Quintette pour cordes sensiblesMise en scène Kathleen Aubert
Avec Sophie Gemme, Stéphanie Laurin, Marie-Pier Marcotte, Julie Berson, Mélanie-Maya Labonté
Quintette pour cordes sensibles, texte de création de la jeune auteure dramatique Sophie Gemme, nous révèle cinq femmes sur scène. Cinq jeunes femmes avec leurs démons, leurs névroses, leurs préoccupations, leurs événements quotidiens et leur façon singulière de les mettre en mots. Ces cinq femmes peuvent n’en être qu’une. Elles sont uniques et multiples. Elles sont parfois hommes, parfois mères, parfois enfants. Elles sont souvent drôles, amères et cyniques. Elles sont toujours lucides et à bout de souffle. Elles sont de vraies femmes, dans toute leur complexité.
Cette pièce évolue, à l’instar d’une composition musicale, à travers cinq mouvements distincts où s’entremêlent, se chevauchent, s’alternent et se complètent les cinq voix, les cinq instruments du quintette. Les mouvements apparaissent tels des clichés photographiques, des instants furtifs, très imagés, captés sur le vif. Ils donnent à voir des situations qui nous font prendre conscience de la solitude omniprésente dans notre société actuelle, de notre propre solitude qui, même si elle s’estompe un peu parfois, n’est toujours pas bien loin. Ce chœur féminin se dévoile au public sans artifices, simplement, avec comme seule arme, la force de leurs mots.
Conception de décors : Anne Frédérique Préaux
Conception de costumes : Fauve Paradis
Date Premières : toutes les représentations
Régulier : 22$
Carte premières : 11$
Récipiendaire du prix de la Production d'ensemble la plus prometteuse du Centre Segal - Festival St-Ambroise FRINGE de Montréal 2013
Production Aequo
par Pascale St-Onge
Vivre au féminin
Crédit photo : Magalie Massey
Après un passage remarqué au St-Ambroise Fringe Festival, le spectacle Quintette pour cordes sensibles signait un retour remarqué au Studio du Centre Segal. Sur scène, un chœur de femmes nous livre anecdotes et réflexions sur leur quotidien, mais aussi sur leur statut de femme dans toute sa complexité.
La jeune auteure de ce spectacle, Sophie Gemme, nous livre ici un premier texte et joue son propre rôle en compagnie de quatre autres comédiennes sur scène, l’équipe étant majoritairement, voire exclusivement, issue de l’École Supérieure de Théâtre de l’UQAM. Dans des mouvements qui sembleront ne faire que l’exposition de moments pratiquement impertinents dans la vie de jeunes femmes d’ici se dévoile en fait leur réelle nature. On y découvre tout le drame derrière le simple fait de perdre une pilule contraceptive, ou encore toute l’angoisse en attente d’une réponse à un texto qui en disait trop. Si certains accusent trop facilement la jeunesse d’être déconnectée de son humanité en raison des technologies et de la difficulté qu’elle a à vivre de réels rapports avec les autres, Quintette pour cordes sensibles nous ouvre à l’intériorité de ces jeunes femmes et nous rappelle qu’il faut simplement chercher ailleurs, ou un peu plus loin. C’est avec une plume franche et une certaine autodérision que Sophie Gemme s’élève comme une voix de sa génération. Des femmes de sa génération.
Le texte est dense, le travail de chœur exigeant et la mise en scène de Kathleen Aubert se moule très bien à ces mots et à ces voix. La metteure en scène en fait une pièce dynamique aux images claires, à l’aide simplement de grands bouts de tissus et d’une panoplie de ventilateurs. Les comédiennes octroient toute leur présence à ce texte afin de lui rendre hommage, bien que parfois le texte semble aller au-delà de leur qualité d’interprétation, comme si un manque d’expérience en scène se faisait ressentir.
Il y a un grand plaisir à se laisser porter par ce spectacle. Nous demeurons captivés et, souvent, nous nous identifions parfaitement à la situation exposée sur scène, du moins pour les femmes. Sophie Gemme, pour ce premier texte offert au public, a les mots justes et une habileté à nous raconter ce qu’est d’être une jeune adulte de cette décennie. Une plume à surveiller, sans le moindre doute.