5 auteurs, 2 comédiens, 5 courtes pièces. Notre histoire à nous, ça serait ça : – Windex de Simon Boulerice – Bonne fête pis adieu de Rébecca Déraspe – Sylvie aime Maurice de Florence Longpré – Un numéro ben normal ou Comment atteindre la liberté quand on est cave de Mathieu Quesnel – Grosse de Jocelyn Roy
Une production de Samsara Théâtre – Samsara est un terme sanskrit désignant les cycles de la vie, la transformation. C'est l'ensemble de toutes ces vies et morts qui peuplent notre existence, façonnant ainsi le spectacle vivant. La compagnie Samsara Théâtre est née de la rencontre de Liliane Boucher et de Jean-François Guilbault.
Éclairages : Lou Arteau
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 22 au 26 octobre
Régulier : 34,25$
Carte premières : 17,25$
Production Samsara Théâtre
par Pascale St-Onge
Nouvelle curiosité au Salon Particulier, ce sous-sol d'église atypique au coin des rues Saint-Joseph et de Lorimier, Notre histoire à nous, ça serait ça est une commande faite à cinq auteurs différents, soit Simon Boulerice, Rébecca Déraspe, Florence Longpré, Jocelyn Roy et Mathieu Quesnel. Il n'y a qu'une seule contrainte : tenir compte du physique des deux comédiens qui joueront le jeu : une femme grande et forte et un homme petit et frêle. Debbie Lynch-White et Jean-François Guilbault se donnent ainsi la réplique durant cinq courtes pièces.
Forcément, cette courtepointe de textes dirigée par Lou Arteau peut difficilement se présenter sous la forme d'un tout homogène et chaque texte possède différentes qualités, mais aussi des défauts divers et plus ou moins présents d'une courte pièce à l'autre. Il est presque inévitable d'avoir des attentes face à ce spectacle : la vision de cinq auteurs donne la chance d'observer une différence notable sur le casting des deux comédiens et, surtout, comment on peut se sortir des clichés liés à ces castings précis. Malheureusement, malgré la divergence des situations, l'exercice imposé revient souvent aux mêmes idées : Debbie Lynch-White, bien qu'excellente et nuancée autant que possible d'un rôle à l'autre, doit interpréter presque à tout coup une femme prise dans la solitude ou carrément antisociale, vierge trentenaire avec un caractère impitoyable. Jean-François Guilbault a droit à un éventail un peu plus large, mais encore une fois, la généralité du petit homme en manque de confiance ou le naïf bien intentionné revient systématiquement.
La mise en scène demeure très simple, mais utilise le lieu insolite à son maximum (difficile de faire autrement, vu la beauté et les particularités d'une salle comme celle de ce Salon Particulier). La direction d'acteur a tendance à pousser les caractères un peu trop loin, surtout en considérant qu'ils sont déjà très prononcés dans les textes. Les deux comédiens se prêtent au jeu avec rigueur et talent, ils sortent de cet exercice comme de grands gagnants et ont vraiment su souligner le meilleur de ces textes qui leur ont été offerts.
Du lot, le texte de Rébecca Déraspe se démarque en misant sur une situation démesurée et des personnages trop gros pour être réels. Cette façon d'assumer la situation loufoque dans lequel elle inclut deux stéréotypes nous charme rapidement et démarre cette soirée en beauté. Pour clore le tout, Simon Boulerice « score fort » avec Windex, un texte où deux comédiens fatigués de devoir s'accommoder de leur casting limité, tentent le tout pour le tout pour attirer le regard des producteurs et des agences. S'en suit un délire hilarant sur le théâtre qui détonne complètement du reste de la soirée. Jocelyn Roy nous offre un texte tout à fait dans son style avec les déboires d'un couple devenus parents trop tôt et pour les mauvaises raisons ; Mathieu Quesnel propose un faux duo comique kamikaze quelque peu désagréable, peu convaincant et qui laisse place à un certain malaise, tandis que Florence Longpré, à qui on doit le spectacle Chlore, retourne explorer du côté des handicaps, mentaux cette fois, mais sans réussir à nous toucher tout à fait.
C'est donc une soirée très inégale, mais qui offre à quelques reprises des petits moments de bonheur. L'exercice est intéressant, mais semble étrangement avoir piégé une majeure partie des auteurs qui y étaient conviés.