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Du 22 au 24 octobre 2014, 20h, 25 octobre 16h
Délire domestiqueLe délire domestique
Chorégraphie et costumes : Deborah Dunn
Avec Delia Brett, Deborah Dunn, Sara Hanley, Audrée Juteau, Louise Lecavalier, Dean Makarenko, Elise Vanderborght

Le délire domestique met à mal le confort de la maisonnée avec sept solos construits comme autant de visions décalées, modernes et poétiques de l’univers féminin. Sept tableaux qui tordent le cou aux clichés et à la mémoire collective. Avec son extravagance coutumière, teintée d’insolence et d’absurdité, Deborah Dunn dévoile son intérieur entre réalité et fantasme. Chacune leur tour, les interprètes s’emparent des petits gestes du quotidien tels que le rituel immuable du ménage et de la cuisine pour exacerber la beauté de l’ordinaire. Dans une danse généreuse et évocatrice, chaque proposition vibre de la couleur et de la texture particulière qui lui sont associées. Devant l’extrême concentration des regards, chaque solo se révèle un portrait lumineux et viscéral d’une interprète singulière. Cocktail détonant de minutie et d’invention, Le délire domestique capture l’intime, le peuple d’images surréalistes pour intensément célébrer la féminité.


Section vidéo


Éclairages : James Proudfoot
Musique : Lukas Pearse, Colleen
Photo : André Cornellier

Parole de chorégraphe : 23 octobre

Billet : 28 $ (22 $ pour les aînés, 20 $ pour les étudiants, les professionnels de la danse et tout spectateur de 30 ans et moins)

Une production Trial & Eros


Agora de la danse
840, rue Cherrier
Billetterie : 514 525-1500, réseau Admission 514 790-1245
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 Critique
Critique

par Sara Thibault

Délire confondant


Crédit photo : André Cornellier

La talentueuse chorégraphe Deborah Dunn a l’habitude de puiser l’inspiration de ses projets artistiques auprès d’œuvres littéraires d’auteurs comme T.S. Eliot, Virginia Wolf ou William Shakespeare. Dans sa nouvelle création Le Délire domestique, elle s’intéresse plutôt aux identités féminines et à l’univers féminin.

Le spectacle prend la forme de sept solos exécutés par autant de danseurs qui, avec imagination et onirisme, incarnent à leur manière une facette de ce que ma collègue Nathalie de Han a qualifié d’ « intimité du quotidien ». En plus d’interpréter elle-même un des solos et d’assurer certaines transitions, Dunn a choisi de travailler avec des partenaires de longue date : Delia Brett a participé à toutes ses chorégraphies depuis 1996 et Audrée Juteau collabore avec elle depuis une dizaine d’années. Se joignent à elles quatre autres danseurs : Sarah Hanley, Dean Makarenko, Elise Vanderborght et Louise Lecavalier, toujours aussi impressionnante par sa virtuosité technique et son charisme. Toutefois, c’est Audrée Juteau, avec la chorégraphie Les fraises, qui retient le plus l’attention. Habillée tout en rouge et débutant sa chorégraphie par un jeu de cache-cache avec Dean Makarenko, elle rappelle tout de suite le Petit Chaperon rouge des contes de Perrault. Tout en tourbillonnant, elle exécute avec une grande maîtrise une ronde autour d’une assiette de fraises. Rapidement, la candeur enfantine s’efface pour faire place à une danse physique et hypnotique d’une force insoupçonnée.

La lenteur de certaines chorégraphies suscite une attente non comblée chez le spectateur et finit par lasser. Dans le tableau La tapisserie, Delia Brett se meut interminablement derrière une bande de tapisserie suspendue au plafond avant de débuter le corps de sa chorégraphie. À l’inverse, après avoir offert une performance rythmée autour du thème de la vaisselle, Louise Lecavalier clôt son solo par une finale très lente où elle se traîne sur le sol.

Dans toutes les chorégraphies, le caractère cyclique des actions quotidiennes était amplifié par les segments musicaux répétitifs de Colleen. Le solo de guitare électrique de Lukas Pearse, exécuté en direct, était assourdissant jusqu’à l’agacement.

Deborah Dunn a le mérite d’avoir trouvé une manière d’unifier sept solos, pourtant très différents les uns des autres, tout en conservant le style et l’imaginaire de chacun des interprètes. Que ce soit par une brève incursion d’une danseuse dans le solo d’une autre, par la récurrence du motif de la fraise ou par la présence fantomatique d’une des femmes pendant la danse d’une autre, elle a créé une cohérence esthétique qui les reliait tous. Malgré la qualité des propositions, tous les tableaux étaient trop contemplatifs. Était-ce là une influence de la formation de Dunn en arts visuels? Il n’en demeure pas moins que ce délire domestique, aux allures surréalistes, n’est pas arrivé à rendre le public complice de sa douce folie.

23-10-2014