Z comme ZadigTexte Ariel Ifergan et Anne Millaire
Mise en scène Anne Millaire
Avec Ariel Ifergan
Zadig, jeune Babylonien doué, vertueux, riche mais naïf et un brin prétentieux, croit qu’il a tout pour être heureux. Il connait une ascension fulgurante dans les hautes sphères du pouvoir, mais suite à des déceptions amoureuses et d’ignominieuses tractations d’envieux, Zadig est forcé de s’exiler en Égypte. Son parcours initiatique, jalonné de péripéties mirobolantes, de rencontres surprenantes, de souffrances et de remises en question, le ramènera finalement victorieux à Babylone où l’attendent gloire et amour.
Ariel Ifergan incarne avec brio Zadig, personnage central du récit, ainsi qu’une quinzaine d’autres personnes que Zadig croise sur son chemin : des sages, des fous, des bons, des méchants, des femmes, un perroquet, un nain, des dromadaires. Jeannot Bournival, et son envoûtante clarinette basse, accompagne le comédien dans cette aventure.
Musicien Jeannot Bournival
Conseiller en philosophie Hugues Brouillet
Conseiller en dramaturgie Louis-Dominique Lavigne
Chorégraphe Lina Cruz
Scénographie Jonas Veroff Bouchard
Costumes Madeleine Saint-Jacques
ÉclairageAnne-Marie Rodrigue Lecourt
Billet à partir de 20$
Une production de Pas de panique
par Aurélie Olivier
critique publiée en 2007
Z comme Zadig, présenté à la Salle Fred-Barry par Griffon Théâtre, est un spectacle loufoque inspiré de Zadig ou la Destinée, histoire orientale, un conte philosophique écrit par Voltaire en 1747. Il y est question de quête du bonheur, de tolérance, de destinée, de droit, de liberté et d’égalité, des thèmes de réflexion chers à Voltaire et qui sont loin d’être épuisés de nos jours.
Zadig, un jeune et riche babylonien, doté d’une bonne santé, d’un bon esprit, d’un bon cœur et de bons amis croit pouvoir être heureux et y aspire légitimement. À son grand déplaisir cependant, il subit constamment des revers du sort : déceptions amoureuses, trahisons, malentendus, amendes injustifiées, séjours en prison, etc. Il finit par être contraint de fuir vers l’Égypte pour échapper aux foudres du roi de Babylone, qui le soupçonne d’avoir séduit la reine. S’ensuit une série de péripéties qui le mènent jusque dans le désert d’Horeb et en Arabie. Après des rencontres douloureuses, surprenantes, ou instructives et une sérieuse remise en question, Zadig finit par rentrer à Babylone où l’attendent la gloire et l’amour. Enfin!
Adapté par Anne Millaire – également metteure en scène du spectacle –, et par Ariel Ifergan – le conteur –, le texte a gardé certaines formules de Voltaire mais a perdu son caractère moraliste. Il s’est par ailleurs enrichi d’anachronismes pleins d’humour qui s’y intègrent à merveille, lui conférant une plus grande actualité.
Ariel Ifergan possède un formidable talent de conteur et une énergie débordante. Il est partout à la fois incarnant des dizaines de personnages, depuis une reine lascive jusqu’à un vieillard envieux et aigri, en passant par une vieille bonne femme généreuse et même un dromadaire agonisant, absolument hilarant. Il passe de l’un à l’autre à un rythme effréné, avec une vitalité contagieuse qui nous entraîne dans un tourbillon de bonne humeur. On rit de bon cœur du début à la fin.
Outre la mise en scène, il faut saluer le travail de la chorégraphe Lina Cruz, qui donne une incroyable tonicité au récit.
On pourra simplement regretter que le musicien Jeannot Bournival, qui accompagne le comédien à la clarinette basse durant tout le spectacle, n’ait pas fait preuve de plus d’inventivité, et que ses quelques interventions manquent résolument de charisme et d’articulation.
Malgré ce bémol, Z comme Zadig est, à n’en pas douter, le spectacle idéal pour lutter contre la grisaille de l’hiver. Sans compter qu’un peu de philosophie ne fait jamais de mal!