The Book of Mormon raconte l’histoire de deux jeunes missionnaires mormons, dont l’un rêve d’une mission à Orlando et l’autre pour qui l’Afrique se résume au Roi Lion, envoyés en Ouganda pour convertir la population d’un petit village. Mais les habitants n’ont rien à faire de leur discours. Ravagés par le SIDA, la famine et la guerre, ils sont fatalistes, désabusés et ne croient plus en rien au point de chanter un entraînant « Hasa Diga Eebowai » (Fuck you God !), et ce n’est que le début…
Conception des décors Scott Pask
Conception des costumes Ann Roth
Conception des éclairages Brian MacDevitt
Conception sonore Brian Ronan
Orchestrations Larry Hochman et Stephen Oremus
Direction musicale et arrangements vocaux Stephen Oremus.
Billet à compter de 25$ (incluant taxes et frais de service)
Durée: 2h25 incluant un entracte de 18 minutes
Présenté par evenko
Synopsis tiré du site regardencoulisses.com
par Daphné Bathalon
Après avoir remporté neuf prix Tony à sa création en 2011 et remporté depuis un immense succès partout où elle est passée, The Book of Mormon faisait un (trop) bref arrêt à Montréal, où elle a su séduire à leur tour des milliers de spectateurs. Il faut dire que les co-créateurs de South Park, qui signent cette comédie musicale grinçante, manient l'humour déjanté et irrévérencieux avec une habileté hors du commun. Leur critique sociale est lucide et leurs personnages, bien que caricaturaux, parviennent à nous embarquer dans leurs aventures loufoques.
Alors qu'il rêvait d'être envoyé à Orlando pour sa première mission d'évangélisation, le plus-que-parfait et sûr de lui Elder Kevin Price se retrouve plutôt en Ouganda, dans une Afrique qui ne ressemble en rien à celle du Lion King, flanqué du cancre de la classe, le rondouillard et mythomane Elder Arnold Cunningham, à la recherche d'amis plus que de révélations religieuses.
Dans cette production, aucun sujet, même aussi sensible que l'excision ou le SIDA, n'est tabou. Leur critique féroce de la religion démontre bien que les auteurs ont leur franc-parler, ce qui fait un bien fou en cette époque de rectitude politique! La comédie, intelligente et divertissante, ne se montre jamais gratuitement méchante et conserve un ton bon enfant malgré le sérieux des sujets abordés (famine, pauvreté, milice armée...). C'est sans doute le ton ludique de la comédie musicale et ses décors en carton-pâte qui permet à la production de traiter aussi librement de sujets délicats, surtout aux États-Unis, sans déclencher de levées de boucliers et d'appels à la censure.
La comédie musicale démarre en force avec le plus célèbre de ses numéros, où d'apprentis évangélistes pratiquent leur entrée en matière à coup de « Hello! » enthousiastes, mais faiblit sensiblement en fin de première partie. Heureusement, la seconde partie compte plusieurs numéros à s'en faire éclater les joues, notamment l'inoubliable rêve infernal de Elder Price, où dansent entre autres Hitler, Khan, le tueur en série Jeffrey Dahmer... et des tasses à café au logo bien reconnaissable. Le passage où le village ougandais recrée l'histoire du livre de mormon, telle que la leur a racontée le très imaginatif Elder Cunningham, est aussi un des moments forts de la seconde partie.
Sur scène, la distribution, menée tambour battant par les interprètes des deux jeunes évangélistes mormons, enchaîne les chorégraphies dynamiques, les chansons, les changements de décors et de costumes avec une belle aisance. Dans la peau du dodu et malaimé Elder Cunningham, Christopher John O'Neill fait preuve d'un sens du comique remarquable, maniant la pantomime et semant les références culturelles (The lord of the rings, Star Wars, The Lion King) comme autant de pépites à déguster. De son côté, Gavin Creel interprète le prometteur et très imbu de lui-même Elder Price avec toute la brillante confiance du jeune premier. Sa descente aux Enfers (littéralement) n'en est que d'autant plus réjouissante.
Pour apprécier pleinement les références et la critique sociale de The book of Mormon, il faut néanmoins avoir un excellent niveau en anglais, car la production, présentée sans sous-titres, déroule son texte à une vitesse folle, parfois presque enterrée par la musique. Une production à voir et à revoir donc pour découvrir tous les clins d'oeil et goûter tout l'humour du récit!