By: Mary Chase
Directed by: Diana Leblanc
Harvey est l’histoire d’Elwood P. Dowd, un doux rêveur, et de son meilleur ami, un lapin de six pieds et trois pouces et demi que lui seul peut voir prénommé Harvey. Elwood et son copain sont bien connus et appréciés, mais quand Elwood présente son lapin géant à l’occasion d’une réception mondaine, sa sœur Veta, obsédée par son statut, est mortifiée. Pour éviter d’autres situations embarrassantes à sa famille, elle décide de le faire interner, soulevant ainsi la sempiternelle question à savoir qui est réellement fou et dangereux : les rêveurs inoffensifs comme Elwood ou les médecins qui les soignent.
Harvey is the story of mild-mannered Elwood P. Dowd and his best friend, an invisible six-foot, three-and-one-half-inch rabbit named Harvey. Elwood and his pal are well-known and loved but when Elwood introduces his oversized rabbit to guests at a society party, his status-obsessed sister Veta is mortified. To spare her family further embarrassment Veta decides to commit her brother to a sanitarium, but upon arrival at the hospital, the doctors institutionalize her instead. Once the gaffe is rectified, the search is on for Elwood. When he is finally in custody the absurd behaviour of the hospital staff raises the age-old question of who is truly insane and dangerous: carefree dreamers like Elwood or the medical practitioners who ‘treat’ them.
Un Dimanche au Segal
18 avril 2010, à 11 h
Le psychologue Syd Apel, M.Ed., et la professeure à l’Université Concordia et thérapeute Bonnie Harnden, MA, RDT, offriront une conférence sur la pièce récipiendaire d’un prix Pulitzer, Harvey, et sur l’importance du ludisme et de son rôle dans le développement humain.
ENTRÉE GRATUITE. Aucune réservation nécessaire, admission générale. Café et rafraîchissements seront servis avant la présentation
Alerte aux mordus de films : Ne manquez pas la représentation de ‘The Film Society’ du classique cinématographique Harvey (1950), mettant en vedette Jimmy Stewart, le mercredi 21 avril à 19 h à l’EspaceCinéma du Centre Segal.
The Leanor and Alvin Segal Theatre [www.segalcentre.org]
At Centre Segal des Arts de la scène
5170 Cote St. Catherine Rd
Billetterie - Box Office: (514) 739-7944
par David Lefebvre
Harvey, la ravissante comédie de Mary Chase, propose l'histoire d'Elwood P. Dowd, un homme qui se lie d'amitié avec un lapin invisible mesurant plus de 6 pieds. L'homme, qui présente à tout un chacun son ami imaginaire, est généralement apprécié. Mais il cause tout un émoi dans sa famille, qui a du mal à gérer la « présence » d'Harvey. Après une soirée éprouvante, sa soeur le conduit à l'hôpital psychiatrique, mais, quiproquo : à cause de son énervement et de son épuisement, elle se fait prendre pour la personne qui a besoin de soins urgents.
Montée pour la première fois à Broadway dans les années 40, puis adaptée au cinéma sous la direction de Henry Koster et mettant en vedette le célèbre Jimmy Stewart, Harvey connut un succès retentissant. Ode aux rêveurs, ce spectacle, dont le Théâtre Segal est le premier au Canada à obtenir les droits de production, offre un très plaisant moment de théâtre.
D’entrée de jeu, tout est mis en place pour une soirée confortable, presque rassurante, rappelant immédiatement le style classique américain. L’audace n’est donc pas une des qualités principales de la mise en scène de Diana Leblanc, mais elle est précise, légère et respecte les règles du genre. On s’évade rapidement de notre quotidien pour entrer dans le décor riche et chargé conçu par John Dinning, qui représente un salon de type néoclassique d’une maison cossue, riche et bien entretenue. Derrière ce salon, lorsque le plateau rotatif se met en branle, on retrouve la salle d’accueil de l’institut psychiatrique. Au-devant de la scène, l’équipe de production a même ajouté accessoirement de petites boîtes lanternes : on nage sans contredit dans un style et une ambiance très « fifties ».
Les comédiens, onze au total, campent leurs rôles à la perfection, même s’ils frôlent parfois le cliché. Elwood P. Dowd (l’excellent comédien torontois R.H. Thompson, qui dit s’inspirer ici davantage de Peter Sellers de Being There que de Stewart pour le rôle) est l’homme le plus charmant sur terre. Il est courtois, avenant, gentilhomme. Sa sœur, Veta Louise (Nora McLelland) est tout aussi gentille, mais ses nerfs lâchent sous la pression sociale qu’elle s’impose et devient drôlement hystérique ; le psychiatre en chef (David Francis) ressemble étrangement à un Sigmund Freud qui commence à croire aux lubies de ses patients et l’infirmier bourru, interprété par Mike Paterson, n’est qu’impulsivité. Il ne faudrait pas oublier le fameux Harvey, qui agit comme un guide de conscience pour Dowd. Selon la culture celtique, qui a inspiré Mary Chase, il serait un Pooka : un esprit sous forme animale. Sur scène, sa présence se manifeste par un halo de lumière à qui on ouvre la porte, s’il ne l’ouvre pas lui-même, mais le talent indéniable de R.H. Thompson arrive parfois à nous le faire entrevoir, malgré nous...
Bien qu’Harvey soit une pièce sur la réalité et la fantaisie, l’excentricité et les soi-disant apparences, si importantes à préserver en cette période d’entre-deux-guerres, elle va aussi au-delà des problèmes possibles de schizophrénie dont pourrait souffrir le personnage principal. On y parle du cœur, de ce que l’homme peut être : un doux rêveur, qui a le droit de ne pas être comme tout le monde.
«After this he'll be a perfectly normal human being and you know what stinkers they are»1 dit avec raison le chauffeur de taxi de Veta Louise, à la fin de la pièce. C'est ainsi qu'il lui fait prendre finalement conscience de la beauté et de la simplicité désarmante d’Elwood, juste avant que celui-ci ne prenne une drogue, administrée par les docteurs, pour faire disparaître Harvey. Certaines personnes sont souvent moins dangereuses que celles qui veulent à tout prix les «soigner» et les forcer à prendre le rang de la raison.
1 (Après ceci, il sera un homme tout ce qu’il y a de plus normal et vous savez à quel point ils sont casse-pieds – réplique tirée du film)