New-yorkais natif de Porto Rico, Bryan Arias s’abreuve autant aux sources de danses populaires qu’à celles des grands chorégraphes contemporains qui ont marqué sa carrière de danseur tels Jiří Kylián, Ohad Naharin et Crystal Pite. Chorégraphe émergent, il s’impose dans les festivals les plus prestigieux, séduisant par le raffinement de sa gestuelle et par des œuvres qui vont droit au cœur. Ses thèmes de prédilection sont la condition humaine, les relations, la quête identitaire. En quatuor avec des interprètes triés sur le volet, il fusionne les styles afin de créer un langage spécifique pour cette toute nouvelle création. Tissant des atmosphères de rêve pour illustrer nos désirs et nos peurs, il met en scène nos paradoxes et use de l’humour pour desserrer l’étau de nos stéréotypes. À découvrir.
Durée 1h
Tarif : à partir de 38$
Rencontre post-spectacle avec les artistes
Vendredi 14 octobre 2016
Production Arias Company
Section vidéo
En 2013, Bryan Arias choisit de mettre en veilleuse sa carrière de danseur le temps de fonder sa propre compagnie à New York. Ayant dansé pour d’éminents chorégraphes comme Jiri Kylian, Ohad Naharin et Crystal Pite, ou encore pour le prestigieux Nederland Dans Theater, Arias avait envie de faire sa marque comme chorégraphe. De passage à Montréal pour la première fois, la Arias Company envahit la Cinquième salle de la Place des arts jusqu’au 15 octobre pour présenter A rather lovely thing, une œuvre qui aborde l’importance des relations humaines dans la construction de l’identité.
La nouvelle création de Bryan Arias porte la trace de ses origines, mais aussi de la diversité des styles de danse qu’il a pratiqués. Le hip-hop, le ballet, la salsa et la danse africaine fusionnent pour former une succession de tableaux éclectiques où quatre interprètes virtuoses montrent l’étendue de leur talent de danseurs, d’acteurs et d’acrobates.
A rather lovely thing débute dans l’obscurité, par une lente déambulation autour de la scène, durant laquelle Bryan Arias, Spenser Theberge et Ana Maria Luciaciu jouent à déplacer une chaise modulable en la dépliant à répétition. Puis, ils imbriquent leur corps à l’intérieur comme s’ils dansaient avec elle, usant de leur flexibilité comme des contorsionnistes de cirque. Au même moment, Jermaine Spivey apparaît à l’avant de la scène affublé d’un masque de vieillard en papier mâché. Le contraste de cette tête avec la fluidité et la rapidité des mouvements du danseur crée un effet d’étrangeté très réussi. Le même jeu est d’ailleurs repris plus tard dans le spectacle, alors que les quatre danseurs s’échangent un masque similaire durant une danse aux allures de gigue contemporaine, créant cette fois une atmosphère tout autre, marquée par l’humour et le ludisme.
Outre la qualité du tableau d’ouverture, mentionnons le duo de Jermaine Spivey et Ana Maria Luciaciu qui offrent une danse lascive tout à fait maîtrisée où le rêve et la réalité se confondent. Malgré son caractère léché et un peu fleur bleue, ce passage ne peut que séduire les romantiques dans la salle.
La pièce se déroule dans une scénographie dépouillée : une fenêtre, un nuage éclairé par un fil descendu du plafond et une corde à linge permettant les changements de costumes à vue. Sur de la musique remixée de Bach, Offenbach, Alexander Jones et Max Richter, combinée à des bruits ambiants amplifiés, les quatre danseurs se livrent à des jeux de fusion et de répulsion où chaque mouvement est précisément répété. Le spectacle se termine sur un solo d’Arias, qui danse sur un texte récité, puis chanté par Nina Simone, jusqu’à s’étendre sur le sol pour y rester immobile.
A rather lovely thing a toutes les qualités des pièces majeures de la danse contemporaine. La réputation de Bryan Arias était déjà bien solide comme interprète, mais son potentiel chorégraphique ne fait que commencer à se dévoiler. Sa seconde création est la preuve que son vécu et ses expériences professionnelles lui ont donné la maturité suffisante pour faire sa place parmi les grands chorégraphes actuels.