Stand-up tragique, Isabelle raconte l’histoire de Daniel, un garçon qui, pour se sortir des agressions répétées de sa mère, n’a qu’une porte de sortie : sa cousine Isabelle, la seule avec qui il est réellement heureux. Avec elle, il joue tout le temps, surtout à la lutte qui devient, au fil des ans, de plus en plus intime…
Section vidéo
Conseil à la dramaturgie Michel Marc Bouchard
Scénographie Jean Bard
Éclairages Lucie Bazzo
Conception musicale Éric Asswad
Conseil aux costumes Éric Bernier, Valérie Blais
Direction de production Catherine Vallée-Grégoire
Billets :
Régulier 33$
Aîné 28$
Étudiant 25$
Une création des productions J’le dis là
Dates antérieures (entre autres)
Théâtre d'Aujourd'hui - Du 16 octobre au 3 novembre 2012, les mardis 19h, mercredi au samedi 20h
Anglicane de Lévis - 26 avril 2013
+ tournée au Québec en 2012-2013
par Pascale St-Onde
Nous connaissons les qualités de comédien de Fabien Dupuis, mais beaucoup moins son intérêt pour l'écriture. Une version courte d'Isabelle fût présentée aux Contes Urbains en 2010 et voilà que, aidé de Michel Marc Bouchard et Marc Béland, sa version longue est présentée au Théâtre d'Aujourd'hui, à la salle Jean-Claude Germain. Un solo très personnel et attendrissant même s'il est loin d'être toujours rose.
Isabelle est cette jeune cousine avec laquelle le personnage découvre l'éveil de sa sexualité enfantine, alors qu’il est à peine âgé de 8 ans. Leur séparation brusque et forcée est le point de départ d'une jeunesse qui ne veut pas s'éteindre, puisque nous voyons cet homme maintenant adulte, mais refusant inconsciemment ce passage obligé. Lors de la mort de sa mère, tout bascule. Il doit maintenant affronter des retrouvailles nostalgiques avec son père, la conscience de n'avoir rien en dehors de cette famille et surtout, la solitude.
Ce solo, dont la forme du conte de la version originale est préservée, est attachant et bien joué par son auteur. C'est une mise en scène d'une simplicité désarmante que nous offre Marc Béland et qui témoigne d'une complicité avec l'auteur tellement tout semble se dessiner sous le signe de la liberté créative. Le décor est étonnant et ajoute un aspect plus poétique et métaphorique aux paroles du personnage, et ce, bien que les éclairages ne soient pas à la hauteur du reste de la scénographie.
L'écriture est fluide, nourrie par diverses références à l'enfance québécoise des dernières décennies et de tous les jeux auxquels nous avons nous-mêmes consacré tout notre temps lors de nos vacances scolaires passées à la maison. Le sourire ne quitte jamais nos lèvres, le jeu de Fabien Dupuis nous hypnotise complètement. Au fur et à mesure, Isabelle ne devient qu'un prétexte pour cacher la relation difficile entre le personnage et sa mère et son inconfort face à sa propre vie. Le rituel qui suivra la mort de sa mère, dont cet épisode au restaurant autrefois interdit, le Burger King, nous touche directement au coeur tant il est grotesque et pathétique à la fois.
Bien que les faits soient plus dramatiques qu'on pourrait le croire en début de représentation, l'humour ne nous quitte jamais et l’on sort de ce spectacle avec un air radieux, complètement charmé par la performance impressionnante de Fabien Dupuis, malgré sa blessure au pied qui, d'ailleurs, s'intègre parfaitement au spectacle. C'est une pièce attachante et rafraîchissante, qui nous dévoile surtout le talent certain et inattendu de son interprète pour l'écriture.