In-Ward est une performance chorégraphique créée par Alexandra ‘Spicey’ Landé, inspirée par la pièce de théâtre de Sartre Huit Clos. C’est notamment la retentissante réplique « L’enfer, c’est les autres » qui a lancé le processus créatif où la chorégraphe et six interprètes explorent la complexité des relations humaines et la profonde ambivalence de nos coexistences. Contraints de vivre ensemble, de faire groupe, les individus, les corps, naviguent entre la tentation de la solitude et la menace des conflits.
Interprète, enseignante, chorégraphe résidente au Centre de Création O Vertigo (CCOV), Alexandra ‘Spicey’ Landé est fondatrice de la compagnie EBNFLŌH (2015) qui œuvre au décloisonnement des danses urbaines.
De Alexandra ‘Spicey’ Landé
Crédits supplémentaires et autres informations
Photo Melika Dez
$25 — Régulier
$20 — Réduit
$17 — Groupe (10 +)
$15 — 14 ans et moins
$0 — Accompagnateurs pour les spectateurs ayant un handicap
Alexandra Spicey Landé / Compagnie EBNFLŌH
C’est d’abord vers l’intérieur, dans nos pensées, dans notre corps, que nous entraîne In-Ward, la nouvelle création de la compagnie Ebnflōh.
Dans la salle d’exposition du MAI, aux colonnes de béton brut, six danseurs et danseuses vêtus de blancs s’activent en silence, drapés dans les échos de hip-hop électro qui accompagnent leurs mouvements. Ils sont d’abord seuls dans leur espace ; puis ensemble, mais centrés sur eux-mêmes, avant que leurs trajectoires parallèles ne se fondent dans un seul ensemble, puis se fractionnent à nouveau.
La chorégraphe Alexandra « Spicey » Landé signe un spectacle au rythme organique qui ne souffre d’aucun temps mort. Les mouvements de ses danseurs, inspirés de différents styles de danse urbaine, nous font passer de moments de tension au sein du groupe à des moments plus intérieurs, mais non moins sentis, dans une fluidité qu’épouse parfaitement la musique composée par Richard ‘Shash’U St-Aubin.
Spicey projette ses danseurs dans l’espace comme autant d’électrons libres en constante recherche d’équilibre
Inspirée par la célèbre réplique de l’existentialiste Jean-Paul Sartre « L’enfer, c’est les autres », Spicey projette ses danseurs dans l’espace comme autant d’électrons libres en constante recherche d’équilibre. Il en résulte une tempête d’émotions, de celles qui agitent toute collectivité, entre drame et espoir. Tour à tour brusques, las, joueurs ou désincarnés, les danseurs s’exposent, à vif, avec tous leurs contradictions et déchirements. Les corps en scène par moments ne s’appartiennent plus, pilotés ou contraints par une force intérieure, ou par la présence des autres. Les danseurs s’agrippent par les vêtements ou se bousculent, s’écrasent ou se soutiennent mutuellement. Il y a parfois une réelle douleur que seuls le mur de béton ou la cohésion bien éphémère du groupe viennent contenir. In-Ward donne à voir les courants qui vibrent sous le masque de nos relations sociales.
Portés par une énergie qui semble inépuisable, les six danseurs brillent dans chacun des tableaux tantôt plus individuels tantôt plus collectifs. Leurs expressions faciales et leurs mouvements résonnent dans l’espace et nous embarquent avec autorité dans cette exploration de la vie en société où les conflits et les rapprochements sont inévitables et où, ironiquement, on souffre parfois d’un grand isolement.
Loin d’être une simple démonstration habile de danse urbaine, In-Ward fait dialoguer espace et corps pour mieux parler du rapport à autrui en recourant aussi bien au langage de la culture hip-hop qu’à celui de la danse contemporaine.
Avec ce huis clos traversé par une réelle tension dramatique, la jeune chorégraphe Alexandra « Spicey » Landé fait déjà entendre une voix forte et un style bien personnel qu’on aura plaisir à voir évoluer dans de prochaines productions.