Au-delà du nez rouge, des souliers démesurés, des couleurs bariolées et de la bouche grimée, le clown relève d’un art véritable qui évolue entre poésie et tragédie, abordant toutes les nuances de l’humour, du plus grinçant au franchement désopilant.
S’inspirant des icônes du xxe siècle, Carnages met en scène sept clowns-comédiens squattant un théâtre désert, qui s’inventent un ordre nouveau. Entouré des complices qui fréquentent sa compagnie depuis les débuts en 1986, l’auteur et metteur en scène François Cervantes pose un regard amoureux sur tout le répertoire clownesque. Des vieux numéros des augustes en passant par les entrées en piste de cirque jusqu’aux passages de music-hall, c’est un riche héritage qui reprend vie sous nos yeux.
Par sa facture nettement théâtrale, Carnages met en lumière la sensibilité particulière du clown et nous présente des figures attachantes et plutôt rares – hommes et femmes, jeunes et vieux – dressant un portrait unique de l’art clownesque qui éblouit par tant de poésie.
Créée en 1986 par François Cervantes, la compagnie « L’entreprise » cherche à créer un langage qui raconterait le monde d’aujourd’hui, sans frontières, débarrassé des différences culturelles avec un lien entre tradition et création, le verbe et le corps avec toujours le même objectif : s’adresser directement aux spectateurs. À la croisée des disciplines (poésie, théâtre, littérature, art clownesque, art de la marionnette…), ses spectacles se trouvent toujours à osciller entre le réel et l’imaginaire, l’origine du théâtre et la scène contemporaine.
Lumière Christophe Bruyas
Son Xavier Brousse
Scénographie François Cervantes,
Christophe Bruyas et Xavier Brousse
Musique
Johannes Brahms (Werke für Chor und orcheter)/ Semaine Sainte à Séville)
Fanfare Pourpour
Durée 85 minutes
Audience - déconseillé aux moins de 13 ans
Tarifs
(Taxes et frais de services inclus)
32$ - 40$ Régulier
25$ - 34$ Étudiants et 25 ans et moins
15$ - 20$ 15 ans et moins
30$ Mordus (Catégorie 1)
Une production L'Entreprise / Cie François Cervantes
En coproduction avec
Marseille Provence (2013 Capitale européenne de la Culture),
LA MC2 Grenoble,
Friche la belle de Mai et
Domaine d'O Montpellier
Sur une scène épurée et sombre, une clownesse entre prudemment. Elle explore les environs, puis les éléments scéniques, à la fois amusée et intriguée. Un autre clown entre alors en scène, affublé d’une multitude d’objets hétéroclites. Ils attendent, mais quoi ? Godot ? Apparaissent alors peu à peu divers personnages clownesques, sortis des rideaux, d’un sceau ou des coulisses. Ils courent, dansent, rêvent timidement d’avoir des conversations, jouent, se prennent pour des dieux, explorent le théâtre et décident d’y élire domicile. Voilà, sommairement, le contenu de Carnages.
Les personnages sont attachants, les dialogues, naïfs. L’interprétation, bien que monocorde, touche à une certaine justesse et il en émane une belle sensibilité propre à l’art clownesque. Les interactions, non sans rappeler les jeux d’enfants dans une cour d’école ou à la maternelle, procurent un divertissement relatif qui poussent parfois jusqu’au sourire. Le moment fort du spectacle survient lorsqu’une peluche devient un véritable chien qui se promène sur scène et vole la vedette aux personnages le temps d’un instant. L’humour est à la fois absurde, candide et facile. Les actions sont simples, répétitives, mais manquent d’audace. On a longtemps l’impression de tourner en rond sans avoir véritablement de clef. À la fin, un sens plus ou moins clair, voir artificiel, émerge de cette mascarade lorsque l’un des clowns affirme vouloir vivre, et renaît de ces « limbes » en humain départi de son maquillage et de son nez rouge de clown.
Si le spectacle est malgré tout plutôt charmant dans l’ensemble, bien que long par moment, il est étonnement sage par rapport à son titre Carnages. Aucun massacre, aucune destruction, aucune remise en question ou critique majeure ; qu’une camaraderie enfantine plutôt sage qui se développe parmi ces personnages marginaux entre deux dialogues à saveur vaguement pseudo-philosophique.