The Heretics of Bohemia is a darkly comic puppet show about a paranoid king, his mother, and their dysfunctional relationship. Set on the mythical Bohemian seacoast, the story follows the king's hallucinatory journey, as he encounters mysterious wanderers, messenger birds, invading armies, ancient rituals and fools, A large ensemble of puppets and actors bring this cosmic fairy tale to life.
Please note: Intended for adults but suitable for youth 12+.
Section vidéo
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2, 3, 9, 10, 16, 17 mai 20h
5, 12, 19 mai 21h
6, 13 mai 14h et 20h
Billet: 18$
Production Scapegoat Carnivale Theatre
par Ariane Cloutier
Scapegoat Carnivale Theatre nous présente ce mois-ci un spectacle très original alliant théâtre traditionnel, théâtre d’ombres et marionnettes. La compagnie émergente, en résidence depuis 2011 au Centre Segal, s’est donné pour mission d’explorer des univers fantastiques poétiques à travers des formes artistiques à la fois populaires et expérimentales. Dans le cas de The Heretics of Bohemia, on redécouvre avec bonheur une forme de théâtre qui commence à resurgir à Montréal: celui de la marionnette pour adultes. Quelques minutes d’adaptation nous permettent d’oublier les comédiens derrière les marionnettes, et d’entrer complètement dans l’univers onirique créé à travers cet art unique.
L’histoire, écrite par Joseph Shragge, propose une courte visite au pays fantastique de Bohemia, « une nation de paniers percés et de bons à rien (…) dirigée par des fous et des imbéciles ». Effectivement, la nation bohème, prise entre un enfant-roi lunatique, une cour opportuniste, quelques conspirateurs et la menace d’envahisseurs étrangers, semble en de bien mauvaises mains.
Alors que la plupart des sujets sont incarnés par des marionnettes, les personnages les plus près de la famille royale sont joués par des comédiens « réels ». Leni Parker (interprétant principalement la reine) est un très bon exemple de la diversité de talents des acteurs devant incarner plus d'un personnage. Elle passe avec beaucoup de brio du personnage humain à la manipulation de marionnettes. De plus, les comédiens doivent souvent manier plusieurs marionnettes à la fois afin de représenter la quantité impressionnante de personnages de l’histoire. De même que le niveau de jeu des marionnettes est typiquement amplifié, les personnages humains sont joués d’une manière caricaturale, ce qui donne lieu à des performances parfois un peu trop élémentaires. À la troupe s’ajoutent deux musiciens qui reprennent des chansons populaires actuelles, interprétées dans le style de l’époque.
La mise en scène d’Alison Darcy semble intégrer des éléments trouvés en répétition, par exemple un effet de ralenti audacieux lors d’une chute. Elle exploite également certaines particularités permises par la flexibilité du décor et par les marionnettes.
Selon l’auteur, le scénario n’a pas été écrit spécifiquement pour des marionnettes; celles-ci ont été ajoutées au cours du processus de création. Conçues au départ par Zach Fraser, elles ont continué à évoluer selon les besoins des manipulateurs jusqu’à la veille de la première comme l’a affirmé l’un des artistes de la troupe. Certaines marionnettes très singulières sont littéralement habitées par leur interprète, dont on voit la main ou le visage émerger du personnage. Ces créations articulées sont d’une beauté émouvante. De près, on constate que leur peau est faite de corde enroulée, ce qui leur confère un grain et des traits de visage uniques. L’univers mystique dépeint par la pièce, avec ses symboles, ses visions et ses sortilèges, rappelle l’utilisation traditionnelle rituelle des marionnettes dans plusieurs civilisations anciennes.
Les décors complexes créés par Julie Bourbonnais témoignent d’une grande ambition. Ils sont mobiles et permettent plusieurs niveaux de jeux, latéralement et en hauteur, ainsi que diverses possibilités de camouflage. Des écrans intégrés servent à la fois à présenter les projections de toiles de fond et les performances en ombres chinoises illustrant les visions du destin du roi.
La pièce, se définissant comme une comédie sombre, est beaucoup plus drôle que noire, l’utilisation de marionnettes aidant à dédramatiser les malheurs des personnages. Le théâtre de marionnette nous fascine tout en nous transportant dans un univers merveilleux près de l’enfance ou du rêve. Si le spectacle n’était pas tout à fait mûr techniquement lors de la première, il promet certainement une éclosion formidable pour les représentations à suivre.