After a long civil war between the royal family of York and the royal family of Lancaster, England enjoys a period of peace under King Edward IV and the victorious Yorks. But Edward’s younger brother Richard resents Edward’s power and the happiness of those around him. Malicious, power-hungry, and bitter about his physical deformity, Richard secretly aspires to the throne — and decides to kill anyone in his way to becoming king
Metachroma Theatre addresses the under-representation of visible minority actors in Canadian theatre, challenging current perceptions by telling stories with a diverse cast in order to normalize the presence of these artists on stageSet and costume design Veronica Classen
Lighting Jodi Burkholder
Photo : Andrea Hausman
Tickets start at $18, Wed. Sept. 19 preview is pay-what-you-can, Mon. Sept. 24 is 2-for-1
A Metachroma Theatre Production, with the generous support of the Segal Centre
par Daphné Bathalon
Les complots, la soif de pouvoir, les tractations politiques, la violence tragique, Shakespeare n’invente rien, et parmi les grands vilains de la dramaturgie britannique se retrouvent certainement plusieurs personnages imaginés par cet auteur. Richard III trône dans une catégorie bien à part. Sa félonie et son talent de manipulateur en font un comploteur de première.
Il est étrange d’apprécier le travail d’une troupe de comédiens professionnels qui nous sont totalement inconnus. Tout amateur de Shakespeare que l’on soit, il est également plus fréquent d’entendre à Montréal des traductions de Shakespeare, parfois excellentes, parfois médiocres, que d’entendre le texte original. Le Richard III, à l’affiche du centre Segal jusqu’au 30 septembre offre ce double plaisir, qu’il serait malheureux de bouder.
Richard III est une pièce colossale, comptant un grand nombre de personnages, d’intrigues et d’intrigants. Ces difficultés n’ont pas refroidi la nouvelle compagnie Metachroma, qui a même choisi de monter cette pièce pour sa toute première production. Le metteur en scène Joel Miller a eu la brillante idée de présenter, d’entrée de jeu, les complexes relations entre les personnages grâce à une danse pendant laquelle les échanges de regards disent tout de la tension qui règne à la cour. Richard se tient à l’écart de tous, aux aguets. Loin dans la ligne de succession, il aspire pourtant à être roi.
À l’image de la première scène, où se dessinent, tout en subtilité, les alliances et inimitiés, le spectacle dans son entier tient de la danse mortelle entre demi-vérités et mensonges. La scénographie, bien modeste, sert surtout à permettre les entrées et sorties des protagonistes. Joel Miller mise principalement sur le talent de ses comédiens pour rendre toute la beauté du texte. La pièce repose en grande partie sur les épaules de l’interprète de Richard, Jamie Robinson, qui offre une prestation remarquable. Son Richard nous apparaît à la fois méprisable et fascinant. Tout le charme qu’il déploie pour tromper ses victimes prend également le public au jeu. Même bossu et infirme, Richard dégage une énergie et une froide passion que Robinson rend toutes naturelles.
La distribution dans son ensemble est bien équilibrée, Lucinda Davis en Lady Anne et Quincy Armorer en Duc de Buckingham (et qui ne déparerait pas dans la peau d’Othello) s’en tirent également très bien. La scène entre Lady Anne et Richard, en première partie, fait regretter de n’avoir pas droit à d’autres affrontements entre les deux en seconde partie. Belle idée que celle de figurer l’affrontement final entre Richard et Richmond à l’aide de deux tables, transformées en champ de bataille à l’aide de cartes et de figurines. Dommage toutefois que le combat ait été de si courte durée, laissant l’impression d’une action précipitée et d’une chute beaucoup trop rapide. La dernière séquence, qui oppose enfin les deux ennemis, est pourtant un grand moment de théâtre tragique.
Par ailleurs, on pourra reprocher à la première partie du spectacle de s’allonger indûment. La pièce est verbeuse, et ses personnages nombreux, elle aurait gagné à être resserrée sur les actions et les joutes verbales plutôt que sur les longues explications politiques. En ce sens, la deuxième partie est beaucoup plus dynamique et passionnante. Les pièges tendus par Richard se referment un à un sur leurs proies et le spectateur glisse presque sur le bout de son siège dans l’attente du drame inévitable.
Respectant son mandat premier, celui d’accorder plus de place à des acteurs issus des minorités visibles en normalisant leur présence sur scène, Metachroma réunit pour Richard III un florilège de couleurs plaisant à voir. Alors que les compagnies francophones semblent encore frileuses à l’idée d’engager des comédiens d’origines diverses, par crainte peut-être de brouiller l’analyse du spectacle, Metachroma fait la preuve par l’exemple qu’une telle diversité ne change rien pour le spectateur. On oublie en quelques instants la couleur de la peau pour ne plus voir que les personnages et leur histoire.
Avec peu de moyens, la troupe offre un Shakespeare fidèle à l’esprit de l’auteur et à son époque. Une belle production qui en laisse espérer d’encore meilleures dans un avenir proche.