombreux accomplissements du cycle italien, le doublé artistique récapitule parfaitement les différentes appréciations des dernières années.
Dans un grand espace peu propice à la réception de spectacles de petites formes, quatre jeunes comédiens québécois tentent d’extirper le meilleur de Petit monde alpin, un texte mineur écrit par la metteure en scène Marta Dalla Via et son frère Diego. La pièce se veut une coproduction avec la compagnie italienne Minimal Immoralia, et fut montée en seulement deux semaines comme « un laboratoire de création d’échanges interculturels ». Pendant une heure et des poussières, l’histoire porte sur les échanges entre les membres d’une famille responsables d’une auberge dans les Alpes peu de temps avant l’ouverture de la saison de ski. Nous retrouvons une championne déchue, deux jumeaux vêtus de combinaisons hivernales qui préfèrent parler de tout et de rien dans le remonte-pente et un frère à l’apparence de vieux sage philosophique.
Les thèmes effleurés ne risquent pas de dépayser les spectateurs québécois avec ces pensées sur les considérations plutôt superficielles des personnages par rapport au sens de la vie, de l’amour et des relations humaines. Peu de répliques accrochent l’oreille. Le propos fait sourire. Mais il s’oublie aussi rapidement après avoir quitté la salle, comme si les auteurs avaient préféré rester à la surface des situations, sans trop les approfondir ou proposer un traitement original sur des situations maintes fois vues ailleurs. Par ailleurs, le manque de force dans l’écriture a constitué l’une des faiblesses majeures de certaines productions plus contemporaines du cycle de l’Opsis comme Les enfants de la pleine lune.
Étrangement, ce sont les courtes scènes silencieuses qui créent les effets les plus beaux et les plus saisissants. Baigné dans de sublimes éclairages, le tandem formé par Olivier Morin et Kim Despatis bouge à un moment précis comme dans une chorégraphie. Leurs corps parviennent à exprimer certaines émotions plus allégoriques. Par ailleurs, leurs deux partenaires de jeu, Marie-Michèle Garon, et Victor Andrés Trelles Turgeon, se révèlent également très justes et allumés dans des rôles aussi anecdotiques. Un aussi beau quatuor aurait provoqué encore plus d’étincelles dans une partition plus mordante et plus incisive.
En deuxième partie, le charme opère rapidement avec la reprise du soliloque Signor Smytchkov, créé originalement en français aux débuts des années 2000 par la compagnie. Dans le cadre d’une collaboration entre le Québec et l’Italie, la pièce a été traduite en italien, et présentée récemment en Vénitie. Dans cette adaptation de la nouvelle Le roman de la contrebasse de Tchekhov, le récit de l’attachant antihéros s’écoute avec une attention recueillie, alors que défilent harmonieusement les surtitres.
Pourtant, l’intrigue reprend le canevas connu et repris à toutes les sauces de l’amoureux désemparé, celui ici de M. Smytchkov qui fut abandonné par sa femme qui l’a plaqué pour un autre musicien. Comble de malchance, le protagoniste a aussi perdu son emploi de contrebassiste, sa demeure et les raisons qui façonnaient son existence. Il revoit par hasard son amour perdu près d’une rivière complètement nue après qu’on lui ait subtilisé ses vêtements.
Sur scène, la simplicité donne souvent des résultats étonnants et magiques lorsque les artistes puisent au fond de leur cœur et de leur intuition. Pendant toute l’heure de la représentation, le temps suspend son vol. Le texte écrit par Pierre-Yves Lemieux témoigne avec une touchante ferveur de la passion obsessionnelle. Le ton se démarque par cette langue simple et remuante qui traduit avec précision les sentiments altruistes d’un grand naïf. Une métaphore décrit parfaitement les interrogations douloureuses du personnage : l’auteur invente le verbe « pénéloper » pour décrire la longue attente et l’espoir déraisonnable, peut-être vain, du retour de l’être aimé.
Sans aucun élément de décor ou accessoire autre qu’un énorme étui de contrebasse, la parole s’exécute souverainement appuyée par la musique envoûtante de Roberto Di Fresco. La facture dépouillée de la pièce laisse la place au jeu sensible de l’interprète et à la superbe mise en scène de Luce Pelletier. Cette dernière s’illustre avec la même rigueur et minutie que dans ses réalisations fructueuses du cycle italien. Songeons à ces propositions éclatantes dans des registres aussi variés que la comédie clownesque (Bar)ou encore le drame intimiste (Frères). On ressent de plein fouet la justesse de chacune des intonations et de chacun des gestes du personnage. La production bénéficie surtout de la présence d’un magnifique comédien : Diego Dalla Via porte sur ses épaules les frémissements de cette créature humaniste attachante.
En l’espace de deux heures, le diptyque concocté par le Théâtre Opsis a illustré d’une manière étonnante les qualités et défauts de ce cycle italien, un cycle singulier, parfois décevant, mais toujours stimulant.