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Du 8 au 15 mai 2016, 19h30 sauf dimanche 16h
Poésie, sandwich et autres soirs qui penchent
Avec Nathalie Breuer, Anne-Marie Cadieux, Bénédicte Décary, Maxime Denommée, Sylvie Drapeau, Francis Ducharme, Kathleen Fortin, Stéphane Gagnon, Maxim Gaudette, Esther Gaudette, Roger La Rue, Simon Lacroix, Benoit Landry, Zacharie Le Blanc, Julie Le Breton, Mylène Mackay, Loui Mauffette, Pascale Montpetit, Iannicko N'Doua, Patricia Nolin, Catherine Paquin-Béchard, Sébastien Ricard, Jérémi Roy, Emmanuel Schwartz, Loïk Vezeau
Et en alternance
Bernard Adamus, Marion Barot, Philippe Brach, Émilie Gilbert, Steve Laplante, Gabriel Lemire, Fanny Mallette, Ariane Moffatt, Yves Morin, Yann Perreau, Hubert Proulx, Gilles Renaud, Eric Robidoux, Mani Soleymanlou.

Depuis sa création en 2006, et à chacune de ses représentations, ce fulgurant spectacle de poésie provoque le même tsunami d’amour. À la demande générale, Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent est présenté à nouveau, en mai 2016 ; une série de représentations soulignant les 10 ans de ce joyeux bordel de mots, à la fois débridé et festif.

Une scène nue, une immense table, une vingtaine de convives et un banquet de poèmes. Au-dessus, autour et sous cette table, des comédiens, chanteurs, danseurs et musiciens se lancent des mots comme on trinque à l’amitié.

Au programme, quelques spleens, des pas de danse, sandwichs, vodka, beaucoup de poésie, de Jim Morrison à Marguerite Duras, de Patrice Desbiens à Marina Tsvetaïeva, de Jean Genet à James Joyce, en passant par Jean-Sébastien Larouche, Marie Uguay, Claude Gauvreau,  Maya Angelou, Arthur Rimbaud, Attila József, Émile Nelligan, Geneviève Desrosiers, Samuel Beckett, Tony Tremblay, encore plus de musique au menu, et bien sûr… un peu de Guy Mauffette.


Section vidéo


 

Billets 49,24$, tt inclus

Production Attitude locomotive


Cinquième salle de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112
 
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Critique

Jusqu’au 15 mai prochain, l’ultime édition du spectacle Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent investit la Cinquième salle de la Place des arts. Ce projet, initié par Loui Mauffette en 2006, consiste en un clin d’œil au Cabaret du soir qui penche,que son père, le poète Guy Mauffette, a organisé entre 1960 et 1973. Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent se présente comme une « stonerie poétique » où une trentaine d’artistes célèbrent le plaisir des mots en lisant des textes consacrés, comme ceux de Rimbaud, Musset ou Joyce, tout en accordant une grande place à la poésie québécoise de Marie Uguay, Jean-Paul Daoust ou Gaston Miron. Au total, une cinquantaine de textes sont lus, puisés dans un répertoire poétique, théâtral, musical et chorégraphique.


Crédit photo : Yves Renaud

Autour d’une longue table de bois disposée au centre de la scène, Loui Mauffette a voulu reconstituer les soirées de son enfance où des invités s’entassaient autour de la table pour discuter, rire, boire et fêter. Cette ambiance festive s’installe dès le début du spectacle, alors que le jeune Loïk Vezeau, debout sur le table, récite un extrait du poème Enivrez-vous de Baudelaire avec toute sa candeur d’enfants. S’en suit une bataille de feuilles de papier jouissive, installant un désordre sur scène à l’image de l’éclectisme du répertoire choisi pour cette dixième édition de l’événement. Car si plusieurs poèmes font partie du spectacle depuis la première mouture du spectacle, plusieurs changements ont été apportés avec les années. Ainsi, l’interprétation d’Anne-Marie Cadieux du poème d’Hélène Monette Ma raison de vivre : Rita mon p’tit lapin en nanane prenait par exemple un tout autre sens avec le décès de l’auteure l’année dernière.

Bien que le spectacle ait maintenant une facture très théâtrale, on y retrouve encore des traces de sa genèse au Festival international de littérature (FIL) en 2006.  Chacun des auteurs des textes récités est mentionné au cours du spectacle, de manière à ce que le public puisse savoir exactement de qui il entend les vers. L’importance du geste de lecture est également mise de l’avant, alors que les interprètes lisent plutôt que récitent les textes qu’ils doivent livrer.

Si la rencontre entre les univers des auteurs et ceux des interprètes donne parfois lieu à de belles découvertes – notamment la poésie de Patrice Desbiens déclamée par Bernard Adamus –, il est également intéressant d’entendre certains auteurs lire leurs propres textes. À ce titre, Sylvie Drapeau se démarque dans sa lecture d’extraits de son roman à caractère autobiographique Le fleuve.

La musique (piano, contrebasse, guitare, percussions) joue un rôle de premier plan dans la réussite du spectacle, accompagnant parfois les artistes dans leur lecture, ou servant de transition entre les tableaux. L’interprétation humoristique de Simon Lacroix de Pour faire le portrait d’un oiseau, de Jacques Prévert, accompagné au piano par Benoît Landry, a d’ailleurs fait beaucoup rire les spectateurs, alors que celle du célèbre Répondeur de Dédé Fortin par Sébastien Ricard a tiré des larmes à plusieurs. Ajoutons que c’est la musique d’un gramophone qui accompagne le début de l’entracte, tandis que L’hymne à la joie de Beethoven clôt le spectacle et proclame le début de la dégustation de sandwichs.

Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent propose une rencontre avec les mots, mais également avec les artistes, puisque chacune des soirées se termine avec une invitation lancée au public à se joindre à l’équipe de création pour boire de la vodka et manger des « sandwichs pas de croûte ». Facile de comprendre pourquoi ce spectacle connaît un aussi grand succès année après année auprès d’un public sans cesse élargi. L’arrêt de ce « roadtrip poétique », qui n’a pas son pareil dans le paysage théâtral actuel, créera sans doute un grand vide chez tous les amoureux de la culture.

11-05-2016