WinterreiseJosé Navas s’empare du célèbre Winterreise de Franz Schubert pour raconter en mouvements ce voyage aux confins de l’hiver. En compagnie d’un chanteur et d’un pianiste, il crée un récital chorégraphique d’une beauté bouleversante.
José Navas a consacré une partie de sa carrière à la création et l’interprétation de solos, un art dans lequel il est passé maître et qui a établi sa grande réputation d’interprète et de chorégraphe. Il s’offre cette fois une œuvre immense du répertoire classique qu’il s’approprie pour y lover sa danse. Avec son langage physique aux lignes à la fois classiques et contemporaines, Navas s’abandonne de tout son être à l’essence du voyage proposé par Schubert. Dans un corps à corps avec la musique et le chant, il exprime puissamment l’esprit d’un homme seul contemplant la beauté mélancolique de la nature. Une pièce poignante, transie d’humanité et d’émotion pure, où la maturité et le raffinement de ce danseur d’exception irradient et touchent droit au cœur.
Chorégraphe, interprète José Navas.
Crédits supplémentaires et autres informations
Musique Winterreise de Franz Schubert, textes de Wilhelm Müller.
Musiciens Francis Perron (piano), Jacques-Olivier Chartier (ténor).
Éclairages Marc Parent.
Costumes Sonya Bayer, L’Atelier de couture Sonya B.
Direction de production, développement Adrien Bussy
Photo Nina Konjini
Durée 75 minutes sans entracte
Tarifs à partir de 49$
Rencontre post-spectacle avec les artistes
Mercredi 12 Février 2020
Vendredi 14 Février 2020
Mercredi 19 Février 2020
Vendredi 21 Février 2020
Production José Navas / Compagnie Flak
Présentation Danse Danse
Fascinant voyage d'hiver
La musique de Franz Schubert fait partie des sources d’inspiration de José Navas depuis le tout début de sa carrière. En tant que jeune interprète, au Venezuela, il a eu l’occasion de danser sur un quintette de Schubert qu’il aimait particulièrement. C’est toutefois au tournant de la quarantaine que Navas entend pour la première fois le Winterreise du compositeur allemand. Et dix ans plus tard, il monte sur la scène pour y présenter sa propre version.
Crédit photo : Damian Siqueiros
À travers 24 lieder écrits par le poète allemand Wilhelm Müller, la pièce raconte l’histoire d’un homme qui marche vers sa mortalité. Sa route est marquée par l’angoisse, la solitude et la tristesse, mais aussi par des moments plus lumineux. Navas a imaginé une chorégraphie cyclique marquée par des mouvements fluides et répétés. Accompagné sur scène par le ténor Jacques-Olivier Chartier et le pianiste Francis Perron, José Navas offre un solo particulièrement intime. Le spectacle s’ouvre d’ailleurs sur un moment de recueillement, alors que le danseur s’adonne à la méditation durant toute la durée de l’entrée en salle des spectateurs.
Plusieurs scènes sont chargées d’émotions alors que Navas s’affiche dans toute sa vulnérabilité.
La scène est dépouillée et simplement dynamisée par les lumières de Marc Parent, qui teintent l’état d’esprit du personnage qui poursuit sa quête au cœur de l’hiver. Plusieurs scènes sont chargées d’émotions alors que Navas s’affiche dans toute sa vulnérabilité. Pour lui, Winterreise agit comme une expérience initiatique qui lui permet d’apprivoiser la douleur que lui apporte son corps vieillissant. La création du spectacle s’est d’ailleurs accompagnée d’expériences mettant à l’épreuve les limites de son corps, alors que Navas a testé les conséquences physiques qu’entraînait le manque de sommeil ou le jeûne chez lui. Cette dimension rituelle a laissé une trace indélébile sur le spectacle.
Winterreise se démarque par les contrastes avec lesquels joue José Navas. Le recours ponctuel à des cagoules insiste sur le voyage intérieur que vit le personnage, en plus de déshumaniser le corps du danseur. À l’inverse, les expressions de son visage deviennent exacerbées dans les scènes qui évoquent la folie. Des mélodies vives et aériennes évoquent les souvenirs heureux du personnage alors que d’autres, plus graves, le ramènent à sa fin qui approche. Les deux musiciens offrent une performance remarquable qui participe à l’intensité du spectacle. L’intention de chacun des lieder transparaît dans les déplacements et les changements de position du chanteur, qui font échos à ceux du danseur. Cette parfaite concordance laisse toutefois transparaître parfois un peu trop la mécanique et la structure de la chorégraphie. Le fait de briser cette harmonie à quelques occasions aurait sans doute donné plus « d’organicité » au spectacle, mais il n’en reste pas moins que le chorégraphe est au sommet de son art.
Avec ce nouveau spectacle, José Navas prouve sa maîtrise du solo comme jamais en repoussant les limites de l’intime et de l’authenticité.
