Les Laissés Pour Contes sont de retour! Vous êtes conviés aux Ateliers Jean-Brillant du 21 au 26 janvier 2014 pour découvrir cette nouvelle édition de contes urbains sous le thème de la convoitise. Les comédiens Marie-Michèle Boutet, Catherine Dumas, Antoine Touchette, Pascale Tremblay et Martin Vaillancourt donneront vie sur scène aux personnages créés de toutes pièces par les auteurs Simon Boulerice, Paul Bradley, Pierre Chamberland, Véronique Pascal et Jocelyn Roy. Venez à la rencontre de ces personnages en quête de bonheur, un sujet universel qui hante l’être humain depuis toujours!
Les Laissés Pour Contes se nourriront de convoitise cette année. La convoitise, désir immodéré de posséder, d’acquérir ; sentiment qu’on ne peut toucher, ni même effleurer et qui est pourtant tapi dans le coeur de tout être humain. La convoitise nous maintient, tels des funambules, en perpétuel déséquilibre, entre l’acquis et le désiré.
Le Spectacle
C’est dans une atmosphère toute particulière que Pierre Chamberland, le directeur artistique, souhaite plonger le spectateur. « Je veux jouer avec les perceptions du public, semer le doute dans l’esprit des gens, les amener à plonger dans un univers surréaliste où le temps et ses prérogatives n’ont plus d’emprise. Une fenêtre ouverte sur ces personnages où rien n'est tout à fait blanc ou noir. Je veux surprendre les spectateurs pour mieux les dérouter, leur faire vivre une soirée de contes urbains comme ils n'en ont jamais vu! Eh oui, rien de moins… »
Les Laissés Pour Contes sont nés de la volonté de donner la parole aux auteurs, acteurs et autres créateurs souhaitant explorer le conte urbain, le repenser, le remâcher et l’intégrer à d’autres pratiques artistiques. C’est avec beaucoup d’adresse qu’ils ont su conquérir le public en 2012 lors de la première édition du spectacle du même nom. D’ailleurs, soulignons que Les Laissés Pour Contes ont été invités, en septembre dernier, au Festival international de théâtre de Mont-Laurier réunissant 25 troupes de 19 pays. Dans le cadre de cet événement, le comédien Mathieu Lepage s’est vu décerner le prix du meilleur comédien pour l’interprétation de son texte La ville la plus heureuse du Québec.
Scénographie David Poisson
Éclairage Caroline Daigle
Photographie Sandra Lachance
Billet : 20$
Production Les Laissés Pour Contes - page Facebook
par Olivier Dumas
Après une première édition sympathique au Théâtre de l’Esquisse à l’automne 2012, Pierre Chamberland et ses Laissés Pour Contes reviennent à la charge une deuxième fois dans un lieu très différent, les Ateliers Jean-Brillant. L’expérience méritait-elle d’être reprise? Certainement, malgré l’intérêt variable pour les différents textes et prestations scéniques.
Pour sa deuxième année, le maître d’œuvre, également l’un des auteurs de la soirée, ne bénéficie pas cette fois-ci d’un espace très propice à la parole théâtrale. En effet, lors de la représentation de samedi soir, les spectateurs avaient gardé, pour la plupart, leurs manteaux sur eux en raison du froid extérieur. Le bruit des voitures et camions passant dans les rues avoisinantes enterrait à l’occasion la voix des interprètes. Pourtant, ces contraintes pouvaient apporter dans les circonstances une touche sympathique à ces personnages malmenés par les grandes ou petites difficultés de l’existence.
La production s’amorce par un conte de Paul Bradley où un comédien vivotant entre deux contrats précaires se désole du manque de considération du milieu artistique pour son travail. Avec plusieurs références aux Laissés Pour Contes de 2012, Martin Vaillancourt démontre une grande assurance même si la partition qu’il défend demeure somme toute anecdotique.
Dans un registre diamétralement opposé, les marionnettistes Iulian Ciobanu et Carmen Bulancea suivent, en manipulant deux souris coquines et ratoureuses, ainsi que de gros morceaux de fromage. Le segment paraît long, malgré la générosité des artistes, une métaphore sur la cupidité du genre humain et une trame sonore hétéroclites, évoquant même à un moment précis le Moi j’mange d’Angèle Arsenault. Le résultat amuse quand même, et on reconnaît la volonté du metteur en scène de sortir des sentiers traditionnels du conte et d’explorer de nouvelles voix, comme la présence de la danse dans la première édition.
Catherine Dumas apporte un superbe aplomb au texte sarcastique de Simon Boulerice. L’ubiquiste dramaturge et comédien a proposé, par le passé, des histoires plus fortes. Sa griffe demeure toutefois reconnaissable par ses allusions à la culture populaire et sa tendresse pour les antihéros en inadéquation avec une société mercantiliste. Par contre, la surabondance de sacres et d’expressions vulgaires nuit au plaisir de savourer les péripéties de cette Québécoise qui se vengent de ses relations décevantes en participant à une course en talons hauts avec des grandes «girafes russes» aux cheveux blonds.
À entendre les confidences du maquilleur homosexuel sur le milieu gai montréalais et son engouement pour les séries télévisées Glee et Smash, il est possible de constater des similitudes avec la plume de Simon Boulerice. La talentueuse Véronique Pascal réussit à rendre avec férocité les innombrables stéréotypes et poses soignées de cette «charrue» qui souffre du rejet de sa plus récente conquête, un sensuel danseur vénézuélien. Son conte est particulièrement réussi, car il ose montrer une figure de personnage maniéré (le personnage se décrit comme un loverboy) qui avait été délaissée ces dernières années sur les scènes et au petit écran pour des visions plus consensuelles et masculines de l’homosexualité. Antoine Touchette rend avec une grande véracité ce solo à la langue parfois irrévérencieuse, mais toujours remuante.
Le récit de Jocelyn Roy aborde également un univers parsemé de clichés. Il emprunte trop d’avenues et de détours sinueux pour atteindre parfaitement son but. Écourtées, les péripéties d’une apprentie chanteuse (attachante Marie-Michèle Boutet) jalouse de sa sœur jumelle qui se prend pour la future Céline Dion (les deux extraits des chansons retenues, Tellement j’ai d’amour pour toi et L’amour existe encore sont des choix pertinents de l’auteur) deviendraient plus captivantes.
Le spectacle se termine avec une histoire de Pierre Chamberland, le moment le plus fort de la production. D’une justesse incroyable, d’un rythme soutenu et d’un traitement qui plonge dans un sujet difficile sans une ombre de sensationnalisme, son conte est remarquablement porté par la voix et le corps de Pascale Tremblay. Devant cette osmose entre le texte et le jeu, souhaitons-nous une prochaine édition des Laissés Pour Contes dans ces eaux-là.