Du 23 au 27 février 2010, 20h
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Homo FaberHomo Faber

Mise en scène Mélanie Verville, Alexander Wilson
Avec Catherine Cédilot, Catherine Tardif, Michelle Parent, Jean-Frédéric Noël, Peter James

Dans les dédales d’une usine, s’agitent des ouvriers-automates contrôlés et conditionnés par les mécanismes de la production. Il y a le département digesto-métaphorique, l'administration du réseau spirito-neuronal, le complexe écono-conservatif, le bureau des dépenses et des excès, la machine désirante, le processeur d'oniries, le compresseur poético-sensoriel, la machine de triage sémiotique. Un mystère demeure toutefois insoluble : « mais que produit exactement cette usine? ».

Homo Faber met en jeu les mécanismes du corps et les organes de reproduction de la société. Dans une atmosphère organique et technologique, ce théâtre anatomique passe le « vivant » au bistouri. Par une traversée du corps topologique, il transgresse les frontières séparant matière et pensée, intériorité et extériorité, individu et société, réel et imaginaire. Combinant poétiques corporelles et nouveaux médias, il articule une sémantique qui implique lumière, son, corps et concepts en un seul geste continu.

Conception sonore et médiatique : Alexander Wilson
Éclairages : Émilie Bélair
Costumes et accessoires : Yannick Ross, Lise-Anne Simard
Conception des machines : André Malenfant

Carte Premières
Date Premières : toutes les représentations
Régulier 20$
Carte premières : 10$

Une production Parabolik Guérilla Théâtre

Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

par Marijo Meunier

Homo Faber, qui prend l’affiche Aux Écuries ces jours-ci, est une création de Parabolik Guérilla, dirigé par Alexandre Wilson et Mélanie Verville. Lui, est un artiste de la performance, maîtrisant la vidéo, la musique et la technologie.  Elle, met en scène, assiste, entraîne, improvise et performe. Ensemble, ils questionnent en utilisant les contraires et en brouillant les frontières.  Ils mettent en scène les corps sur des toiles de fond technologiques. Le résultat de leur création est étonnant.  Déstabilisant.

Le ton de la pièce est donné dès notre entrée en salle. Sur la scène, une femme au visage peint en gris nourrit machinalement son enfant qui lui, nous répète inlassablement de fermer notre cellulaire. Nous sommes dans l’univers monotone de l’usine, avec ses répétitions, ses rythmes saccadés et ses mouvements calculés : la pièce peut débuter. 

En philosophie, «homo faber» fait référence à l’homme en tant qu’être pouvant fabriquer des outils ou des objets artificiels.  Ici, on considère déjà l’homme comme une machine.  Ce qu’on interroge, c’est sa façon de se reproduire, de grandir, de vivre et de mourir.  Oui, dans Homo Faber on construit des êtres.  S’en suit une visite à travers les divers départements de l’usine en compagnie d’ouvriers automates.  Dans chacune des étapes de la production, on vacille entre le réel et le virtuel, la matière et la pensée, l’objectivité et la subjectivité; suffit de se référer aux noms desdits départements pour en juger.  Chose certaine, notre état de stupéfaction ne cesse de croître plus la pièce avance.  Mention spéciale au département des ressources naturelles qui, seulement avec des ballons et des «tuyaux de sécheuses», réussit à troubler l’imagerie des mots dilatation et contraction…

Dans Homo Faber, il n’y a pas place à la parole, ou presque, tout passe par l’atmosphère (incarnée par la technologie) et le mouvement (incarné par les cinq corps sur scène).  Le son occupe une place importante dans l’action et il oscille constamment entre les basses fréquences, les répétitions et les cris.  Les mouvements des acteurs sont mécaniques et détachés à la perfection, on sent à travers eux tout le malaise, la douleur et l’ironie des propos.  Les scènes auxquels ils donnent lieu en sont d’autant plus explicites et crues.  Les projections et les jeux de lumière ajoutés à tout cela font de la pièce une œuvre multidisciplinaire où la technologie et les comédiens coexistent naturellement sur scène. En une heure et demie, ce sont finalement tous nos sens qui sont sollicités : Homo Faber est une expérience théâtrale devant laquelle il est impossible de demeurer passif.  Qu’on le veuille ou non, nous sommes entrainés dans cette usine génératrice de questionnements et d’émotions qui finit par nous faire penser : «Pas si facile d’être ce que l’on est à travers ce que nous sommes».  

Si on court Aux Écuries ces jours-ci, c’est pour «vivre du théâtre», être secoué et confronté.  Spectateurs en quête d’émotions fortes : Homo Faber constitue un bon remède au confort de février.

25-02-2010

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