« Si on pouvait venir au monde en mangeant, je l’aurais surement fait, mais je connaissais pas encore le goût d’un Mister Freeze rouge, ni le feeling de trouver une Kit Kat dans ses poches de jeans. »
J’te prendrais take out c’est une œuvre qui goûte le chocolat et l’asphalte humide d’un dimanche mouillé. C’est aussi l’histoire de Sarah - une rousse avec un pied dans la bouche et le cœur plus gros que le ventre – le fruiter, Pierre – le vendeur d’instruments de musique - et un chat roux, obèse et complexé.
Hommage à la beauté et à la simplicité des petits instants du quotidien, c’est par l’entremise de quatre comédiennes qu’on nous transporte au sein du périple tumultueux de Sarah. Parsemée de déceptions et d’épreuves parfois douloureuses, son histoire nous est racontée au travers plusieurs étapes de sa vie.
À la base un recueil de nouvelles, presque un journal intime, J’te prendrais take out! a pris sa forme théâtrale à travers un laboratoire corporel, un travail étape par étape, en constante évolution, confrontant en permanence les comédiennes à de nouvelles conditions de jeu. Le travail de création sera même poursuivi au moment des représentations.
Assistance à la mise en scène et régie - Élise Henry
Conceptrice sonore - Julie Tessier
Conceptrice de costumes et accessoires - Magalie Dufresne
Billet : 20$
Coïncidences Productions - site Facebook - Événement Facebook
par Daphné Bathalon
Avec son troisième spectacle, J’te prendrais take out!, la jeune compagnie Coïncidences Productions nous offre à goûter un délicieux morceau de gâteau.
La jeune auteure Sara Pruneau Bélanger signe un véritable petit bonbon sucré qui se déguste avec plaisir. « Parce que les mots sont toujours beaux », la mise en scène de Kévin Bergeron laisse toute la place à ceux de l’auteure. Et c’est tant mieux, car Sarah, la jeune femme au centre de l’histoire de J’te prendrais take out, se raconte à nous avec candeur. Ses mots nous parlent, ses joies et ses peines nous touchent. Le public, surtout dans sa portion féminine, se reconnaît en elle. La pièce sent bon le bonheur; elle a tout d’un feel good theatre. Impossible de quitter la salle sans avoir un léger sourire aux lèvres tant les images qu’elle évoque sont autant de bulles pétillantes.
S’il fallait faire une comparaison, ce serait certainement avec le film de Jean-Pierre Jeunet, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Sarah et Amélie partagent en effet une même naïveté et un même goût pour les petits plaisirs de la vie : boire un chocolat chaud devant une fenêtre en regardant tomber la neige, le nez dans un foulard de laine (parce que ça semble toujours plus chaud), tenir la main de son amoureux en hiver (sa mitaine dans la sienne), avaler de la crème glacée pour étouffer sa peine, déguster avec les yeux les merveilleux cupcakes dans la vitrine, s’asseoir sur un trottoir encore chaud à la fin d’une journée d’été...
Le metteur en scène a choisi de diviser ce monologue entre quatre Sarah. Quatre comédiennes aux bouclettes rousses se partagent donc le rôle, reprenant le fil des confidences chacune leur tour, dans une fluidité sans accroc. Elles incarnent toutes une facette différente du personnage : l’une est obsédée par ces petites choses sucrées (confiseries, petits gâteaux, crème glacée, alouette!), une autre cumule les maladresses, une autre encore rêve du prince charmant. Chacune insuffle à Sarah une sensibilité toute personnelle qui donne le ton à ce spectacle en forme de journal intime. Si les quatre comédiennes incarnent à merveille la touchante ingénuité de la jeune fille, Mathilde Addy-Laird tire particulièrement bien son épingle du jeu. Son énergie brouillonne et joyeuse est hautement contagieuse. Marie-Noëlle Doucet-Paquin offre également une très belle composition.
Autre jolie idée que cette fresque à la gouache en arrière-scène, seul hic : la peinture sur les rideaux de plastique transparent ne prend pas très bien. Avec l’éclairage et la transparence, les dessins sont difficiles à distinguer. La fresque, comme délavée, se mesure mal aux éclatantes couleurs semées par le récit.
J’te prendrais take out a tout du cupcake : appétissant, mignon, plein de couleurs joyeuses, on en dévorerait sans restriction... Ce spectacle disparaît bien trop vite dans notre gosier! Heureusement, il laisse un peu de douceur et de soleil dans notre esprit, un morceau de sucre qu’on emporte avec soi.