La création de ce spectacle a eu lieu dans un théâtre « Off-Broadway » à la fin de septembre 2001. L’auteur, qui tenait le rôle principal et signait la mise en scène, a dû en retarder la présentation, le temps que New York se remette des attentats du 11 septembre. Frappé par le parallèle entre ce hiatus théâtral et la crise que nous traversons, François Girard persiste et signe : « Nous ne nous tairons pas. Nous raconterons nos histoires coûte que coûte ».
Dans un théâtre vide, loué pour un soir, un bibliothécaire se présente avec une valise et une histoire à raconter, celle d’un livre emprunté il y a 133 ans. Quand il arrive sur scène, il éteint la sentinelle, cette lampe qui reste éclairée dans les théâtres déserts. Le lieu peut alors reprendre vie et l’espace s’emplir de mots et d’images.
Le spectacle fut présenté en français au TNM et le sera au Centre national des arts d'Ottawa en janvier 2021.
D'après l'oeuvre originale de Glen Berger
Mise en scène François Girard
Avec Emmanuel Schwartz
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène et régie Elaine Normandeau
Décor et acessoires François Séguin
Costume Renée April
Éclairages Alain Lortie
Vidéo Robert Massicotte
Musique Alexander MacSween
Conseillère en diction Marie-Claude Lefebvre
36 $ / régulier, par demeure
Les billets sont en vente dès maintenant au 514.739.7944 ou au www.centresegal.org
Tous les détails au sujet du visionnement en direct, en ligne, seront envoyés aux détenteurs de billets avant le spectacle.
Pour plus de détails, visitez : segalcentre.org/fr/how-to-watch-online-content-fr
UN DIMANCHE AU SEGAL - EN LIGNE
Une conférence enrichissante diffusée en direct
Le dimanche 6 décembre – 12 h
Coproduction TNM, Centre Segal des arts de la scène et Centre national des Arts d'Ottawa
Après six mois sans qu’aucun spectacle n’ait été présenté, le Théâtre du Nouveau Monde rouvrait ses portes au grand public, hier, à l’occasion de la première de Zebrina. Une pièce à conviction de l'auteur américain Glen Berger, traduite par Serge Lamothe. Dans une mise en scène de François Girard, ce récit de voyage d’un bibliothécaire (Emmanuel Schwartz) qui part à la recherche d’un mystérieux individu s’identifiant « A. » s’avère un excellent moyen d’évasion, même regardé en webdiffusion.
Se frayant un chemin à travers des projecteurs laissés à vue, un Schwartz grisonnant arrive à l’avant-scène, valise à la main. Sur une table des plus ordinaires, il prend le temps d’installer les accessoires dont il aura besoin durant la représentation avant de finalement remarquer la présence d’un public et d’éteindre la sentinelle, cette lampe qui, semble-t-il, sert aux fantômes du théâtre une fois que ce dernier est déserté. Geste simple, mais des plus symboliques dans ce contexte de pandémie, cela donne le ton à un spectacle où réalité et fiction coexisteront de manière poétique. Vêtu de vêtements assez ternes qui renforcent son caractère vieillissant et misérable, le personnage de bibliothécaire timide, mais coloré qu’offre Schwartz, attire la sympathie de l’auditoire, et ce, dès les premières répliques. Que ce soit en raison de son accent hollandais charmant, sa façon bien à lui de s’exprimer ou ses sautes d’humeur qui rappellent à tous un parent quelque peu bourru, ce vieil homme est tout simplement attachant. Le public assiste vraiment à une solide performance d’acteur tout en nuances.
Laissant le soin aux spectateurs d’en tirer sa propre morale, Zebrina. Une pièce à conviction se présente comme une magnifique occasion de renouer avec le théâtre que ce soit en salle ou chez soi.
En ce qui a trait à la conception, tout paraît avoir été pensé dans la plus grande simplicité afin de laisser à Schwartz toute l’attention qu’il mérite. À l’écran, la mise en scène de Girard se tient pratiquement dans un cadre pendant tout le spectacle. Les décors conçus par François Séguin ne comptent que quelques accessoires déposés sur une longue table avec de vrais projecteurs comme toile de fond et une chaise de bureau qui se fond pratiquement dans le noir jusqu’à ce qu’elle se révèle importante vers la fin de l’histoire. Avec une scène aussi épurée, le théâtre, lui-même, se retrouve au cœur de l’action et des aventures, ramenant constamment le public à la réalité. Ce sont les projections vidéo de Robert Massicotte qui viennent ajouter un peu de dynamisme et d’illusions transportant le public dans l’espace et le temps. Au fur et à mesure que l’action se déroule, que les recherches du bibliothécaire avancent et que son obsession pour son sujet de recherche grandit, ces projections accaparent la scène pour complètement engloutir le réel et laisser une atmosphère psychédélique. La musique d’Alexander MacSween et les éclairages d’Alain Lortie progressent également en ce sens alors que l’intensité de l’ambiance sonore s’accentue de plus en plus et que les lumières virent drastiquement au rouge vers la fin de la pièce.
Malgré la montée de la tension et l’impossibilité d’un retour en arrière pour son unique protagoniste, l’histoire se termine avec une petite touche de comédie des plus appréciées. Laissant le soin aux spectateurs d’en tirer sa propre morale, Zebrina. Une pièce à conviction se présente comme une magnifique occasion de renouer avec le théâtre que ce soit en salle ou chez soi. Quelle superbe façon de constater que, même avec une conception minimaliste et un auditoire réduit, une équipe d’artistes de talent peut réussir à offrir un spectacle rassembleur et à la hauteur des attentes.
10-09-2020