Avec ses marionnettes et un musicien qui l'accompagnent, Simon Boudreault nous raconte avec beaucoup d'humour et d'humanité cette fable existentielle sur les questionnements de l'humain et les étapes par lesquelles il passe dans sa réflexion sur sa place dans l'univers.
Conception Richard Lacroix, Frédéric Martin, Judith Saint-Pierre, Marie-Pierre Simard et Maxime Veilleux
Photo Sylvain Légaré
Date Premières : toutes les représentations
Régulier : 28$
Carte premières : 14$
TOURNÉE
- 21 novembre 2014, 19h30 et 12 décembre 2014, 19h30, Théâtre Mirella et Lino Saputo,
8370, boul. Lacordaire,
514 328-8400
[site web]
- 9 décembre 2014, 20h, Maison de la culture Frontenac,
2550, rue Ontario Est, 514-872-7882
- 11 décembre 2014, 20h, Maison de la culture Plateau-Mont-Royal,
465, avenue du Mont-Royal Est,
514-872-2266
Production Simoniaques Théâtre
Dates antérieures (entre autres)
Du 24 avril au 19 mai 2012 - Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui
par Sara Thibault
I pour Imagination
Pendant tout le mois de novembre, Simon Boudreault reprend sa pièce D pour Dieu ?, créée il y a un peu plus de deux ans, à la suite d’une résidence d’écriture au Théâtre d’Aujourd’hui et d’une collaboration artistique avec le Cirque du Soleil sur le thème de la désillusion. Cette fois, c’est aux Ateliers Jean-Brillant que prend place la réflexion existentielle à la fois profonde et ludique d’un homme, de sa naissance à l’âge adulte. Plusieurs connaissent bien l’écriture de Simon Boudreault (Sauce brune, Soupers, As Is) qui se démarque par son humour aussi mordant que pathétique. Avec D pour Dieu ?, l’auteur assure également les rôles de metteur en scène et d’interprète, de musicien et de marionnettiste.
Quelle bonne idée de transporter la pièce aux Ateliers Jean-Brillant, un lieu trop rarement exploité, qui sert de laboratoire de création à plusieurs artistes pluridisciplinaires ! Les artistes visuels Robbie Paquin, Armand Vaillancourt et Jonathan Barbeau se joignent cette fois à la compagnie Simoniaques pour investir la salle de spectacle et établir un dialogue artistique avec les propos de la pièce. L’œuvre de Jonathan Barbeau, exécutée à partir d’ampoules de lampes cinématographiques, sert même d’éclairage pour une scène du spectacle. Avec ses poutres de bois apparentes et ses chaufferettes, la salle créait un climat intime propice aux histoires et aux confidences du personnage.
L’aisance de Simon Boudreault et ses considérations universelles rapprochent le spectacle du conte. Dans son mot de bienvenue, l’artiste écrit : « Ce que j’aimerais, c’est que vous ayez l’impression que c’est le récit de votre propre vie. Que le spectacle fasse resurgir des souvenirs. Des odeurs de l’enfance. Une émotion vive d’un matin pluvieux. Un baiser particulièrement torride. Un fou rire qui vous fait encore sourire malgré vous. Une personne que vous aviez complètement oubliée. » C’est exactement l’effet que D pour Dieu ? produit sur le spectateur, une sensation de réconfort immense à se faire raconter une histoire qui nous ressemble. L’utilisation de marionnettes permet de faire vivre plus d’une vingtaine de personnages secondaires, très habilement manipulés/interprétés par la comédienne et marionnettiste Karine St‑Arnaud. En ne cherchant pas à camoufler les manipulations et en acceptant l’artificialité de certains personnages, Boudreault nous replonge dans les jeux de rôle de notre enfance, au moment où notre imagination était sans limites. Les deux collaborations de Boudreault avec le Théâtre de l’Oeil (La Félicité, Sur trois pattes) lui ont sans doute permis de mettre à profit toute la polyvalence de ce médium, grâce à des marionnettes géantes (Wolfgang Amadeus Mozart), des accessoires allusifs (une série de paires de souliers représentant une gang d’adolescents), des petits guignols (les animateurs de radio) ou des figures à la fois humaines et marionnettiques (les premiers mois de la vie du personnage principal).
Encore une fois, Simon Boudreault arrive à décrire certains événements de la vie quotidienne avec une justesse exemplaire qui ne peut que renvoyer le spectateur à ses propres expériences. Autant dans l’humour que dans les scènes plus tragiques, dans la poésie que dans le joual, son écriture bouleverse et provoque l’introspection. Bien que le décor polyvalent de Richard Lacroix et la musique du duo Desranleau-Veilleux sont toujours aussi éloquents que dans la première mouture du spectacle, le nouveau lieu de représentation, la virtuosité des acteurs et l’épuration du texte amènent D pour Dieu ? à un niveau supérieur.
par Gabrielle Brassard (2012)
D pour Dieu?, deuxième pièce de l’auteur Simon Boudreault, en résidence à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui, nous entraîne au cœur des questionnements existentiels d’un homme, de son état embryonnaire jusqu’à l’âge adulte, avec humour et créativité.
Sur scène, Simon Boudreault évolue de nouveau-né à adulte, en se demandant sans cesse qui est Dieu, après la désillusion et le constat qu’il n’est pas ce Dieu autour de qui tout tourne. De la première peine d’amour à la militance dans un groupe écologiste radical, en passant par les amis d’enfance et la dure période du secondaire, Boudreault, aussi à l’écriture et à la mise en scène, nous raconte une vie avec une écriture claire et humoristique.
D pour Dieu? est essentiellement un monologue, bien que la comédienne et marionnettiste Karine St-Arnaud vienne ici et là lui prêter main forte – on aurait aimé d’ailleurs une présence plus accrue de la jeune femme. Celle-ci manipule avec talent divers objets qui incarnent plusieurs personnages interagissant avec Boudreault ; celui-ci continue ainsi son exploration du monde de la marionnette après la création de la pièce pour jeune public Sur 3 pattes, produit par le Théâtre de l’Oeil,
Le décor est simple, mais bien exploité : quatre grandes poutres formant deux L, bougeant de toutes les manières et qui illustrent à la fois une pièce d’appartement, un banc public, une croix, une colline ou un arbre. Les éclairages de Frédéric Martin sont sobres et se marient bien aux différents moments de la pièce.. La conception sonore de Maxime Veilleux, aussi présent sur scène, ajoute une ambiance dynamique. D’une durée de plus de deux heures, ce quasi solo, qui, bien qu’interprété avec justesse et énergie, s’allonge parfois, surtout en deuxième partie. Une vingtaine de minutes pourraient facilement être retirée, notamment vers la toute fin. Néanmoins, D pour Dieu? est très bien rendu, autant dans le jeu que dans la mise en scène.
À travers l’humour ironique de Boudreault, de réelles interrogations philosophiques et existentielles transparaissent de D pour Dieu. Qui est-il, ce Dieu? Comment fait-on pour le trouver? Est-il en nous, en quelqu’un? Ailleurs? Pourtant, D pour Dieu? n’est pas une pièce sur la religion. Il s’agit plutôt d’une quête spirituelle, identitaire, à travers les différentes étapes de la vie. Boudreault a ce talent indéniable de conteur, et sa signature unique est de plus en plus perceptible dans son écriture : on reconnait, par exemple, l’humour grinçant de Sauce Brune et de Soupers.
D pour Dieu? est un spectacle intimiste, inspiré, parfait pour la petite salle du théâtre de la rue St-Denis.