Fractals of YouLors de son passage à Danse Danse en 2014, le tandem Tentacle Tribe nous avait conquis avec la gestuelle organique et innovante de sa fusion de danses urbaines et contemporaine. Toujours d’une fluidité extrême et en parfaite symbiose avec l’environnement sonore, Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund s’aventurent plus loin sur les chemins de l’harmonie avec les images mouvantes du peintre Gene Pendon. Mandalas et autres images symboliques envahissent l’espace et teintent leur corps. Dans ce paysage onirique, les opposés s’affirment pour mieux se fondre : ombre et lumière, angles et courbes, masculin et féminin, vitesse et lenteur… Une fantasmagorie visuelle, un voyage intérieur d’une beauté envoûtante qui ouvre l’imaginaire et éveille les sens.
Conception éclairage et direction technique Benoit Larivière.
Animation et stop-motion Gene Pendon.
Compositeur Andres Vial.
Vidéaste Stefan Verna.
Oeil externe Helen Simard
Projection Nans Bortuzzo
Durée 1h
Tarif : à partir de 38$
Rencontre post-spectacle avec les artistes
Vendredi 18 novembre 2016
Production Tentacle Tribe
Section vidéo
Après avoir exploré la physique quantique dans Nobody Likes A Pixelated Squid, présenté par Danse Danse en 2014, le duo Tentacle Tribe (Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund) présente sa nouvelle création Fractals of You, inspirée de la notion de fractale. En géométrie, les fractales consistent en des structures qui se répètent au sein d’un même élément. Les flocons de neige et les poupées russes en sont de bons exemples.
Crédit photo : Malin Grönborg
Dès le début de la création de Fractals of You, Lê Phan et Höglund ont fait appel à Gene Pendon, un artiste visuel dont le travail est fortement influencé par la culture urbaine et le hip-hop. On lui doit d’ailleurs plusieurs murales dans les rues de Montréal. Il a créé pour le spectacle des animations en noir et blanc qui prennent la forme de mandalas en mouvement avec lesquels les danseurs peuvent interagir. L’abstraction des motifs projetés sur un rideau semi-opaque donne l’impression au spectateur qu’il a accès aux idées qui se chamboulent dans la tête des interprètes. Cet effet est malheureusement brisé à quelques reprises avec des images figuratives – des feuilles, des mains – dont le caractère trop illustratif vient court-circuiter la poésie des premiers dessins. Toutefois, lorsque projetés sur les corps des danseurs, certains motifs figurant leurs organes (un cœur, des poumons) produisent un bel effet qui rappelle les radiographies médicales.
Les deux interprètes démontrent une bonne maîtrise de leur art grâce à une chorégraphie privilégiant une fusion de différentes techniques gestuelles empruntées au breakdance, à la capoeira, au hip-hop et à la danse contemporaine. On sent l’influence des arts martiaux, que Höglund a d’ailleurs étudiés plusieurs années. La conceptrice de costumes Lola Atta a choisi d’affubler les deux danseurs d’un imperméable beige, permettant plusieurs jeux de miroir, mais aussi des moments où les corps semblent fusionner pour transformer les interprètes en une sorte de créature protéiforme.
Les deux interprètes jouent avec la temporalité – accélérations, ralentis, répétitions, rembobinages – en mélangeant des mouvements fluides, organiques et circulaires, ainsi que des mouvements plus saccadés. La première intervention de Lê Phan est particulièrement réussie, alors qu’elle se prête au jeu de la marionnette, laissant son partenaire contrôler chacun de ses membres par des ficelles imaginaires. La précision avec laquelle ses mouvements répondent à ceux de Höglund frôle la perfection. Toutefois, le raffinement technique observable au début de la pièce s’essouffle rapidement et fait place à des mouvements aux intentions floues. Peut-être que le recours à l’improvisation, qui a pourtant bien fonctionné pour les deux premiers spectacles de la compagnie, a cette fois mal servi la pièce.
Si la démarche de Fractals of You est très intéressante, le résultat n’est pas à la hauteur des qualités techniques et esthétiques des deux premières créations du duo de créateurs. Cette nouvelle pièce ne rend pas justice au grand talent des deux danseurs.