Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Bon!
2 à 6 ans
22, 23, 27, 28 , 29, 30 décembre 2018 à 11 h et les 3, 5 et 6 janvier 2019 à 11 h

Le Théâtre Outremont poursuit sa tradition et ouvre ses portes à la famille pendant toute la période du temps des fêtes. Après avoir présenté Ça, en 2016 et Les petits orteils l'an dernier, le Théâtre de Quartier présente le plus récent texte de Louis-Dominique Lavigne Bon !

Avec Bon !, le Théâtre de Quartier invite les jeunes de 2 à 6 ans à une première expérience théâtrale au cœur des mots. Bon ! comme «bonbon». Bon ! comme «bon voyage! ». Bon ! comme « bon on y va ». Bon ! comme « c’est bon ». Bon! comme « c’est pas bon ».

Dans Bon!, il y a deux personnages, une toute petite fille et une beaucoup plus vieille qui entreprennent un voyage au pays des premiers mots. Des petits mots, des grands mots... des gros mots. Ces personnages sont confrontés à des choix devant tous ces mots qui se présentent à elles. Sont-ils les bons mots? Les mauvais mots? Des mots heureux? Des mots malheureux? Des mots dangereux?

Dans une scénographie enveloppante, des éclairages et un environnement sonore qui ponctuent l’histoire,  Bon ! se veut une aventure théâtrale tout en douceur qui aborde la  fructueuse complicité entre les générations.


Texte Louis-Dominique Lavigne
Mise en scène Lise Gionet
Avec Christiane Raymond et Zoé Vanier


Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographie et costume Marie-Ève Cormier
Conception sonore Erick d'Orion
Éclairage Ariane Roy
Direction de production Jasmine Kamruzzaman
Assistance à la mise en scène et régie Laurence Landry

Des représentations scolaires sont également offertes les 20, 21 décembre à 11 h et le 4 janvier à 11 h.

Durée : 50 minutes

Tarif unique 15 $
Redevance et taxes incluses

Production Théâtre de Quartier


______________________________________
Critique disponible
            
Critique

Après des joyaux comme GlouglouLe Nid vide et Les Petits Orteils, le tandem composé de Louis-Dominique Lavigne (auteur) et Lise Gionet (metteure en scène) refait équipe pour une nouvelle création conçue pour les 2 à 6 ans, avec un titre tout simple, Bon!, présentée ces jours-ci au Théâtre Outremont. Directement sur la scène de ce lieu de diffusion artistique, les petits et les adultes ont pris un grand plaisir à voir et entendre cette ensorcelante œuvre scénique.   




Crédit photos : Paul-Patrick Charbonneau

Avant de se rendre dans l’espace aménagé, le public est invité à se départir de ses manteaux, tuques et bottes. Ensuite, sous les éclairages chaleureux d’Ariane Roy, l’histoire d’une durée avoisinant les 45 minutes débute gaiement. En pleine forêt (dont la scénographie de Marie-Ève Cormier rend bien l’atmosphère, avec notamment ses deux arbres en papier aux longues branches), autour de la souche d’un arbre coupé, nous faisons la connaissance d’une petite fille (Zoé Vanier-Schneider) prénommée Corine « la plus fine » et de sa grand-maman écrivaine « beaucoup plus vieille qu’elle » (Christiane Raymond). Toutes deux entreprennent une sorte de double voyage. Elles amorcent une promenade qui doit durer une journée complète « dans le grand air » loin de la ville, où même les ondes de téléphones intelligents ne se rendent pas. Cette sortie extérieure permet aussi l’exploration des premiers mots de vocabulaire. « Bon!/Bon!/Bonbon!/Bon bon bon/On est arrivé », lancent-elles d’entrée de jeu. Le duo tente de distinguer le sens exact des mots. Par exemple, une couleuvre peut-elle s’appeler un arbre? Une branche, une citrouille? Des chansons, des lunettes? Leur périple leur donnera l’occasion de beaucoup s’amuser, entre autres brièvement à la cachette ou de courir jusqu’à l’essoufflement, d’échanger des confidences et de confronter les craintes qui surgissent en cours de route.     

La mise en scène à la fois onirique et rigoureuse de Lise Gionet, soignée comme ses précédentes, enveloppe l’ensemble d’un éclat vibrant, comme en témoigne la complicité toujours perceptible entre les deux interprètes.

Le spectacle s’inscrit dans la continuité de la réalisation antérieure du Théâtre de Quartier, soit ÇA (finaliste au prix Louise LaHaye 2018) où chacune des actions devenait un petit monde en soi. Bon! se démarque par son traitement dramaturgique plus élaboré et la présence plus importante de la parole. Encore une fois, Louis-Dominique Lavigne a rédigé une partition amusante où le vocabulaire semble même une découverte pour les actrices lorsqu’elles disent le texte (« On est arrivé…au bout de la route…au boutte…au boute du boute…qui goûte le boute. Des gouttes de boute…qui dégouttent », s’exclame à un moment l’aïeule poétesse qui adore jongler avec la langue française). Les bambins réagissent parfois vivement devant l’audition de certaines réparties. Par contre, à quelques reprises lors de la représentation à laquelle j’ai assisté (la première), la pièce ne semblait pas accrocher suffisamment leur attention. Le récit, plus littéraire que la moyenne dans le créneau pour cette tranche d’âge, et les effets de surprises devaient être encore mieux harmonisés pour atteindre un équilibre parfait. Cette réserve s’atténuera probablement d’ici les prochains jours, car l’intrigue ne manque pas de rebondissements et garde notre intérêt jusqu’à la fin, entre autres avec des jeux sur le langage ou l’inclusion d’onomatopées. Autant pour les plus jeunes que pour les adolescents (Tu peux toujours danser), la plume de Lavigne demeure toujours vivante, et même dans certains passages, remuante. Elle se permet aussi ici quelques allusions à notre monde contemporain, notamment sur notre dépendance aux gadgets électroniques et l’importance de créer des liens tangibles et fraternels entre les générations.

Comme dans les autres productions mentionnées plus haut, la musique occupe une place prépondérante, en symbiose avec les états d’âme des protagonistes. Le travail sonore  concocté par Erick d’Orion apporte même des touches fantaisistes à la proposition. La signature visuelle se démarque également par ses suggestions astucieuses d’atmosphères cocasses, et même inquiétantes dans la progression de l’intrigue (comme la tombée de la nuit). La mise en scène à la fois onirique et rigoureuse de Lise Gionet, soignée comme ses précédentes, enveloppe l’ensemble d’un éclat vibrant, comme en témoigne la complicité toujours perceptible entre les deux interprètes.  

Dans le rôle de Corine, Zoé Vanier-Schneider insuffle beaucoup de dynamisme et d’éclats de rire à cette gamine débrouillarde, frondeuse, empreinte d’affection pour sa grand-mère. De retour sur les planches après de nombreuses années d’absence, Christiane Raymond, qui a participé à la première pièce professionnelle de Lavigne dans les années 1970 (As-tu peur des voleurs?), est remarquable par sa présence d’une grande intensité, par la précision de ses gestes, par sa ferveur émouvante d’une adulte qui n’a pas perdu sa candeur enfantine. Il s’agit probablement de l’une des meilleures prestations de la présente saison théâtrale.

Sur la page Facebook du Théâtre de Quartier, Louis-Dominique Lavigne qualifie les enfants de « professeurs d’espoir ». Fort heureusement pour lui et pour nous, l’espoir et la tendresse entourent ce Bon!, bon comme un bonbon et réconfortant comme une main amicale.

23-12-2018
 
Théâtre Outremont
1248, av. Bernard Ouest
Billetterie : 514-495-9944

Facebook