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Sutra
3, 4, 5, 8 et 9 mai 2018, 20h

Un spectacle unique avec 19 moines bouddhistes maîtres de kung-fu, 5 musiciens et... 21 boîtes en bois ! À l’occasion de ses 20 ans, Danse Danse présente à nouveau cette pièce incontournable qui a marqué l’imaginaire des spectateurs. Une œuvre anniversaire !

Fort de ses succès répétés depuis son premier opus, Rien de rien, Sidi Larbi Cherkaoui a voulu prendre du recul au milieu des années 2000 en séjournant plusieurs mois au temple de Shaolin en Chine. Mais le chorégraphe n’est pas resté en méditation bien longtemps. L’envie d’un spectacle avec ces moines experts en arts martiaux rencontrés sur place allait donner Sutra, une pérégrination aussi intime que spectaculaire. Dans le décor mobile du sculpteur et plasticien Antony Gormley, constitué de boîtes en bois, et sur la partition de Szymon Brzóska, Larbi met en scène des acrobaties empreintes de rigueur et de spiritualité, des démonstrations chorégraphiques à la beauté tranquille. Un voyage initiatique en quelque sorte, porté par une troupe de jeunes disciples. Dans le regard de Sidi Larbi Cherkaoui, les montagnes célestes deviennent des paysages mouvants.


Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui


Crédits supplémentaires et autres informations

Durée 1h10

Tarifs à partir de 39$

Rencontre avec les artistes 4 et 9 mai 2018

Production Sadler's Wells


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Critique disponible
            
Critique

Dix ans après sa création en 2009, le spectacle Sutra de la compagnie londonienne Sandler’s Wells revient à Montréal au Théâtre Maisonneuve. Conçu par le chorégraphe flamand-marocain Sidi Larbi Cherkaoui, Sutra mélange la danse et le kung-fu afin de proposer un spectacle réunissant 19 moines bouddhistes et 5 musiciens. C’est lors d’un séjour au temple Shaolin, un temple bouddhiste fondé en 495 sur le mont Song en Chine, que Cherkaoui a eu l’idée du spectacle.


Crédit photo : Andrée Lanthier

L’essentiel du dispositif scénographique de Sutra réside dans les 21 boîtes de bois conçues par le sculpteur et plasticien britannique Antony Gormley, avec qui Cherkaoui a travaillé à plusieurs reprises. D’une grande polyvalence, ces structures permettent de reconfigurer sans cesse l’espace pour évoquer des arbres, des cercueils, des vagues ou encore des monuments. Grâce à leur solidité et leur poids, les boîtes permettent aussi de créer des images fortes et des effets visuels impressionnants. C’est le cas lorsque les moines placent les structures de bois en position verticale et pénètrent dans celles-ci, avant que l’un d’entre eux fasse basculer sa boîte sur la suivante, créant ainsi un effet domino dont le choc bruyant ne vient pourtant pas troubler l’impassibilité des interprètes. À plusieurs moments clés du spectacle, le positionnement des boîtes est également reproduit en modèle réduit sur le sol de la scène par le danseur Ali Thabet, qui agit à la fois comme narrateur et maître d’œuvre du spectacle. En effet, Sutra s’affiche comme une histoire racontée à un enfant, dont certains passages sont incarnés sur scène par les moines. À cet effet, l’interprète qui attire le plus l’attention du public est sans conteste l’enfant-moine, dont la virtuosité dépasse l’entendement. Aussi à l’aise pour multiplier les culbutes que pour les scènes de combat, il grimpe sans problème sur les blocs qui le dépassent largement en grandeur et se contorsionne dans l’exiguïté des boîtes. Avec un grand sens de l’humour, il joue du contraste entre l’agilité de son corps « frêle » et la prestance du groupe de moines expérimentés.

Sutra fait ressortir la parenté que les arts martiaux entretiennent avec la danse, non seulement à cause de l’extrême maîtrise de leur corps que doivent avoir les interprètes, mais aussi de la précision des chorégraphies sollicitant souvent des mouvements exécutés à la chaîne. La vingtaine de danseurs se croisent à un rythme effréné, parfois même dans des scènes de combats où ils manipulent des bâtons de bois ou des lances de métal. Ces tableaux alternent avec d’autres, plus contemplatifs, qui rappellent plutôt l’aspect rituel du kung-fu et la dimension spirituelle qui guide la démarche des moines. Grâce et brutalité se mélangent donc, sur une musique traditionnelle chinoise pour cordes, piano et percussions composée par Szymon Brzoska et interprétée en direct sur scène.

D’un spectacle à l’autre, Sidi Lerbi Cherkaoui développe un langage chorégraphique sans cesse renouvelé. Maintenant directeur du Ballet royal de Flandre, il s’est taillé une place parmi les plus grands chorégraphes d’Europe, ayant notamment travaillé avec Alain Platel (Les Ballets C de la B), Anne Teresa De Keersmaeker et Akram Khan. Le spectacle Sutra est un magnifique exemple de modes d’expression qui se rencontrent pour créer un spectacle sublime et inspirant.

04-05-2018
 

Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112 - placedesarts.com

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