Annick et Tommy voient leur vie chamboulée lorsqu'une étrange voisine vient s'installer dans leur quartier. Elle vit seule avec un cheval et un petit singe, elle s'appelle Fifi Brindacier et personne ne lui dit quoi faire ! Avec elle, ils vivent mille aventures abracadabrantes et ne s'ennuient jamais ! Ils en viennent même à souhaiter que le père de Fifi, un pirate des mers du Nord, ne revienne jamais chercher sa fille. Mais ce n'est pas la seule menace qui pèse sur leur amitié : Tante Percilla, Présidente de la Protection des Mineurs, veut l'amener dans un orphelinat pour lui apprendre les bonnes manières. Avec le jeu pour seule arme, Fifi Brindacier fera tout pour préserver sa liberté, faisant d’elle la petite fille la plus forte du monde.
Assistance à la mise en scène Charlotte Gervais
Assistance à la direction technique
Andrée-Anne Pellerin
Conception des décors, marionnettes et accessoires
Diana Uribe
Conception des costumes
Laurence Gagnon
Conception sonore Nini Marcelle et Joseph Perrault
Confection des marionnettes Joannie D'Amours
Direction de production
Cynthia Bouchard-Gosselin
Direction technique
Julie Lebeau
Régie dans les parcs Jean Desmarais
Photo : Julie Beauchemin
Horaire
Ahunstic-Cartierville Anjou Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce Lachine Lasalle Le Plateau-Mont-Royal Le Sud-Ouest L’île-Bizard–Sainte-Geneviève Mercier–Hochelaga-Maisonneuve Montréal-Nord |
Notre-Dâme-de-Grâce Outremont Pierrefonds-Roxboro Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles Rosemont–La Petite-Patrie Saint-Laurent Saint-Léonard Verdun Ville-Marie Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension Horaire peut changer : http://laroulotte.accesculture.com |
Une productions de la ville de Montréal (La Roulotte) en collaboration avec l'École nationale de théâtre du Canada et le Conservatoire d'art dramatique de Montréal.
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par Olivier Dumas
Pour la présente saison estivale, La Roulotte propose une lumineuse et captivante relecture de Fifi Brindacier.
La production concoctée avec rigueur et minutie par Annie Ranger s’inscrit, par son traitement scénique, à la fois dans une continuité avec les réalisations antérieures du théâtre ambulant et dans une rupture salutaire par son propos plus tranché sur l’émancipation d’une fillette dans un monde sclérosé. Alors que des figures masculines avaient dominé les éditions précédentes (sauf en partie pour la Gretel du conte des frères Grimm en 2013), nous retrouvons ici l’intrépide héroïne créée en 1945 par l’écrivaine suédoise Astrid Lindgren. Avec ses habits bariolés, ses taches de rousseur et ses deux nattes rousses dressées, elle a marqué l’imaginaire de nombreuses générations par sa personnalité frondeuse. Haute comme trois pommes, l’orpheline d’une mère partie dans les étoiles démontre une hardiesse à défier un homme fort comme Louis Cyr lors d’une fête foraine. L’attachante gamine vit sans adulte dans une grande maison avec son cheval blanc picoté Oncle Alfred (dont on aurait apprécié une plus grande participation au récit) et son singe qu’elle enroule autour de son cou. Elle fraternise avec deux voisins de son âge Tommy et Annika, dont l’existence à l’allure militaire tranche avec son autonomie totale. En l’absence de son père pirate parti en mer braver les intempéries et les méchants, Fifi Brindacier doit composer avec de grandes personnes au service de l’ordre établi qui veulent la «remettre entre les mains d’une bonne famille respectable».
Durant l’heure de la représentation, le rythme ne faiblit jamais grâce à des interprètes enflammés, une mise en scène précise et un enrobage musical éclectique. Annie Ranger a tissé une trame narrative bien structurée avec sa succession de péripéties sans donner l’impression d’un collage de scènes. Pour les spectateurs et spectatrices qui connaissent la superbe œuvre télévisuelle germano-suédoise de la fin des années 1960 qui a fait par la suite les beaux jours du Canal Famille, la ressemblance entre Sophie Grenier (qui prête ici ses traits au personnage-titre) et la créatrice du rôle Inger Nilsson est confondante. Nous retrouvons les mêmes yeux à la lueur espiègle, le même sourire coquin aux dents proéminentes, tout comme l’allure volontaire et gaillarde.
Heureusement, la prestation de Grenier ne tombe pas dans le mimétisme. Dès son entrée en scène sur la mélodie d’une chanson-thème entraînante, et ce, jusqu’au dénouement, sa présence brille de mille et une étincelles grâce à ses réparties bien envoyées et ses mimiques qui ont interpellé un auditoire attentif à de nombreuses reprises. Ses partenaires de jeu démontrent également une souplesse effervescente dans des apparitions plus ponctuelles. Souvent cocasses dans ces rôles dont la fonction est surtout de démontrer l’étroitesse d’esprit des bien-pensants et leur assujettissement à des idéologies tantôt moralisatrices, tantôt infantilisantes, les acteurs s’illustrent par une gestuelle souvent près de l’esprit de la commedia dell’arte. Ils ne se gênent pas par ailleurs pour déclamer le texte avec une assurance réjouissante dans la voix, provoquant à coup sûr les rires. Le public adhère ainsi plus spontanément à la débrouillardise de Fifi Brindacier. Plus le ridicule des adultes est appuyé, plus le spectacle expose avec éclat son message pour la transgression des normes et le respect d’autrui sans forcer la note moralisatrice. Cet effet se traduit notamment lorsque deux agents de police surgissent à la résidence de la gamine afin de l’amener de force dans un foyer d’enfants. La course effrénée qui se termine sur le toit dévoile les nombreuses potentialités de l’espace de jeu réparti sur deux niveaux, un procédé déjà exploité avec talent par La Roulotte entre autres dans Pinocchio en 2011.
La conception sonore se révèle également d’un grand intérêt par son exploration de différents styles dans une mosaïque qui compose, malgré tout, un ensemble cohérent. Parfois teintés de la texture rock des groupes de garage avec des riffs de guitare (Brindacier a inspiré des égéries dans le mouvement punk des années 1980) et à d’autres moments par des teintes plus arabisantes, les airs entendus apportent du souffle à une pièce qui n’en manque pas.
Par son esprit indomptable à la Robinson Crusoé (mentionné à un moment précis dans l’histoire) et sa personnalité irrésistible, Fifi Brindacier constitue à elle seule une parfaite créature théâtrale. La Roulotte et ses artisans nous la font merveilleusement revivre sans nostalgie, avec un aplomb indémodable et intemporel.