Marjorie PrimeMarjorie, quatre vingt cinq ans, luttant contre ses pertes de mémoire, reçoit l’aide d’un nouveau compagnon charmant qui est programmé pour ne lui rappeler que les meilleures histoires de sa vie.
Mais de quoi nous rappellerions-nous, et qu’oublierions-nous, si l’on nous en donnait la chance? Dans cette nouvelle pièce merveilleuse, touchante et intelligente, Jordan Harrison explore les mystères de l’identité humaine, de la mémoire collective familiale et des limites — s’il en existe — de ce que la technologie peut remplacer.
Texte Jordan Harrison
Mise en scène Lisa Rubin
Crédits supplémentaires et autres informations
Billets à partir de 46$
Représentations disponibles en langue des signes américaine.
UN DIMANCHE AU SEGAL 25 février, à 11h00
LUNDIS PAROLE AU PUBLIC 5 et 12 mars
Production Segal Centre
Notre époque est celle de la technologie ; celle qui nous entoure, celle qui crée une dépendance, celle qui évolue parfois plus rapidement que l’humain lui-même, stimulant l’imaginaire et transformant la science-fiction en réalité. Sujet de l’heure, la technologie est abordée avec appréhension (la série Black Mirror de Netflix), avec un sens critique (Les robots font-ils l’amour, présentée à l’Usine C) ou encore, avec la bienveillance de celui qui croit pouvoir soulager les maux typiquement humains (Marjorie Prime, présentée au centre Segal).
Crédit photo : Leslie Schachter
Marjorie Prime, c’est l’histoire de famille de Marjorie (interprétée par l’extraordinaire Clare Coulter), cette touchante femme de 85 ans, pleine d’humour, dont la mémoire flanche tranquillement. Une représentation de son défunt mari (Eloi ArchamBaudoin), tel qu’il était dans la trentaine, est programmée pour lui tenir compagnie et lui remémorer les bons moments de sa jeunesse. Ainsi va la vie dans cet univers où les morts continuent de hanter les vivants à travers ces robots assoiffés de souvenirs. Si le but est le soulagement des émotions humaines liées au deuil et à la solitude, leur utilité ne fait pas l’unanimité ; ces êtres artificiels provoquent autant du réconfort que du malaise. La famille est complétée par la fille et le gendre de Marjorie, Tess (Ellen David) et Jon (Tyron Benskin). Les quatre acteurs sont justes, drôles et particulièrement attachants.
Le texte (Jordan Harrison) est construit avec finesse. La toile familiale se déploie habilement au fil de la pièce. Il n’est pas étonnant que l’auteur ait été en nomination pour le prix Pulitzer en 2015 avec le texte de Marjorie Prime. La scénographie (John C. Dinning) montre un appartement moderne très réaliste qui s’efface en même temps que la mémoire de ses habitants ; les objets et les meubles sont retirés doucement tout au long de la pièce pour ne laisser, à la fin, qu’un espace plutôt épuré et très symbolique. Malgré quelques longueurs dans les transitions entre les scènes, la mise en scène (Lisa Rubin) allie douceur et dynamisme dans une belle simplicité qui laisse toute la place à l’histoire de cette magnifique et touchante famille.
Si, à l’instar de la pièce Marjorie Prime, les robots nous permettaient de nous remémorer différents souvenirs, comment ceux-ci seraient-ils sélectionnés ? Et s’ils permettaient effectivement de surmonter un deuil en prolongeant notre présence après la mort, qu’est-ce que cela signifierait lorsque tous nos proches auraient trépassé ? Que deviendraient alors ces pâles reflets d’humains oubliés ? Décidément, les nouvelles technologies n’ont pas fini de nous surprendre… et de nous faire réfléchir !
04-03-2018
