Section vidéo
Scénographie et éclairages cube.bz
Crédit photo Maria de la Camara
Parole de chorégraphe 7 novembre
Billet : 28 $ (22 $ pour les aînés, 20 $ pour les étudiants, les professionnels de la danse et tout spectateur de 30 ans et moins)
Production Sonia Isart, diffusion Iva Horvat
par Sara Fauteux
Depuis quelques années, on ne peut s’empêcher de remarquer sur nos scènes une forte tendance vers des productions solos ou avec très peu de personnages et des appareils scéniques ultras simplifiés. Devant les difficultés de financement des milieux culturels, les artistes explorent les possibilités du minimalisme. Sofia Asencio a profité de cette période difficile afin d’exploiter la puissance de la scène dénudée et pour fouiller une nouvelle voie, celle de la philosophie, afin d’approfondir sa démarche.
Il n’y a plus rien sur le plateau, seulement le corps, nu, dédoublé par la réflexion du sol lustré. Après Aristote, Ascencio se demande : qu’est-ce que le mouvement? La chorégraphe et interprète et son complice Tomas Alonso Aragay ont travaillé la présence du corps dans la plus grande simplicité, selon l’idée aristotélicienne d’un premier regard sur les choses. Introduction à l’introduction est le résultat d’une grande recherche philosophique, mais aussi d’une volonté de retour aux sources. Asencio a cherché à retracer le mouvement initial, le premier élan, l’introduction en quelque sorte.
Sa pièce se veut une histoire de la philosophique dansée. Il n’y a pourtant rien ici qui soit intellectualisé et encore moins illustré. C’est dans une chorégraphie très organique, la plupart du temps au sol, en travaillant le frottement, la résistance, la lenteur, que la chorégraphe explore le mouvement. On retrouve là en quelque sorte un mouvement pur, qui ne cherche en rien ni la grâce, ni la poésie.
Dans la deuxième partie du spectacle, très sobrement, Ascencio, toujours nue, s’empare de ses feuilles pour lire au public des passages du texte d’Aristote. Il s’agit là d’un étrange, mais très honnête choix de mise en scène : il est beaucoup plus astucieux d’expliquer littéralement, avec les mots, que de chorégraphier une explication avec le corps. La pièce se termine sur une image qui amène une nouvelle forme de mouvement et cette fois-ci un peu de poésie.
Entremêlant philosophie, politique et poésie, cette œuvre est empreinte d’une grande authenticité et c’est ce qui en fait un objet d’intérêt. Néanmoins, aucune des trois parties n’arrive à dégager une charge assez puissante pour réellement laisser une trace en nous. On en ressort un peu déçu parce qu’on aurait été partant pour suivre Sofia Ascencio beaucoup plus loin.