Pour explore la vulnérabilité et la force des femmes, en révélant à tous, toutes les formes de douleur que les femmes peuvent endurer, et auxquelles la société n’accorde que peu de crédit. Une œuvre sombre mais où pour la première fois, joie et célébration s’immiscent doucement.
Proposé initialement à La Chapelle – Scènes Contemporaines en septembre 2016, puis dans le cadre du Festival TransAmériques en 2017, Pour a été présenté en 2017 et 2018 dans une grande tournée internationale : à Paris (FR), Marseille (FR), Helsinki (FI), Stavanger et Bergen (NO), Vancouver (BC), Barcelone et Madrid (SP), Prague (République Tchèque) ou encore Bruxelles (Belgique). Avant l’Agora en 2019, le spectacle sera présenté à Toronto (ON) et aussi à La Rotonde, Québec (QC).
L’œuvre qui attire donc l’intérêt du public, a été aussi saluée par la critique : Rose Carine Henriquez, journaliste pour Nevros’arts écrivait à propos de l’œuvre : « Les images invoquées par Ashbee sont frappantes, travaillées pour évoquer, trouver une résonance dans celui qui reçoit la pièce. […]Le défi que représente ce solo a été brillamment relevé, avec une force qui sied bien au propos. »
Rappelons que Daina Ashbee a reçu en 2016, deux récompenses aux Prix de la danse de Montréal dont celle du Prix DÉCOUVERTE (Agora/Tangente) et celle du Prix de la meilleure œuvre chorégraphique (CALQ) pour WHEN THE ICE MELTS, WILL WE DRINK THE WATER? présentée en 2017 à l’Agora. Suite à cette représentation, son interprète Esther Gaudette a reçu le prix de la danse catégorie Interprète (RQD) en 2017. À noter aussi que Paige Culley a reçu, cette même année, le Prix DÉCOUVERTE des Prix de la danse de Montréal, notamment pour son interprétation dans Pour.
Création, chorégraphie, et décors Daina Ashbee
Interprète Paige Culley
Interprète stagiaire Emilie Morin
Crédits supplémentaires et autres informations
Conception sonore Jean-François Blouin
Conception lumières Hugo Dalphond
Regards Extérieurs Andrew Tay, Angélique Willkie
Danseurs 2015 – 2016 Paige Culley, Stéphanie Fromentin, Clara Furey, Esther Gaudette, Emilie Morin
Producteur délégué CCOV
Photo Daina Ashbee
Durée 60 minutes
Tarifs 22$, 28$ | 29$, 35$
Parole d’artiste : 2 mai, après la représentation
Production Daina Ashbee
Résidence de création La Chapelle
Présentation Agora de la danse
critique publiée en 2016
Après avoir remporté un grand succès avec son spectacle Unrelated (finaliste du prix du CALQ dans la catégorie « Œuvre de la relève à Montréal » 2015), Daina Ashbee revient à La Chapelle pour y présenter Pour (« verser » ou « couler », en français). Avec cette nouvelle création, la chorégraphe de descendance crie et métisse cherche à explorer la relation complexe des femmes à leur cycle menstruel en proposant une danse lente et répétitive proche du rituel, où l’endurance de la danseuse Paige Culley est mise à rude épreuve.
C’est dans l’obscurité que les spectateurs sont invités à s’asseoir dans la salle, alors qu’une silhouette se dessine déjà sur scène. De longs cris stridents et angoissants percent ponctuellement la salle, interrompant quelques secondes le murmure des spectateurs. Puis, les lumières s’éteignent et c’est par l’ouïe que le public devine les mouvements de l’interprète, dont on entend les pas résonner discrètement lorsqu’elle se déplace sur scène. Une lumière aveuglante illumine soudainement la salle et laisse voir Paige Culley, torse nu, qui se tient debout très près des premières rangées de spectateurs. Le regard vide et dégageant une forte impression de vulnérabilité, elle commence à enlever ses pantalons, puis se rétracte et reste immobile quelques minutes avant d’adopter une attitude plus affirmée.
C’est avec pudeur et délicatesse que Daina Ashbee illustre le rapport des femmes à leurs règles. Elle propose une chorégraphie abstraite et poétique où le corps est dégagé de son potentiel érotisant. La soliste se tord et se tortille comme un reptile en pleine mue, jusqu’à se défaire de tous ses vêtements et de former une masse informe, mi-humaine, mi-animale. Face au dépouillement de la scène, le public est pris à témoin par la danseuse et assiste impuissant à sa détresse physique apparente. Impossible de détacher son regard de ses mouvements lents hypnotiques.
Pour aborder le tabou que représente ce mal typiquement féminin, Daina Ashbee tisse un parallèle entre la chasse au phoque commerciale et la douleur intime rattachée aux crampes menstruelles. Ce rapprochement se devine par la blancheur bleutée du plancher qui rappelle celle d’une banquise, ainsi que par certains mouvements de la danseuse exécutés très près du sol. Paige Culley se sert de son corps comme d’un instrument à percussion, alors que son ventre, ses bras et ses jambes percutent violemment le sol comme un animal aquatique en pleine asphyxie. Les bruits étouffés qui s’échappent de sa bouche font penser à des chants de gorge amérindiens, et s’ajoutent à la musique inquiétante conçue par Jean-François Blouin.
Se rapprochant de la performance par son caractère provocateur, de la musique par l’usage de percussions corporelles et des arts visuels par son esthétisme léché, Pour constitue une œuvre polysémique en phase avec la société contemporaine. Dans la lignée de l’art conceptuel, les détails du processus de création de DainaAshbee éclairent grandement ses chorégraphies, qui pourraient sembler hermétiques à un spectateur non averti qui ne possèderait pas les clés de lecture pour déchiffrer l’œuvre.
Dates antérieures (entre autres)
Du 26 au 30 septembre 2016, La Chapelle
Du 2 au 4 juin 2017, La Chapelle (FTA)