Les danseurs du Ballet BC nous avaient éblouis à leur premier passage ; ils reprennent d’assaut la scène montréalaise dans trois univers chorégraphiques fascinants. Emily Molnar, la directrice artistique de la compagnie, nous offre en ouverture 16 + a room, présentée pour la première fois au Canada avec le Ballet BC en octobre 2013. L’intense et percutant duo Sharon Eyal & Gai Behar puise quant à lui l’inspiration de Bill dans le corps et l’instinct pour créer la magie d’un monde surréel réglé comme une horloge. Une oeuvre phare de ces créateurs à la signature hautement picturale. De son côté, Crystal Pite déploie ses chaînes humaines et ses corps élastiques sur des sonates de Brahms dans Solo Echo. Du groupe de danseurs, elle fait naître de délicates formes qui portent l’émotion. Trois excellentes raisons de succomber à la tentation.
16 + a room
Chorégraphie Emily Molnar. Musique Dirk P. Haubrich.
Solo Echo
Chorégraphie Crystal Pite. Musique Johannes Brahms.
Bill
Chorégraphie Sharon Eyal. Musique Ori Lichtik
Durée 2h
Tarif : à partir de 36,50$
Rencontre post-spectacle avec les artistes
Vendredi 7 avril 2017
Production Ballet BC
Section vidéo
Pour son passage à Montréal, la compagnie Ballet BC propose un programme triple à la signature toute féminine. Les univers d’Emily Molnar, de Crystal Pite et de Sharon Eyle se conjuguent dans un spectacle éclectique et festif présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts.
En ouverture de soirée, Emily Molnar, qui dirige la compagnie Ballet BC depuis 2009, présente 16 + A Room. La danseuse et chorégraphe canadienne s’est inspirée de la poésie des auteures Jeannette Winterson et Emily Dickinson pour créer une œuvre où les duos alternent avec des tableaux de groupes donnant l’impression d’une marée humaine sur scène. La pièce met en valeur la virtuosité de treize danseurs, qui multiplient les sauts et les glissements, tout en brandissant à plusieurs reprises des pancartes « This is a beginning » et « This is not the end ». Sur une musique répétitive composée par Dirk Haubrich, les danseurs oscillent entre des mouvements lents et d’autres, très rapides, créant un contraste rythmique intéressant qui dynamise la chorégraphie. À certains moments, la musique s’interrompt par des distorsions et des sons stridents qui brisent la fluidité apparente de l’atmosphère musicale et qui tranchent avec la sobriété des éclairages bleutés de James Proudfoot.
Puis, la soirée se poursuit avec Solo Echo, chorégraphié par Crystal Pite. Dans une atmosphère plus onirique, les interprètes dansent sur deux sonates pour violoncelle et piano de Johannes Brahms. Sur un écran rectangulaire, une vidéo montre de la neige qui tombe, redoublée par des flocons qui s’accumulent sur la scène également. La pièce explore les notions de conflit, d’isolement et de retrouvailles. À la manière d’une chaîne humaine élastique, les sept danseurs restent souvent attachés ensemble, décortiquant les mouvements à la manière d’une image décomposée. Puis, les corps tendus à l’extrême se relâchent pour s’effondrer au sol. Plus narratif que 16 + A Room, Solo Echo mélange les solos parfaitement exécutés et les enchaînements collectifs visuellement magnifiques.
C’est avec une chorégraphie beaucoup plus ludique que s’achève la soirée, soit la pièce Bill, conçue par Sharon Eyle et le performeur Gai Behar. Habillés avec des costumes moulants de couleur chair, les danseurs se transforment en mannequins rigides aux mouvements saccadés. Dans un registre totalement différent des deux pièces qui la précède, Bill exploite de manière parodique les codes de la danse. Les danseurs multiplient les cris, les larges mouvements de bassin et les postures animales. La musique composée par Ori Lichtik accompagne ce rituel hypnotique avec des rythmes percussifs. Les seize danseurs semblent grandement s’amuser dans cette chorégraphie théâtrale et humoristique, qui déclenche de multiples rires dans la salle.
Les trois œuvres du triptyque explorent l’androgynie des danseurs grâce à des costumes unisexes et à des mouvements qui exploitent la répétition et l’imitation. Elles montrent également la grande polyvalence de la compagnie Ballet BC, qui excelle dans la variété des univers chorégraphiques qui prennent vie sur scène. Avec beaucoup d’originalité, la conjugaison des trois pièces au programme fait ressortir la richesse et la beauté de la danse contemporaine.