Première pièce - 55 minutes
Chorégraphie et direction artistique Geneviève Jean-Bindley
Interprétation Marie-Ève Dion, Élisabeth-Anne Dorléans, Myriam Foisy, Jacinthe Léger-Leduc, Marie-Philippe Santerre
Arrangements musicaux et coaching de voix Carl-Éric Hudon
Compositions musicales Navet Confit
Conception d’éclairage Gaspard Philippe
Conception vidéo Daniel Bindley
Une soirée karaoké. Un party piscine. Une sortie au bar. Mais en fait une comédie musicale carburant aux chansons de Navet Confit. Cette danse déconstruite est un patchwork de jazz contemporain, d’une esthétique pop colorée, de nage synchronisée, de mouvement animal, de gestes artificiels, de textes absurdes, de mélodies sensibles et de surconsommation d’éléments. On parle de la psychologie de la consommation. Où allons-nous ainsi? En sortirons-nous vainqueurs ou perdants? Symbole de dépendance éternelle, un magnifique chien en peluche accompagne les interprètes partout où elles vont. C’est du sérieux.
Deuxième pièce - 4 minutes (projection vidéo)
Création Freya Olafson
Alors que, blessée, elle explorait le corps numérique, Freya a découvert la plateforme Falling Woman sur Internet, qui lui rappela le Skinner Releasing Technique. Elle pensait au travail physique, aux limites du corps et au mouvement tout fait, et recherchait des méthodes d’entrainement et de discipline. Cette étude épuisante et enivrante de la relation du corps à la gravité dans le cyberespace vous paraitra apaisante ou vous rendra inconfortable. Cette vidéo fait partie de la série Keystroke Choreographies.
Crédits supplémentaires et autres informations
Photo Josée Lecompte, -
Rencontre avec les artistes et table de livres le 15 février
Tarifs
Régulier
29$
Réduit 21$*
Forfait découverte 29$ pour 2 spectacles choisis
*Tarif réduit pour:
Avec Ne me dis pas que tu m’aimes, la chorégraphe Geneviève Jean-Bindleyexplore les rapports de domination et de dépendance à travers un spectacle kitsch qui mélange le karaoké et la nage synchronisée, sur des airs de Navet Confit.
Sur un grand écran, des poissons exotiques nagent dans une vidéo banale qui rappelle certains écrans de veille des années 1990. Au sol, un tapis étroit avec des motifs de vagues évoque un couloir de natation. Deux grosses chaises gonflables de piscine trônent à l’arrière. Marie-Philippe Santerre entre en scène en maillot de bain rose pour exécuter un solo plutôt physique inspiré du modern jazz où elle multiplie les jeux de pieds, les chutes au sol et les extensions. Malgré le caractère convenu de ses mouvements, il faut avouer que la soliste a une technique irréprochable. Puis, les autres danseuses viennent la rejoindre pour une chorégraphie de groupe parfaitement synchro. Chacune apparaît sur scène avec un costume coloré et du rouge à lèvres assorti. Tout le spectacle se structurera d’ailleurs autour de l’alternance de solos, où chacune des cinq danseuses est mise en valeur, et de tableaux collectifs. Dans Ne me dis pas que tu m’aimes, des objets comme unséchoir à cheveux ou un ventilateur sur pied adoptent subitement des qualités érotiques insoupçonnées avec lesquels les danseuses interagissent comme avec de véritables partenaires. Les filles se transforment en chiennes qui jappent, se reniflent, se goinfrent de chips, se pourchassent.
Toutefois, si la chorégraphie de Jean-Bindley est pertinente et satirique, c’est la grande qualité des interprètes qui fait de Ne me dis pas que tu m’aimes une proposition forte de l’hiver 2019. Le décalage entre la nonchalance des danseuses et les paroles glauques des chansons de Navet Confit suscite un malaise bénéfique chez les spectateurs. Par ailleurs, le choix de faire appel au karaoké – et donc aux paroles qui défilent au fur et à mesure sur l’écran – oblige le public à prendre conscience de la nostalgie et de la douleur qui ressortent de plusieurs airs dont les paroles sont décapantes. Parmi les solos les plus réussis, mentionnons celui de Jacinthe Léger-Leduc, plus théâtral que les autres, où la danseuse fait semblant de pleurer pour arborer immédiatement ensuite un magnifique sourire, puis joue à prendre des poses faussement punchées pour mesurer la réaction des gens dans la salle. Le sérieux démesuré avec lequel elle s’investit dans sa chorégraphie pourtant débordante de simplicité fait sourire. C’est aussi elle qui termine le spectacle en chantant avec aisance le succès J’ai envie de te ____ mais je t’____ encore, un des rares moments de pure poésie du spectacle.
Ne me dis pas que tu m’aimes apparaît comme une proposition originale et rafraichissante qui redonne un peu d’éclat et de brillance à l’atmosphère morose de février.