JERSEY BOYS raconte la vie des membres de Frankie Valli and The Four Seasons : Frankie Valli, Bob Gaudio, Tommy DeVito et Nick Massi. Il s’agit de l’histoire vraie détaillant comment un groupe de garçons de la classe ouvrière provenant d’un quartier peu recommandable est devenu l'une des plus grandes sensations de la musique pop américaine de tous les temps. Ils composaient leurs propres chansons, ils ont inventé leur propre son et ils ont vendu 175 millions d’albums à travers le monde – tout ça avant qu’ils aient 30 ans. Le spectacle inclut tous leurs succès, incluant “Sherry,” “Big Girls Don’t Cry,” “Oh What A Night,” “Walk Like A Man,” “Can’t Take My Eyes Off You” et “Working My Way Back To You.”
JERSEY BOYS a été présenté pour la première fois au théâtre August Wilson sur Broadway le 6 novembre 2005 et a été immédiatement acclamé par la critique. La tournée nationale américaine de JERSEY BOYS a débuté avec des critiques élogieuses à San Francisco le 1er décembre 2006 et elle fracasse encore des records d’assistance dans diverses villes à travers l’Amérique du Nord. JERSEY BOYS est présentement à l’affiche à New York, Las Vegas, Londres, en plus d’être en tournée nationale en Amérique du Nord. et en Grande-Bretagne.
Scénographie Klara Zieglerova
Conception des costumes Jess Goldstein
Conception des éclairages Howell Binkley
Conception sonore Steve Canyon Kennedy
Conception des projections Michael Clark
Conception des perruques et des coiffures Charles LaPointe
Orchestrations Steve Orich
Direction musicale, arrangements vocaux et musique de scène Ron Melrose
Durée du spectacle 2h35 incluant un entracte de 15 minutes
Billet de 25$ à 134$ (incluant taxes et frais de service)
Production de Dodger Theatricals, Joseph J. Grano, Tamara et Kevin Kinsella et Pelican Group, avec Latitude Link et Rick Steiner
Présenté par evenko et Broadway Across Canada
par Geneviève Germain
Selon le personnage de Tommy DeVito, un des membres fondateurs du groupe musical The Four Seasons, ce sont eux qui ont fait connaître le New Jersey : « We put Jersey on the map! ». C’est fort possible, puisque ce groupe qui a percé dans les années soixante a réussi à vendre plus de 100 millions de copies de ses albums. Leurs chansons ont été reprises à plus d’une occasion au fil des ans, dont l’exemple le plus probant est « Can’t take my eyes off of you », repris notamment par Frank Sinatra, Gloria Gaynor et Lauryn Hill. Plus récemment, Beggin’ était repris par le rappeur Madcon et December 1963 (Oh, What A Night) était repris et adapté par le chanteur français Yannick sous le titre Ces soirées-là. Il n’est donc pas étonnant que Broadway se soit intéressé à ce groupe qui a enchaîné les succès pendant plus d’une décennie.
Dans le musical Jersey Boys, on retrace l’histoire de Frankie Valli and The Four Seasons depuis leurs tout débuts. C’est Tommy DeVito (Nicolas Dromard) qui assure d’abord la narration en racontant ses déboires musicaux alors qu’il chantait avec le Variety Trio ainsi que sa rencontre avec Frankie Valli (Hayden Milanes), dont on dit dans le voisinage qu’il a la voix d’un ange. Tommy l’affirme d’emblée, il y a trois façons de sortir du New Jersey : joindre l’armée, joindre le crime organisé ou alors devenir une star. Même s’ils choisissent la troisième option, le crime ne reste jamais bien loin du groupe et la première partie de la pièce nous révèle leurs courts séjours en prison ainsi que les dettes de jeu que cumule Tommy.
Le groupe multiplie les changements de noms et de membres jusqu’au jour où Joe Pesci (oui, l’acteur de Goodfellas) présente Bob Gaudio (Drew Seely) au groupe, lequel avait déjà coécrit le hit Short Shorts alors qu’il faisait partie de The Royal Teens. Devenus The Four Lovers avec Nick Massi (Wes Hart) qui complète le quatuor, ils travaillent comme choristes pour Bob Crewe en espérant finalement pouvoir enregistrer leurs propres chansons. Il faudra attendre qu’ils échouent une audition pour jouer dans un salon de quilles pour qu’ils adoptent finalement le nom de cet endroit, The Four Seasons. En 1962, ils enregistrent la chanson Sherry qui atteindra la première place des palmarès. Ils cumulent par la suite les succès jusqu’à ce que Tommy, puis Nick, quittent le groupe. Bob Gaudio continuera à écrire pour Frankie qui continue ensuite de chanter sous le nom de Frankie Valli and The Four Seasons.
Plus d’une trentaine de chansons sont interprétées au cours de la présentation. On constate toutefois que les auteurs Mashall Brickman et Rick Elice ont voulu d’abord et avant tout raconter l’histoire de The Four Seasons, en évitant de réduire le récit au profit des chansons. D’ailleurs, plusieurs composantes plus personnelles des vécus des membres du groupe, particulièrement de Frankie Valli, sont mises de l’avant, telles ses rencontres amoureuses et la mort de sa fille Francine. Même si la narration est assurée au début par le personnage de DeVito, elle est ensuite reprise par chacun des autres membres du groupe au fil de la pièce, ajoutant à la richesse du récit. D’ailleurs, la structure même de la pièce fait un habile clin d’œil au nom du groupe en divisant le tout en quatre saisons.
La mise en scène de Des McAnuff nous offre plusieurs perspectives intéressantes lors des interprétations musicales : certaines sont offertes en plein cœur de l’action alors que les personnages se déplacent, d’autres sont plus classiques, face au public, et quelques chansons sont interprétées de biais pendant qu’une caméra filme le groupe, image que l’on peut voir sur le grand écran qui surplombe la scène. La perspective la plus intéressante est sans contredit lorsque le groupe fait carrément dos au public et qu’on se retrouve derrière les projecteurs, recréant ce qu’on pourrait voir depuis les coulisses du spectacle. Le décor évolue au fil des scènes, alors que les meubles et accessoires glissent sur la scène, puis repartent sans accrocs, et des images de style Pop Art sont projetées à certains moments, rappelant les années soixante.
L’interprétation de la troupe est rythmée et dynamique. La voix de Hayden Milanes atteint les mêmes notes aigües que celles auxquelles nous a habitués Frankie Valli, et Nicolas Drommard incarne Tommy DeVito avec aplomb. Le jeu est resserré et ne laisse aucune place aux temps morts. On comprend pourquoi Jersey Boys s’est vu décerner un Tony Award en 2006 et poursuit depuis sur sa lancée en effectuant une tournée mondiale.
Plusieurs têtes dodelinaient au cours de la présentation, sans toutefois susciter une plus grande participation du public qui n’a pas franchi le pas en frappant des mains ou en dansant, la salle Wilfrid-Pelletier n’invitant peut-être pas à de telles réactions. Il n’en demeure pas moins que Jersey Boys nous fait revisiter avec plaisir l’histoire et la musique du groupe The Four Seasons.