Écrivain et prix Nobel de littérature, Abel Znorko vit reclus sur une île de la mer de Norvège. Il reçoit la visite d’un journaliste, Erik Larsen, venu l’interroger sur son dernier roman. Ce livre présente la correspondance amoureuse entre l’écrivain et une femme inconnue. Est-ce seulement de la fiction? Entre les deux hommes s’établit peu à peu un étrange jeu de vérités ponctué de revirements inattendus.
Ce duel passionné confronte deux approches opposées de l’amour, de la fidélité, de la vie. Un huis clos haletant solidement ficelé par Hugues Frenette.
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Décor, accessoires et costumes : Amélie Trépanier
Éclairages : Félix Bernier Guimond
Fond sonore des Enigma Variations d’Edward Elgar
Régulier 34$, Aîné 32$, Étudiants 27$
Une production Dream Team
Dates antérieures (entre autres)
Du 5 au 8 décembre 2007 - Premier Acte (Québec)
Du 12 avril au 7 mai 2011 - La Bordée (Québec)
par Sylvie Isabelle
Qui aime-t-on quand on aime? Le sait-on jamais?
Abel Znorko, prix Nobel de littérature, vit reclus depuis plusieurs années sur une île nordique. Alors qu’il vient tout juste de publier son dernier roman, une correspondance amoureuse entre un homme et une femme qui s’aiment depuis 15 ans à travers ces lettres, il reçoit la visite d’Érik Larsen, un journaliste venu l’interroger sur sa dernière œuvre. Pourquoi cet ermite notoire accepte-t-il de recevoir le journaliste? Alors que c’est cette première intrigue qui captive le spectateur, rapidement on en vient à se demander pourquoi Érik Larsen veut vraiment rencontrer Abel Znorko?
Emmanuel Bédard et Vincent Champoux se retrouvent à nouveau sur les planches dans la peau d'Abel Znorko et Érik Larsen, dans cette mise en scène d'Hugues Frenette. Et on comprend sans peine pourquoi : dès les premières minutes, la rencontre de ces deux personnages captive notre attention. Tour à tour intervieweur et interviewé, les deux comédiens glissent d’une attitude à l’autre avec souplesse. Ils habitent totalement leurs personnages et passent d’une émotion à l’autre avec naturel. L’incessant jeu de miroir entre les deux comédiens est habilement souligné par des éclairages discrets mais efficaces. Leur performance est tout simplement magistrale.
Le texte d’Éric-Emmanuel Schmitt occupe un rôle aussi important que celui des deux protagonistes. Philosophe, Schmitt nous fait réfléchir à la nature même de l’amour. Qu’y a-t-il de plus grand : aimer quelqu’un dans l’absolu sans jamais se confronter à la réalité, ou aimer quelqu’un en se frottant à la banalité du quotidien? Abel Znorko et Érik Larsen croient avoir la réponse, mais leur confrontation les en fera douter, tout comme elle mène le spectateur à s’interroger longtemps après la tombée du rideau. D’ailleurs, la représentation du 13 avril fut jouée en présence de l’auteur, de passage à Québec à l’occasion du Salon du livre.
Ce jeu du chat et de la souris nous est livré habilement, avec des touches d’humour caustiques absolument savoureuses : c’est là un des traits qui caractérise le Théâtre du Dream Team qui collabore à la pièce. Chaque réplique est soigneusement livrée, chaque silence est calculé. Et si ces Variations énigmatiques arrivent à nous faire rire, elles arrivent aussi à nous surprendre avec leurs revirements inattendus et à nous émouvoir sans qu’on s’y attende. Le résultat est une pièce solide, passionnante et hautement satisfaisante.