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Répertoire
22, 23 et 24 février 2018, 20h

Figure iconique de la danse américaine, Martha Graham a laissé au public un legs fabuleux : ses ballets. La Martha Graham Dance Company perpétue une histoire de la danse conjuguée au présent, entre répertoire et création.

En créant en 1926 la Martha Graham Dance Company, la chorégraphe ne se doutait peut-être pas qu’elle allait laisser son empreinte sur le XXe siècle des arts. Elle a profondément bouleversé les codes de la représentation, prenant ses distances avec le ballet classique. Après la disparition de sa créatrice, la compagnie a dû se réinventer. Aujourd’hui, la Martha Graham Dance Company continue de se produire, forte de ce répertoire unique en son genre – de Clytemnestre à Lamentation, de Night Journey à Maple Leaf Rag. Mais cette troupe a voulu aller plus loin, passant commande à des chorégraphes actuels comme Sidi Larbi Cherkaoui, Nacho Duato, Annie-B Parson ou Pontus Lidberg. Une manière de perpétuer l’esprit Graham. Cette soirée composée de plusieurs pièces du répertoire de cette compagnie emblématique témoigne d’un art plus vivant que jamais.


Crédits supplémentaires et autres informations

 

Durée à déterminer

Tarifs à partir de 39$

Rencontre avec les artistes 23 février 2018

Production Martha Graham Dance Company


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Critique disponible
            
Critique

Crédit photo : Brigid Pierce Photography


Crédit photo : Brigid Pierce Photography


Crédit photo : Christopher Jones Photography

Martha Graham est une figure emblématique de la danse moderne, qui a marqué le 20e siècle au même titre qu’Einstein ou Picasso dans leurs domaines respectifs. Ses pièces sont caractérisées par une forte dramaturgie, ainsi que par un travail du corps centré sur les mouvements du bassin, qu’elle considère comme le centre de toutes les pulsions. Fortement inspirée par la psychanalyse, Graham a chorégraphié 181 œuvres qui ont tracé la voie à des artistes aussi importants que Merce Cunningham ou Paul Taylor.

Le spectacle s’articule en quatre parties mélangeant le répertoire de Martha Graham avec des créations contemporaines inspirées par son esthétique. Ces œuvres illustrent bien l’évolution de la pensée de la danseuse, tout en rendant hommage à son héritage chorégraphique.

La soirée débute avec Chronicle, créé en 1936 au Guild Theater de New York en réaction à la montée du fascisme en Europe. Cette pièce en trois tableaux, considérée comme « une déclaration antiguerre pour 11 femmes indomptables », est l’une des rares œuvres politiques de l’artiste (mentionnons qu’à cette époque, la Martha Graham Company était encore entièrement féminine). Dans le premier tableau évoquant les prémices de la guerre, la danseuse porte une longue robe noire et rouge qui rappelle les couleurs du nazisme. Ce costume, conçu par Graham elle-même, prolonge le corps de la danseuse et s’inscrit au cœur de la chorégraphie qui met en valeur la souplesse et l’amplitude de l’interprète. Le second tableau rappelle plutôt la dévastation qu’entraîne la guerre, avec des pas saccadés et répétitifs qui favorisent les mouvements de groupe. Rassemblant 10 danseuses qui s’exécutent sur une musique aux accents militaires, cette chorégraphie fait directement référence aux parades victorieuses des soldats dans les villes ennemies, ou encore aux prosternations dociles des combattants. Dans un autre registre, le dernier tableau véhicule l’espoir de retrouver un nouvel équilibre salvateur.

La seconde partie du spectacle s’articule autour du solo Lamentation, dansé par Graham dans les années 1930 et conservé sur pellicule. Suite à la projection de la vidéo originale permettant de voir la danseuse en action, le spectacle se poursuit avec la présentation de trois « variations » inspirées de ce solo iconique. Dans la première, conçue par Doug Varone, cinq hommes assis sur un banc glissent au sol, s’enlacent et se repoussent en exécutant des mouvements parfaitement fluides. Aszure Barton choisit plutôt de mettre en valeur l’oscillation entre contractions et relâchements au cœur du solo de Graham. Puis, Larry Keigwin propose plutôt une danse poétique où quatre duos de danseurs jouent avec des codes du ballet classique.

La danseuse Virginie Mécène s’est servie de photos et de notes écrites par Martha Graham pour reconstituer Ekstasis, un des solos les plus illustres de la chorégraphe américaine datant de 1933. Cette œuvre marque un tournant dans la recherche chorégraphique de Graham, qui y expérimentait alors un geste de poussée pelvienne la menant à élaborer différentes œuvres appartenant ensuite à ce qu’elle a qualifié de « cycle de distorsions ». C’est aussi à cette période que la chorégraphe a pris conscience de la relation qu’entretient le torse avec les hanches, les épaules et le pelvis. En reprenant Ekstasis, Mécène rend hommage à cette œuvre marquante de Graham.Avec sa robe fuseau moulante, son corps filiforme et sa technique irréprochable, la danseuse donne l’impression d’être une statue antique en mouvement.

La dernière pièce de la soirée consiste en une création récente du chorégraphe marocain-flamand Sidi Larbi Cherkaoui, qui signera également le spectacle de clôture de la saison 2017-2018 de Danse Danse. Dans Mosaic, Cherkaoui s’inspire du rituel et du sacré qui traverse une partie du répertoire de Martha Graham. Sur de la musique moyen-orientale, il rassemble des danseurs de diverses cultures pour aborder la question de l’identité. Les costumes amples aux couleurs chaudes transportent le public dans un univers complètement différent de celui que l’on associe à Martha Graham. On reconnaît toutefois son langage chorégraphique dans le traitement du bassin et dans l’articulation des différentes parties du haut du corps.

Répertoire est une occasion unique de découvrir l’esthétique de la danseuse, chorégraphe et pédagogue Martha Graham, ainsi que de mesurer le poids de son héritage.

23-02-2018
 

Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112 - placedesarts.com

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