Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
28-29-30 avril 2016, 20h
The Seasons / Mamihlapinatapai / Gnawa

The Seasons

Chorégraphie Édouard Lock
Musique originale The Seasons, Gavin Bryars, performance sur scène par Percorso Ensemble, dirigé par Ricardo Bologna
Direction musicale Ricardo Bologna
Scénographie Armand Vaillancourt
Costumes Liz Vandal (femme), Édouard Lock (homme)
Première par SPCD Teatro Castro Mendes, São Paulo, 2014

Le célèbre fondateur de La La La Human Steps revisite Les Quatre Saisons de Vivaldi en complicité avec le compositeur Gavin Bryars. Au fil de 12 tableaux évoquant les 12 mois de l’année, il soumet 12 danseurs à la vitesse vertigineuse et à l’extrême précision de sa gestuelle vive, angulaire et ondulatoire. Inondant la scène d’un clair-obscur dont il a le secret, il chorégraphie la lumière pour créer d’hallucinants effets d’accéléré et renforcer l’impact de ralentis soudains. Un pur délice accentué par une scénographie d’Armand Vaillancourt.


Mamihlapinatapai

Chorégraphie Jomar Mesquita
Assistant à la chorégraphie Rodrigo de Castro
Musique Marina de La Riva, composée par Silvio Rodrígues (Te Amaré Y Después), Rodrigo Leão (No Se Nada), Cris Scabello (Final theme), Cartola, Grupo Planetangos (As Rosas não Falam)
Costumes Claudia Schapiro
Lumière Joyce Drummond
Crédit photo Arnaldo J.G. Torres.
Première par SPCD Teatro GEO, São Paulo, 2012

Mamihlapinatapai, mot issu d’une langue amérindienne, bat le record Guinness du vocable le plus succinct traduisant une idée des plus complexes. Il décrit « un regard partagé entre deux personnes qui espèrent chacune que l’autre va prendre l’initiative de quelque chose que les deux désirent, mais qu’aucune ne veut commencer. » Et c’est précisément le thème de cette œuvre du Brésilien Jomar Mesquita, directeur de la Mimulus Dance Company, qui évoque le désir amoureux avec quatre couples dans une déconstruction lascive des danses sociales de son pays.


Gnawa

Chorégraphie Nacho Duato
Musique Hassan Hakmoun, Adam Rudolph, Juan Alberto Arteche, Javier Paxariño, Rabih Abou-Khalil, Velez, Kusur e Sarkissian
Costume Luis Devota, Modesto Lomba
Lumière Nicolás Fischtel
Re-mise en scène Hilde Koch, Tony Fabre (1964-2013)
Organisation et production originale Carlos Iturrioz Mediart Producciones SL (Espagne)
Photo : Alceu Bett
Première mondiale 2005, Hubbard Street Dance Chicago, Chicago
Première par SPCD Sérgio Cardoso Theater, São Paulo, 2009

Figure majeure du ballet contemporain européen, l’Espagnol Nacho Duato est réputé pour sa danse fluide et son intérêt pour les grandes questions existentielles. Avec 14 danseurs, il nous entraîne sur les bords de la Méditerranée à la rencontre des descendants du peuple gnawa et de ses pratiques spirituelles. Usant habilement des quatre éléments pour illustrer la relation avec les forces supérieures de l’univers, il crée une danse élégante, sensuelle et harmonieuse, qui se déploie dans une atmosphère orientale et sur une musique hypnotique.


Section vidéo


Durée du spectacle 2h

Production Sao Paulo Companhia de Dança


Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112
 
______________________________________
            
Critique

The Seasons, Mamihlapinatapai, Gnawa ; un spectacle en trois volets qui montre la virtuosité de la compagnie brésilienne Sao Paulo Companhia de Dança, dont les danseurs, avec une technique pointue et imparable, changent aisément de registres et d’univers. Au fil des mouvements, on voyage à travers les cultures et les émotions.

The Seasons

Cordes en noir et blanc

Ce spectacle nous emmène dans une ambiance cinématographique grâce à un beau travail de jeux de lumière, qui fait tantôt disparaître les visages, tantôt apparaître les corps dans un beau clair-obscur. Les mouvements, notamment des bras et mains, sont très rapides, évoquant parfois le langage des signes. Les corps sont en tension comme les cordes des instruments des Saisons de Vivaldi, dont le Montréalais Edouard Lock a choisi d’illustrer la musique. La rapidité des mouvements qui tranche parfois avec le rythme plus lent évoque l’urgence du temps qui passe immuablement au fil des saisons...

Au milieu de ces tableaux à deux, trois ou douze danseurs vêtus de noir et à la gestuelle syncopée, on plonge dans une ambiance de film muet de la fin du XIXe siècle, où l’image semble parfois accélérée - Lock est également réalisateur et photographe, des talents qu’on retrouve dans sa chorégraphie et mise en scène. Les costumes tranchent aussi par leur modernité, justaucorps géométriques ou vestes de costume. On assiste ici à une heure d’une très belle création entre deux époques, avec des tableaux travaillés et léchés portés par la puissance de Vivaldi.

Mamihlapinatapai

Corps-à-corps latins

Après l’entracte, on bascule d’un monde noir et blanc vers un univers chaud et tout en couleurs. Sur des musiques évoquant le tango, la samba ou le flamenco avec des chants lascifs, on suit des duos de danseurs évoluer seuls ou à plusieurs sur la scène, dans des tenues excentriques de rouge, mauve ou orange. Les jambes s’enlacent, les bras se nouent, et les quatre couples ne forment plus qu’un corps qui crée des boucles et des arabesques.

Les mouvements de ballet deviennent sensuels, romantiques et envoûtants ; cette danse, c’est le désir entre homme et femme et la recherche de l’autre. Entre deux morceaux de musique, on entend dans le silence le claquement des pointes sur le sol et la respiration des danseurs. On retrouve des éléments de danses de salon classiques, sur lesquelles le chorégraphe Jomar Mesquita concentre ses recherches, mêlés à des acrobaties gracieuses et des portés puissants.

Gnawa

Ondulations orientales

Sous des lumières tantôt orangées comme le désert et tantôt bleutées comme la mer, les danseurs évoluent sur des musiques aux influences berbères. Entre la représentation des éléments et celle du corps humain tout en pureté, via des costumes sobres de couleurs noir ou chair, l’atmosphère est très spirituelle, évoquant la rencontre de l’homme avec l’univers. Pour cette chorégraphie, l’Espagnol Nacho Duato s’est inspiré de la nature de son pays et des paysages de Valencia.

De nombreuses influences se retrouvent ici, entre la technique de ballet, les mouvements plus contemporains et les influences africaines. On retrouve aussi les danses orientales en groupe, qui séparent hommes et femmes et les font évoluer en miroir. Les tableaux plus rythmés et en groupe s’alternent avec d’envoûtants passages en duo sur une simple mélodie de flûte orientale. On vibre quand les mains claquent, quand les corps ondoient comme des serpents... Ovation debout largement méritée.

01-05-2016