Un bric-à-brac d’objets hétéroclites, chaos majestueux qui occupe chaque recoin de la scène comme les atomes emplissent tout l’espace. Soudain, le corps d’un homme se met en mouvement, se disloque, trébuche, se relève puis s’écroule, entrainant dans sa chute le monde qui l’entoure. Dans un simulacre de perte de contrôle, les corps des six interprètes se meuvent avec une fluidité acrobatique entre les éléments qui ne cessent de tomber ou de se briser alors même qu’ils s’y accrochent. Une course à obstacles où tout va de travers dans une spirale sans fin jusqu’au dénouement: le dénuement total.
Éloge de la déconstruction, ce spectacle entre cirque, danse et théâtre, se déroule selon un engrenage réglé au quart de tour, suivant une logique loufoque.
L’immédiat est le fruit d’une recherche de l’esthétique et du mouvement, où rythme et scénographie sont intimement liés.
En 2002, Camille Boitel, qui vient de remporter la première édition des "Jeunes Talents Cirque" crée la compagnie lamereboitel. Il met alors en scène le spectacle "L'Homme de Hus", leur premier spectacle. La compagnie change de nom pour l'immédiat et met en scène un spectacle éponyme. Camille Boitel développe des projets à la croisée du théâtre physique, de la performance circassienne où le corps et le mouvement sont les vecteurs des ces spectacles bouleversés et débordants.
Préparation technique Jacques-Benoît Dardant
Construction Toute l’équipe de l’immédiat avec l’aide de Jérémie Garry, Benoît Finker (et lumière), Martin Gautron, Martine Staerk
Assistante à la mise en scène Alice Boitel
Coups d’oeil Nicole Gautier
Durée 70 minutes
Audience - déconseillé aux moins de 8 ans
Dans le cadre de MONTRÉAL EN LUMIÈRE
Tarifs
(Taxes et frais de services inclus)
25$- 30$ - 40$ Régulier
21,25$ - 25,50$ - 34$ Étudiants et 25 ans et moins
15$ - 15$ - 20$ 15 ans et moins
30$ Mordus (Catégorie 1)
Production et diffusion l’immédiat Si par hasard
Coproduction Base de lancement : le merlan, Scène nationale à Marseille; appareillage au théâtre de la cité internationale ; Soulèvement au manège Scène nationale de Reims
Ce sont les mots de Camille Boitel, concepteur de L’immédiat, cet étrange spectacle mêlant théâtre, art clownesque et danse, qui a pris l’affiche pour quelques jours à la Tohu.
Quelque part, quelqu’un rentre chez lui et se défait de ses affaires (manteau, mallette, clés, souliers…), mais chacun de ses gestes accentue le désagrégement de son petit univers, un crochet tombe, un pan de mur s’écrase au sol, une table perd ses pattes... L’écroulement devient ensuite de plus en plus général. Dans un premier tableau visuellement impressionnant, on assiste alors à la destruction inéluctable et systématique du décor et des installations scéniques, une destruction qui se transporte même jusque dans les coulisses et un chaos qui fait bien sûr rire le public aux éclats!
Dans le vaste champ de débris résultant de cette démolition en règle, une fois toute notion d’équilibre déconstruite, les personnages sont contraints de chercher un nouvel équilibre, par tâtonnements et explorations. Et c’est là que la coproduction française, signée L’immédiat et Si par hasard, prend tout son intérêt.
Alors que le ressort comique de L’immédiat naît de la maladresse des personnages et de leur malaise dans un monde où les règles de l’équilibre sont changeantes, le spectacle est au contraire maîtrisé au geste près. Les corps se trouvent là où il le faut pour apparaître et disparaître derrière des paravents, sous un rideau, un meuble ou dans une armoire, ou pour éviter la chute d’un objet très contondant sous l’emprise de la gravité. Une force gravitationnelle à laquelle semblent pourtant échapper par moments les acrobates… Ils démontrent tous une incroyable adresse et un sens du synchronisme irréprochable. Leurs corps tout entiers se tendent vers un certain équilibre, qui ne va pas toujours de pair avec l’univers dans lequel ils se trouvent. Parfois écrasés par une forte et pesante paresse, incapables de se mouvoir autrement que comme s’ils étaient dépourvus de toute ossature et musculature; parfois si obliques par rapport au reste du monde que celui-ci doit finalement s’adapter à cet angle insolite, les corps semblent établir de nouvelles règles. Camille Boitel joue avec notre propre perception de l’équilibre et nous maintient pendant tout le spectacle entre émerveillement et incrédulité.
Spectacle sans paroles, L’immédiat joue continuellement sur les effets de surprises et les ressorts comiques des corps qui surgissent des endroits les plus imprévus, une dynamique qui devient par moments répétitive, mais qui n’en demeure pas moins efficace.
Alors que le désordre initial avait été promptement balayé hors scène (ou sous le tapis!), il reprend peu à peu ses droits au fil du spectacle et envahit de nouveau l’espace, jusqu’à la toute fin, où les huit acrobates l’érigent en un immense monument fait d’objets et de meubles hétéroclites qui finissent empilés les uns sur les autres dans un équilibre qu’on devine toujours aussi précaire. Une image avec laquelle on repart en quittant la salle.
Au milieu de ce chaos magnifiquement orchestré, il fait bon s’accrocher à la certitude (mais en est-elle vraiment une?) que l’on est en contrôle de notre propre équilibre, bien assis dans notre siège de théâtre.