Le Théâtre du Vaisseau d’Or présente en reprise, pour une semaine seulement, VÉNUS À LA FOURRURE, de David Ives.
Pièce à succès de Broadway, ce duel à huis clos intense se révèle être une comédie à la fois sulfureuse, brillante et … terrorisante!
Thomas cherche la perle rare pour jouer le rôle-titre féminin de son adaptation du célèbre roman «La Vénus à la fourrure » de Léopold von Sacher-Masoch. En pleine tempête, après une journée d’auditions infructueuses, Thomas est surpris par Vanda, une jeune actrice insaisissable et étonnante. Elle prend littéralement le théâtre (et Thomas!) d’assaut. Elle tentera le tout pour le tout. Qui est cette femme?
Un cocktail théâtral ludique et pétillant qui parle : de théâtre, d’amour, de désir, de littérature et bien sûr, des rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes... Duel comique et sensuel à huis clos parfois dangereux mais toujours brillant, la pièce est présentée dans un contexte intimiste et immersif qui saura « charmer » les spectateurs.
Texte David Ives
Traduction Maryse Warda
Mise en scène Vincent Côté
Avec Sofia Blondin et Vincent Côté
Crédits supplémentaires et autres informations
Éclairages: Vincent Lavigne
Costumes et régie: Jonathan T. Saucier
Crédit photo Pedro Ruiz
TARIFS (taxes incluses)
Adultes : 25$
Étudiants - UDA - 65 + : 20$
Groupes (10 et +) : 17$ par personne
Une production Théâtre du Vaisseau d'Or
www.facebook.com/venusalafourrure
La pièce de théâtre Vénus à la fourrure de David Ives se veut en quelque sorte une critique du roman du même titre de Leopold von Sacher-Masoch. Dans le texte original, Sacher-Masoch raconte l’histoire d’un homme qui se lie par contrat à une femme, contrat stipulant qu’il se soumet entièrement à elle, en échange de quoi, la femme ne se vêtira que d’une fourrure et aura une attitude bestiale à son égard. Masoch, précurseur du masochisme, établit ainsi un climat de domination et de manipulation visant l’atteinte d’un plaisir sexuel.
Dans cette fiction autobiographique, l’auteur raconte, à travers son personnage, un événement marquant de son enfance, soit le moment où l’une de ses tantes l’aurait déshabillé et étendu dans une fourrure pour mieux lui donner la fessée, moment qui serait probablement à l’origine de son fétichisme. Dans le livre, le rêve se mêle à la réalité, des divinités grecques se juxtaposent aux personnages et la frontière entre jeu et supplice est mince.
La pièce est une mise en abyme dans laquelle un metteur en scène, Thomas, veut monter la pièce Vénus à la fourrure et est découragé de ne pas trouver la comédienne qui incarnera sa Wanda. Une jeune femme flamboyante, qui se prénomme également Wanda, arrive en retard à l’audition et s’impose au jeune homme. Stéréotype ambulant, l’actrice se montre grossière, paumée, intense, aguicheuse, naïve et à la limite du stupide. Dans une évolution prévisible, elle séduira le metteur en scène par son jeu juste et gracieux, et, à l’instar du livre de Sader-Masoch, il s’installera un jeu de pouvoir et de domination entre le metteur en scène et la comédienne. Ce qui nous est présenté est donc la longue répétition d’une pièce n’existant pas vraiment dans laquelle les personnages décrochent à l’occasion pour commenter l’œuvre originale. Et question de compliquer davantage les choses, les personnages de la fausse pièce et les personnages de la vraie pièce se confondent entre eux, les rôles s’échangent et le tout est mené vers une catharsis nébuleuse où finalement la réalité n’est pas vraiment celle que l’on croyait.
Le texte, écrit par David Ives, est très long, soit deux heures sans entractes, et tourne considérablement en rond. Il est difficile de saisir ce que l’auteur a voulu faire avec cette pièce. Une critique du texte original ? Les commentaires, du type « Wow c’est vraiment sexiste », n’approfondissent pas la réflexion et n’offrent pas d’analyse ; il n’y a donc pas de critique à proprement parler. Peut-être a-t-il voulu rendre hommage ? Le morcellement de l’histoire originale qui déteint tranquillement sur la répétition improvisée des personnages-acteurs rend le tout conceptuel au détriment du texte original. Et le concept mine la tension dramatique en prenant toute la place. Souhaitait-il démontrer que le rapport metteur en scène-comédien peut parfois s’apparenter au sadomasochisme ? Au bout de trente minutes, tout a été largement démontré ; que fait-on alors de l’heure et demie restante ? Au final, le spectacle devient une répétition complaisante entre une comédienne et un metteur en scène sans qu’il y ait de contenu véritable. Il n’y a que dans les cinq dernières minutes, bien que ce soit tiré par les cheveux, où il se passe véritablement quelque chose.
De par ses changements de ton abrupts et par sa lente transposition entre les divers niveaux de réalité, ce texte exige une grande précision de la part des acteurs et ça, Sofia Blondin (Wanda) et Vincent Côté (Thomas) l’atteignent avec brio. La mise en scène, également de Vincent Côté, est relativement simple, mais efficace. Il joue avec le lieu et profite de sa théâtralité ; les acteurs descendent de scène pour manipuler une fausse console, un présentoir de costumes est visible à l’arrière-scène et le chariot élévateur servant à accrocher les projecteurs est présent sur scène.
Adapter une œuvre existante ou la réécrire, c’est vouloir pousser la réflexion plus loin que l’auteur original ou, du moins, lui donner un point de vue différent, sinon, à quoi bon reproduire ce qui existe déjà ? C’est d’autant plus vrai lorsque l’œuvre en question a révolutionné tout un genre au point de léguer son nom à une nouvelle pratique. Si Vénus à la fourrure de David Ives, présentée par le Théâtre du Vaisseau d’or, ne prend pas vraiment position par rapport à l’œuvre originale de Sader-Masoch, le concept peut être divertissant et la performance des acteurs rachètent un peu le manque de contenu.