« On raconte qu’il y a dix ans, une étrange histoire s’est déroulée à Montréal. Vous vous rappelez?
C’était un été chaud, caniculaire même...
Alors que les enfants ont l’habitude de prendre d’assaut le moindre point d’eau, la piscine du quartier est étrangement déserte. C’est que dans le filtreur de la piscine, des créatures grotesques, gluantes et terrorisantes ont élu domicile et volent maillots de bain à quiconque s’aventure dans l’eau. Voilà que personne n’ose aller se baigner par peur d’être déculotté! Laéra, Zoé et Hamid en ont assez! Ils ont tellement chaud! Et ils doivent répéter leurs chorégraphies de nage synchro pour la grande compétition de fin d’été. N’écoutant que leur courage, ils plongent dans l’eau chlorée à la rencontre des créatures malignes. C’est une histoire d’amitié, une aventure rocambolesque au coeur des parcs de Montréal. »
Assistance à la mise en scène : Andrée-Anne Pellerin
Conception du décor : Catherine Goerner Potvin
Assistance au décor : Robin Brazill
Aide au décor : Marie-Ève Fortier
Conception des costumes : Lorena Trigos
Assistance aux costumes : Oleksandra Lykova et Sophia Graziani
Conception sonore : Éric Forget
Confection des marionnettes : Joannie D’amours
Direction de production : Maude St-Pierre
Direction technique : Alex Gauvin
Assistance à la direction technique : Mathieu Cardin
Régie dans les parcs : Jean Desmarais
Photo Julie Beauchemi
Horaire 2016
Ahunstic-Cartierville Anjou Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce Lachine Lasalle Le Plateau-Mont-Royal Le Sud-Ouest L’île-Bizard–Sainte-Geneviève Mercier–Hochelaga-Maisonneuve Montréal-Nord |
Notre-Dâme-de-Grâce Outremont Pierrefonds-Roxboro Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles Rosemont–La Petite-Patrie Saint-Laurent Saint-Léonard Verdun Ville-Marie Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension Horaire peut changer : http://laroulotte.accesculture.com |
Avant le passage de La Roulotte, et dans le but d’explorer un aspect de la pièce et d’initier les enfants à l’univers théâtral, des ateliers parent-enfant sont offerts dans les bibliothèques d’arrondissement.
Gratuit/ Places limitées / Réservations requises : laroulotte.accesculture.com
Une productions de la ville de Montréal (La Roulotte) en collaboration avec l'École nationale de théâtre du Canada et le Conservatoire d'art dramatique de Montréal.
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Gratuit - annulé en cas de pluie
Après avoir donné de nouvelles vies aux célèbres Fifi Brindacier, Peter Pan ou encore à Pinocchio, le Théâtre de La Roulotte propose cette fois-ci à une création. Écrite par la dramaturge prometteuse Lauriane Derouin, la pièce Les Déculottés séduit par ses accents fantaisistes et son propos actuel.
À l’une des représentations au Parc Beaubien, les dizaines de gamins ont réagi avec enthousiasme aux péripéties de personnages inédits qu’ils découvraient pour la toute première fois. À un moment précis, ils ont lancé avec force, en chœur, un retentissant «derrière toi», pour avertir l’héroïne d’une présence menaçante.
Pour la présente œuvre, l’auteure a remporté son deuxième prix d’écriture. Le premier lui avait été attribué pour Les Malpeignés, son intéressant baptême scénique présenté en période frisquette de janvier à la Maison Théâtre. Le choix de ses titres démontre déjà chez elle une inclination pour les individus qui secouent le cocotier et osent renverser des situations jugées inacceptables. L’intrigue des Déculottés s’inspire d’ailleurs d’un fait réel survenu à Montréal il y a environ une dizaine d’années, alors que de nombreuses piscines municipales étaient fermées pour cause d’insalubrité. Quelques pointes de critiques sociales surgissent à l’occasion durant le spectacle, mais c’est le ton burlesque qui domine l’ensemble, tout en évoquant, par les couleurs éclatantes, les précédentes productions de La Roulotte.
Pendant près d’une heure, nous faisons la connaissance d’un trio d’amis composé de deux filles et d’un garçon, soit Laéra, Zoé et Hamid. Mais juste avant leur arrivée, un loufoque monsieur, affublé d’une paire de lunettes noires, d’un protubérant nez et d’une petite moustache, s’avance sur la scène pour lancer des vociférations volontairement inaudibles. Après cette brève apparition cocasse, l’intrigue focalise sur les trois comparses, impatients de profiter de l’été et des baignades les jours de canicule. Or, une porte cadenassée empêche l’accès à leur piscine de quartier. Dans le filtreur de cette dernière, une bande d’êtres grotesques, connus sous le nom des «gluants», squattent le lieu, en plus de se prendre pour les maîtres du monde souterrain. Ces esprits malins se sont emparés des maillots de bain de ceux et celles qui ont récemment plongé dans l’eau chlorée de l’endroit. Victimes de leurs manigances, les intrépides aventuriers désirent rétablir la justice pour tous les nageurs de la métropole.
Malgré le dynamisme du spectacle, l’intrigue prend tout de même un certain temps avant d’interpeller directement son auditoire. De plus, les personnalités des deux fillettes gagneraient à être plus différentes l’une par rapport à l’autre pour susciter une plus grande adhésion. Fort heureusement, leurs liens avec Hamid, qui révèle entre-temps souffrir de rejet en raison de ses origines culturelles, évoluent au cours de l’histoire de manière assez touchante. Entre deux répliques plus loufoques, Derouin aborde ainsi l’enjeu de la différence avec finesse. À l’opposé du Fifi Brindacier de l’été 2015 qui se distinguait par sa facture plus fragmentée comme dans une série télévisuelle, l’intrigue des Déculottés témoigne d’une progression dramatique plus développée. Par contre le dénouement s’avère prévisible, et aussi expéditif quant au sort final des «gluants».
Les confrontations entre les deux clans antagoniques ne manquent pourtant pas de piquant. Elles se répercutent surtout lors des scènes avec la dame des «gluants». Celle-ci porte des fringues excentriques, dans un croisement entre une Tortue Ninga et une créature qui semble sortie de l’émission La Boite à Surprise. L’ambiguïté de cette entremetteuse, à la fois attachante et intrigante, atteint son paroxysme lorsqu’elle interroge directement le public. Aidera-t-elle sa nouvelle amie à récupérer ses biens ou plutôt la trahira-t-elle en lui dérobant son maillot pour satisfaire son chef pernicieux? De la bouche des enfants, les réponses spontanées fusent sans ambivalence.
Isabelle Leblanc réussit habilement à transposer sur l’espace extérieur toutes ces péripéties opposant le bien public aux tentations égocentriques d’être mesquins. Les différents paliers de la scène sont utilisés de la même manière que dans les mises en scène antérieures (par d’autres collaborateurs, toutefois) de la compagnie ambulante. Le quintette de comédiens (José Dufour, Sandrine Lemieux, Frédérick Tremblay, Zoé Tremblay et Rebecca Vachon) font preuve d’une énergie engageante à la fois dans leurs réparties vives et dans les extraits de chant durant lesquels se font entendre des musiques rythmées.
La plume de l’écrivaine fusionne sans difficulté d’incisives expressions du langage populaire, quelques jeux de mots faciles sur le «450» et certains passages plus poétiques («assez de larmes salées pour remplir toutes les piscines»). Lors des prochaines semaines de la saison chaude, les jeunes (et moins jeunes) spectateurs apprécieront sans aucun doute ces Déculottés aux vertus rafraîchissantes.