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19 décembre 2014, 19h, 27 et 28 décembre 2014, 10h et 11h
CurieusesSuites curieuses
Danse - 4 ans et +
Chorégraphie Hélène Blackburn
Avec Isabelle Paquette, Alexandre Carlos et Cai Glover

Librement inspirée de l’un des contes populaires les plus connus du monde occidental, Suites curieuses expose entre ombre et lumière un pétillant trio. Dans un subtil chassé-croisé, deux hommes et une femme vont et viennent, espiègles et malicieux, pour donner vie et corps aux célèbres personnages du petit chaperon rouge. Avec ce souci du détail, cette élégance et ce raffinement propre aux créations de la compagnie Cas Public, compères loup et le petit chaperon rouge se retrouvent aux prises avec une foule d’objets qui insufflent une vitalité inédite à cet indémodable classique. Cette courte pièce porte en elle tout ce qu’il faut pour fasciner, séduire et conquérir l’imaginaire des grands comme des petits.

Fondée en 1989 par la chorégraphe Hélène Blackburn, Cas Public privilégie une recherche en création chorégraphique fondée sur le renouvellement des approches de la danse contemporaine. En 2001, dans le but d’initier le public à la danse et de contribuer à son développement, la compagnie s’aventure avec beaucoup de succès sur le terrain du spectacle jeune public. Cas Public se définit donc comme une compagnie de danse contemporaine qui s’adresse à tous les publics. Reconnue pour sa danse fougueuse et performante, la réputation de Cas Public s’est construite grâce à la qualité exceptionnelle de ses créations et une présence assidue sur les scènes nationales et internationales.


Section vidéo


Musique Martin Tétreault
Éclairage Émilie Boyer-Beaulieu
Accessoires Guy Fortin

Tarif : 18,16$

Production Cas Public


Cinquième salle de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112
 
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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Roxane Duchesne-Roy

Il y a de ces classiques qui ne se démodent tout simplement pas. Le petit Chaperon rouge est de ceux-là. Qu'importe que les enfants d'aujourd'hui ne se promènent plus seuls dans les bois, un petit panier de provisions sous le bras, et que le loup soit réduit à une figure effrayante dans les contes, l'histoire de cette petite fille qui fut dévorée par un loup a toujours sa place dans l'imaginaire des enfants.

Avec Suites curieuses, la compagnie de danse Cas public signe une adaptation très libre de ce conte sans âge qui fascine autant les tout-petits que leurs parents. Dans un espace délimité par un chemin de fer, qu'emprunte à quelques reprises un train tout mignon, la chorégraphe Hélène Blackburn, trois danseurs et une danseuse revisitent l'histoire du Petit Chaperon rouge. Dans la version de Perrault, de laquelle la chorégraphe s'est inspirée, il n'y a pas de chasseur à la fin pour sauver la fillette du ventre du loup, mais qu'à cela ne tienne, elle a donné à son Chaperon rouge de quoi se défendre contre les loups, car ils sont bien plus qu'un, eux qui chassent toujours en meute...

D'emblée, une version en animation projetée sur scène nous présente une fillette qui n'est plus sans défense. Culottée et pas du tout effrayée par le loup géant qui voudrait bien ne faire qu'une bouchée d'elle, la petite fille mate le carnassier en deux temps trois mouvements. Bien vite, le dessin fait place à la danse et aux danseurs. De noir et de rouge vêtus, ils passent leur temps à apparaître et à disparaître derrière de hautes étagères.

Alors que le spectacle prend d'abord le chemin du conte traditionnel avec la formule consacrée « Il était une fois », en différentes langues, c'est soudain la langue signée qui a le dessus sur les autres. La chorégraphe, en effet, a eu la brillante idée d'intégrer à part entière dans le spectacle un langage des signes librement réinterprété. Ce langage, une danse en soi, se révèle le véhicule parfait pour le récit, entre les valses gracieuses de la fillette au panier de provisions et la grande gueule du terrible prédateur. Le célèbre échange entre le Chaperon rouge et le loup déguisé en grand-mère est particulièrement bien transposé, décliné en gestes clairs, faciles à comprendre par tous, des plus grands aux plus petits, sans toutefois que le spectacle ne tombe dans le piège de la pantomime.


Crédit photo : Roxane Duchesne-Roy

Suites curieuses est ponctué de jolis clins d'oeil à l'histoire originale, grâce à l'insertion d'éléments reconnaissables, comme le panier, l'incontournable couleur rouge et des livres de contes transformés en castagnettes. Cependant, le spectacleaccorde une si petite place à la marionnette (à doigts et à mains) qu'il y a lieu de se demander si elle apporte vraiment quelque chose au spectacle. Elles disparaissent d'ailleurs bien vite.

La création de Cas public joue brillamment avec la construction du conte, dont chaque action se déploie en mouvements, repris en échos par un ou plusieurs danseurs, répétés ou déclinés sur différents rythmes. La musique elle-même varie énormément d'un tableau à l'autre, adoptant tantôt un ton plus sage et classique, tantôt le martèlement entraînant d'un ragtime, et flirtant même par moments avec les rythmes industriels de l'électronique. Le tout s'harmonise de belle façon dans chaque tableau, magnifiant même les mouvements classiques du ballet.

Les yeux émerveillés des enfants parlaient d'eux-mêmes au soir de la première. Après le spectacle, les enfants avouaient sans hésitation leur préférence pour la jolie « ballerine ». Et les adultes d'admettre également ne pas s'être ennuyés une seconde en revoyant ce conte classique dynamiquement revisité.

20-12-2014