Nées d’un père tibétain et d’une mère québécoise, Chloé et Jade Barshee composent une touchante œuvre d’autofiction en quête de leur propre identité. Conjuguant anecdotes, monologues poétiques, archives vidéographiques, Bâtardes vous plonge dans un univers théâtral où le réel et l’imaginaire se confondent.

Théâtre Everest est une compagnie théâtrale, mais avant tout, un projet familial des sœurs Barshee : Chloé, Fanny et Jade. Leur pratique théâtrale s’inscrit dans le contexte social tel qu’il est aujourd’hui : un Québec contemporain dans lequel différentes réalités culturelles cohabitent et s’entrecroisent.

De Chloé et Jade Barshee

À quelle culture s’identifier quand tu es à la fois d’ici et d’ailleurs? Quand, comme le chante Stromae, « bâtard, tu es et tu le resteras »? Que répondre à ceux qui s’exclament sans nécessairement de malice « quand tu parles, ta voix matche pas avec ta face »?

Dans Bâtardes, les sœurs Jade et Chloé Barshee, nées au Québec de père tibétain et de mère québécoise, répondent avec humour, franchise et beaucoup de sensibilité à la question qui leur revient constamment aux oreilles : « Tu viens d’où? »

Crédit photos : Jules Bédard

Première création du Théâtre Everest (fondé par les sœurs en 2016), Bâtardes aura mis deux ans à éclore, d’un laboratoire théâtral présenté au Fringe en 2016 jusqu’à la résidence de création cette année au Studio 303.

Écrite par Jade Barshee et co-mise en scène par les deux jeunes femmes, la pièce est la somme d’un million de pistes soulevées par leur quête identitaire, depuis les archives familiales, à Bromont, jusqu’à Dharamsala, en Inde. L’œuvre, toute personnelle, mêle joyeusement souvenirs d’enfance, vidéos, anecdotes, envolées poétiques, récits de voyage, faits historiques… et même apparitions d’une créature aux allures de yak (présence énergique de Mathieu Beauséjour). C’est au fil de leurs confidences, sur un ton lucide et surtout plein d’autodérision, que la trame identitaire des Barshee se compose.

Naviguant habilement entre la réalité et la fiction, la pièce s’adresse à celui qui vient d’ailleurs aussi bien qu’à celui qui est d’ici, se penchant en toute simplicité sur la notion d’identité culturelle et personnelle, sur la famille et sur ce qui nous définit.

La production nous invite avec une grande générosité à suivre les sœurs dans un voyage aussi réfléchi que divertissant et qui nous parle tantôt du Dalaï-lama-coup-de-cœur-Renaud-Bray, tantôt du soulèvement des Tibétains en 1959. À mi-chemin entre récit autobiographique et réflexions sur l’attachement à une culture, à un territoire, à une langue ou à une certaine idée de la spiritualité, Bâtardes fait réfléchir, mais aussi beaucoup rire. Une première production prometteuse pour la jeune compagnie.