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Du 19 au 21 mars 2015
enfantsOn va se faire des enfants
Texte, mise en scène Louis-Philippe Tremblay
Avec Sasha-Emmanuelle Migliarese, Guillaume Regaudie et Yves-Antoine Rivest

Prêts à devenir papas envers et contre tout, David et Gabriel sont à la recherche d'une mère porteuse. Ils font alors la rencontre de Magdalena, une jeune étudiante étrangère qui vient tout juste de perdre sa bourse d'études. En échange d'une somme de 32 000$, le couple s'entend avec la jeune femme afn qu'elle porte leur enfant. Mais l'aventure n'est pas simple, les embûches, les fausses couches, les envies contrôlantes et les jugements de l'entourage ont tôt fait d'exacerber les instincts de chacun. David, Gabriel et Magdalena découvrent alors que la nature humaine ne se résume pas à une entente tacite.

Avec On va se faire des enfants, Louis-Philippe Tremblay signe un texte particulièrement sensible qui s’immisce dans les pensées les plus intimes et personnelles de trois protagonistes entraînés à toute vitesse vers un destin en forme d’impasse. L’auteur a recours à des mots justes, chargés, des mots qui éclairent notre écran de cinéma intérieur afin de ne nous épargner aucun détail de cette tragédie moderne et humaine.


Scénographie. Yves-Antoine Rivest
Conception musicale. Guillaume Regaudie

Production Le Mimesis


Salon particulier
4851 rue de Bordeaux, entre St-Joseph et Gilford
Billetterie : lemimesis@gmail.com ou 514‐969-0901

 
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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge

La procréation assistée et l’homoparentalité a été sans contredit une question d’actualité brûlante au cours des derniers mois. Voilà justement l’un des motifs de Louis-Philippe Tremblay et de l’équipe du Théâtre Le Mimésis pour aborder le sujet dans leur nouvelle création On va se faire des enfants. La jeune compagnie s’est fait connaître surtout grâce à ses dernières productions hors de lieux théâtraux (Le chant du dire-dire, Le chemin des passes dangereuses) et n’avait pas fait de création depuis Pleine lune au Fringe 2011, où Louis-Philippe Tremblay s’est vu remettre le prix de l’Auteur le plus prometteur de cette édition du festival.

David (Yves-Antoine Rivest) et Gabriel (Guillaume Regaudie) forment un couple depuis quelques années et désirent un enfant. Prêts à tout, ils trouvent une jeune étudiante étrangère (Sasha-Emmanuelle Migliarese) qu’ils payent 32 000$ pour être leur mère porteuse. Le marché est avantageux pour tous, puisque cette dernière doit prouver à l’immigration qu’elle a les fonds nécessaires pour rester au pays afin de terminer ses études. Bien entendu, rien ne va comme prévu et tous les personnages sont terriblement affectés par l’entreprise.

Le spectacle, présenté dans l’espace insolite du Salon Particulier (lieu de plus en plus apprécié du théâtre de la relève) semble avoir du mal à prendre son envol à cause de l’ampleur de son sujet. Le texte, très long, est très précis et donne énormément d’informations, peut-être même trop. Son propos semble souligné sans arrêt, les personnages se dirigeant de façon trop évidente vers leur tragique destin. Malheureusement, dans l’écriture, les personnages manquent de nuances : impossible de s’attacher un seul instant au personnage de David, tant les étapes qui le mèneront vers l’irréparable sont évidentes. Le texte aurait certainement profité d’un peu de nettoyage et de légèreté.

La mise en scène, également signée par l’auteur du texte, parie sur la simplicité pour mettre en valeur les relations et le texte. Le Salon Particulier est un espace (justement) très particulier, mais la scénographie n’utilise pas du tout le lieu, ou à peine, et, par son manque d’imagination, nuit à l’expérience. La sobriété de la mise en scène semble vouloir mettre l’accent sur la direction d’acteurs ; les comédiens sont certainement le centre de cette production. D’ailleurs, la jeune Sasha-Emmanuelle Migliarese se démarque de la distribution, avec sa maîtrise d’un accent colombien qui ne dérange pas l’écoute et enrichit le jeu de la comédienne.

La pièce On va se faire des enfants manque d’inventivité pour emmener le texte plus loin, lui donner d’autres visages. Si le sujet est bien exploité et très documenté, la conception générale du spectacle ne prend pas toutes les libertés qu’elle devrait.

24-03-2015