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Du 7 au 26 octobre 2014, 20h
Sexe ManiaSexeMania
Texte et mise en scène Guillaume Lapierre-Desnoyers
Avec Martin Boily et Marie-Ève Perron

Inspirée de l’atmosphère glauque d’un bar de danseuses dans un quartier
amoché de Montréal, SexeMania est la collision frontale et inattendue de deux êtres « multipoqués ». L’espace d’un instant, d’un regard éloquent, une connexion : leurs destins sont liés. Une rencontre improbable, pour le meilleur et pour le pire.

Avec sa langue à la fois crue et poétique, SexeMania est une réflexion sur l’intimité à l’heure où la vie privée est diffusée à grande échelle et où le sexe s’affiche partout en ville. Est-ce plus facile de déchirer sa petite culotte en public que de se montrer véritablement vulnérable ? Jusqu’où va la nudité ? Et à qui l’offrir ? Ces questions sur le sens du dévoilement et sur la distance à l’autre se répercutent dans SexeMania, grâce à une mise en scène intimiste.

Dans ce monde dur fait de solitude et de désenchantement, la beauté, la douceur et l’amour sont-ils accessibles aux êtres meurtris ? SexeMania est l’histoire d’une rencontre brutale et tendre, comme la vie.

Stuko-Théâtre est une micro-compagnie de création pour qui une présentation théâtrale se doit d’établir un lien de proximité entre les artistes sur scène et le public. Tous réunis dans un cube noir pour vivre quelque chose ensemble. Chaque représentation se veut un moment unique.


Conception Angela Rassenti, Alexi Rioux et Marie-Aube St-Amand-Duplessis

Carte Prem1ères
Date Premières : 7 au 11 octobre 2014
Régulier : 25$
Carte premières : 12,50$

À la porte, argent comptant seulement

Production Stuko-Théâtre


Espace 4001
4001, rue Berri
Billetterie : 514-285-4545 poste 1 ou www.lavitrine.com



Dates antérieures

Juin 2011, Fringe

 
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 Critique
Critique

par Marie-Luce Gervais


Crédit photo : Francis Tousignant

Comment interpréter les relations humaines quand on travaille dans l’industrie du sexe? Comment aborder l’amour quand ta solitude est si grande, que le seul contact peau à peau de la caissière qui te rend ta monnaie provoque en toi tout un émoi? Quand deux âmes déchirées s’entrechoquent et se reconnaissent, faut-il fuir ou vaut-il mieux faire confiance au destin qui les a réunis? Sexe mania, c’est un peu ça… En fait, c’est tout ça, avec une part de réponses et une de doutes. C’est la banale histoire d’un homme et d’une femme, de leur rencontre, de leur crainte d’aimer mêlée à ce profond besoin de tendresse, de leurs désirs de se laisser aller avec une incapacité à le faire. C’est l’heureux malaise universel qu’engendre la première rencontre avec un coup de foudre.

Dans un quartier glauque de Montréal, une jeune femme, visiblement amochée et vêtue légèrement, brise sa clef dans la serrure de son appartement à une heure avancée du soir. Son voisin vient l’aider, leurs regards se croisent et le sort en est jeté! Il la recueille chez lui dans l’attente d’un serrurier qui ne viendra jamais. S’ensuit alors une longue nuit de discussions anodines, de silences lourds, d’apprivoisement et de révélations.

Les personnages, interprétés avec justesse par Marie-Ève Perron (Elle) et Martin Boily (Lui), sont extrêmement attachants. Loin des stéréotypes, Perron incarne une danseuse nue d’une grande fragilité, habitée d’un désespoir palpable et dont le regard sur la vie est des plus poétiques, bien que désillusionné. Ses yeux tristes et vides, et sa voix à la fois cristalline et éraillée confèrent une profondeur au personnage qui donne envie d’aller la serrer dans nos bras. Boily, pour sa part, est l’incarnation de l’éternel célibataire malhabile avec les femmes. Malgré un désespoir et une solitude tangibles, ses malaises, ponctués d’hésitations bien mesurées, et son cynisme provoquent des rires qui allègent l’atmosphère.

La scénographie d’Angela Rassenti converge avec l’ambiance glauque de l’univers de la pièce. On y expose les véritables murs de la salle, avec les tuyaux, les projecteurs et les fils qui dépassent. Sur scène, l’appartement d’un célibataire avec juste ce qu’il faut de bordel est divisé par des pendrions en plastiques transparents qui rappellent le côté chic artificiel des bars de danseuses nues. Les éclairages, de Marie-Aube St-Amant-Duplessis, s’y reflètent, créant une ambiance sombre et feutrée. L’environnement sonore, créé par Alexi Rioux, vient soutenir l’action sans l’alourdir. Bien qu’un peu monolithique, le texte de Guillaume Lapierre-Desnoyers est à la fois cru, poétique et imagé. On se surprend à être suspendu à la fois aux mots, mais aussi aux silences lourds de sens.

Sexe mania, c’est l’incursion dans l’univers intime de deux personnages très touchants, c’est une incroyable performance d’acteurs, c’est un visuel impressionnant, c'est la réflexion sur la place de l’amour véritable dans une société où l’industrie du sexe est omniprésente.

10-10-2014